«Il faut demander à l’actuel Premier ministre le bilan des privatisations»



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L’ancien président du Conseil national des privatisations (CNP), Abderrahmane Mebtoul, nous livre, dans cet entretien, son avis sur l’ouverture du capital des entreprises publiques et la décision prise à ce sujet par la présidence de la République. Il revient, à cet effet, sur les années passées à la tête du CNP qui n’a, selon lui, privatisé finalement aucune unité. Quel regard portez-vous sur la décision de la présidence de la République prise par rapport à la charte PPP ? Je me félicite de la décision du président de la République d’avoir recadré les décisions relatives à la charte partenariat public-privé et notamment l’ouverture du capital des entreprises publiques, document inachevé qui mérite une reformulation dans beaucoup de domaines, devant éviter le danger du passage d’un monopole public à un monopole privé rentier beaucoup plus néfaste. L’objectif stratégique n’est pas de servir une clientèle, mais de favoriser un système concurrentiel, selon le couple efficience économique et nécessaire cohésion sociale. Aussi il ne s’agit pas d’enlever des prérogatives au Premier ministre (coordinateur), qui n’est pas un chef de gouvernement, étant dans un régime semi-présidentiel, mais de se conformer aux règles institutionnelles. Connaissant parfaitement ce dossier sensible, afin d’éviter toute confusion, selon la loi en vigueur, ce processus étant éminemment politique, toute ouverture totale ou partielle du capital relève en dernier ressort du Conseil des ministres, présidé par le président de la République, et non du Conseil des participations de l’Etat, qui n’est qu’un organe de propositions et d’exécution. Pourquoi le Conseil national des privatisations (CNP), dissous en 1998, n’a pas réussi à bien mener le processus des privatisations, comme le reconnaissent aujourd’hui les autorités publiques, sachant que ni la liste des entreprises privatisées par le passé ni le montant des transactions conclues n’ont été rendus publics ? Il faut d’abord rétablir la vérité sur cette question, car beaucoup de fausses informations ont circulé. A cette époque, il y avait un chef de gouvernement, en l’occurrence Ahmed Ouyahia, qui, selon les textes de l’époque, avait plein pouvoir de privatiser ou pas. Son objectif était de liquider des entreprises, notamment locales déficitaires. Quant à la vente partielle de certains actifs des grandes entreprises, cela ne relevait pas du Conseil, mais directement du chef du gouvernement. Le Conseil des privatisations n’avait aucun pouvoir réel, étant un organe technique qui dépendait des décisions du gouvernement. L’Exécutif de l’époque a laissé ce conseil en léthargie pendant près deux années, 1996/ mi-1997, durant lesquelles je me suis occupé à diriger un audit, à la demande des autorités du pays, sur l’optimalisation des moyens financiers de la DGSN. J’ai également donné plusieurs conférences de presse publiques pour dénoncer le blocage, en menaçant de démissionner. C’est seulement au second trimestre 1997 que le gouvernement a commencé à livrer quelques PMI-PME, dont certains hôtels, pour en faire l’évaluation, les grandes entreprises relevant exclusivement du chef du gouvernement. Durant l’année 2017, on a inventorié, selon plusieurs techniques, et en faisant appel uniquement aux bureaux d’études algériens, les unités retenues par le gouvernement pour la privatisation totale. Suite à un conseil de gouvernement, le Conseil a été autorisé à lancer un avis d’appel d’offres pour quelques petites unités. Ce qui a été fait dans la transparence totale, en présence des repreneurs potentiels, de la télévision et de la presse nationales. En septembre 1998, coïncidant avec la démission du président Liamine Zeroual, une décision politique est tombée : arrêt de cette procédure puis dissolution du Conseil des privatisations qui n’a privatisé aucune unité et, donc, il n’y a eu aucun délit d’initié. J’ai ensuite rejoint l’université d’Oran. Donc, nous n’avons aucune responsabilité, ni dans le bradage ni dans l’arrêt du processus, qui est un acte éminemment politique, puisque n’ayant rien privatisé sur ordre. Concernant la liste des entreprises privatisées par le passé, tous les documents existaient puisque les avis d’appel d’offres donnaient la fourchette exacte à cette époque. Il faut demander à l’actuel Premier ministre et à l’ex-ministre Abdelhamid Temmar qui a pris la relève. Quelles leçons tirez-vous de cette expérience ? L’expérience menée sur le terrain a montré des comptabilités défectueuses, la majorité des unités évaluées n’ayant pas de comptabilité analytique afin de cerner les coûts, d’où l’écart entre le réel et le bilan. Aussi, les délais entre le moment de sélection de l’entreprise à privatiser et les autres opérations à mener (évaluation, lancement de l’appel d’offres et délivrance du titre final) doivent être clairement datés afin de ne pas décourager tout repreneur. Outre le fait que les répartitions de compétences doivent être bien précisées, il s’agit également d’être attentif tant à la méthode que la technique de privatisation qui ne sont pas neutres mais traduisent des rapports de force au niveau de la société. Je dirai enfin que la réussite de la démonopolisation/privatisation, processus éminemment politique, implique une vision stratégique des réformes structurelles à mener, des stratégies d’adaptation du devenir de l’Algérie à l’horizon 2020/2030 face aux nouvelles mutations géostratégiques mondiales.    


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