Prix des transports

Les augmentations de la discorde



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Depuis le 10 janvier, une hausse de cinq dinars pour le transport urbain et de 10 à 15% pour l’interwilayas a été annoncée par le ministère des Transports. Des augmentations qui n’ont pas ravi les voyageurs. Reportage. Il est 10h20. A la gare routière du Caroubier, Nassim est dans la file d’attente. La queue est relativement longue devant les guichets. Il doit se rendre à Sidi Aïch. Tarif de son ticket : 410 DA. Nassim ne se rend même pas compte que les prix ont augmenté. Ce n’est qu’après réflexion qu’il s’étonne : «A la base, je payais mon ticket 370 DA, 20 DA de billet d’accès à la gare compris. Aujourd’hui, j’ai payé 40 DA de plus quand même !» Vu les va-et-vient qu’il effectue plusieurs fois par mois, Nassim estime que cette augmentation est conséquente. Mais il «n’a pas le choix, dit-il. Je travaille sur Alger et je vis à Sidi Aïch». Comme Nassim, de nombreux voyageurs n’étaient pas au courant de ces augmentations et ce n’est qu’au moment de payer leurs tickets qu’ils sont frappés par les hausses. Si certains ne s’en rendent pas compte, ne voyageant que très rarement, d’autres, plus habitués, sont en colère. «Certains s’attendaient à ces augmentations. D’autres, qui sont une majorité tout de même, se plaignent», confie le guichetier. Néanmoins, ce dernier assure qu’il n’y a pas eu de recul dans la vente des tickets. A en croire cet employé, les augmentations ne sont que minimes. A raison de 10 ou 20 DA. «Seuls les trajets vers Tizi Ouzou ont été augmentés de 50 DA», assure-t-il. Pas tout à fait Monsieur ! En effet, cela va de 40 jusqu’à 100 DA pour certains trajets, notamment les longs. «Je me rends à El Oued. J’ai payé mon ticket 100 DA plus cher. C’est abusé», se désole une personne âgée de 70 ans. «Nous n’avons plus les moyens de nous payer ne serait-ce que du pain pour toute la famille. Comment allons-nous nous en sortir avec toutes ces augmentations qui affluent de toutes parts ?» s’interroge-t-il. Un autre passager de ce bus, pas en très bonne état, se plaint également : «C’est trop ! On n’en peut plus. La vie devient de plus en plus chère. On suffoque.» Omar se rend à Béjaïa. Il a payé son billet 510 DA. Euro «A l’étranger, même les augmentations les plus minimes qui tournent autour des 10 centimes d’euro sont étudiées. On ne le fait pas en dépit du citoyen. On pense d’abord à lui. Chez nous, ils vident les caisses et c’est au citoyen de les remplir. Si seulement cette hausse était accompagnée par un service de meilleure qualité !» Belle remarque. Car en termes de rapport qualité/prix, on reste bien loin. «On paye un ticket pour aller au Sud à plus de 1200 DA mais le bus est vétuste. Pas de climatisation ni de télé pour nous divertir durant les longs trajets. Les sièges ne sont pas confortables, pour la plupart percés… Bref, le rapport qualité/prix est nul», affirme un voyageur. A côté de lui, une petite voix s’élève : «On s’y attendait tout de même. Les prix du carburant ont augmenté. Il est logique que les tarifs du transport augmentent également.» Il est vrai que depuis le 1er janvier 2018, les tarifs du carburant ont augmenté, mais la hausse la plus importante n’est que de 20 DA. Est-ce logique alors d’augmenter les tarifs du transport d’au minimum le double de l’augmentation des prix du carburant ? Le chauffeur de ce bus avance à demi-mot que l’augmentation est à la fois logique mais relativement conséquente pour le voyageur, cependant il ne veut pas en dire plus. Ce dernier essaye de se mettre dans la peau du propriétaire du bus et du passager en même temps. Il explique : «Pour le proprio du bus, cette hausse est logique, le carburant ayant augmenté. Mais si j’étais un passager, une augmentation de 40 DA minimum fait mal au portefeuille, surtout pour les familles nombreuses.» A peine descendu de ce bus, le propriétaire s’avance vers nous. Un homme dépassant les 65 ans. Il souligne : «Ne voyez pas cette augmentation d’un seul angle. Le passager n’est pas le seul à se plaindre. Etant proprio, je peux vous assurer que cette augmentation n’est que minime. Car on ne s’en sort pas également. Tout a augmenté. Le carburant, les impôts, la pièce de rechange…» Incompréhension Ce dernier assure qu’il est très souvent déficitaire. «Je ne peux pas faire autrement. Certaines journées, le bus démarre quasiment vide. Qui compense ma perte !» s’exclame-t-il. Néanmoins, ce dernier ne reste pas de marbre face aux difficultés de certains passagers. «Si quelqu’un, malade ou vraiment dans le besoin, demande à voyager gratuitement, je le laisse monter», confie-t-il. Les voyageurs se demandent la raison de l’augmentation. Samir, en voyage à Bouira, se déclare : «Je ne comprends pas pourquoi je dois payer plus cher alors qu’on emprunte la nouvelle autoroute. Le trajet est beaucoup plus court qu’avant, la consommation d’essence devrait logiquement être réduite. Pourquoi paye-t-on plus cher ?» Mohamed, un chauffeur de bus, explique : «Il faut savoir que nous avions demandé une plus grande augmentation dans les tarifs et le ministère a préféré couper la poire en deux. Par ailleurs, un trajet plus court ne veut pas forcément dire que la consommation de carburant est réduite, bien au contraire. Cela nous arrangeait plus de rouler à vitesse réduite, comme on le faisait avant l’ouverture de la nouvelle route, que maintenant à grande vitesse car on consomme plus de carburant.»  Si les prix des longs trajets ont subi une hausse conséquente, les petits trajets entre communes ne sont pas épargnés non plus. Ces augmentations pouvant aller jusqu’à 10 DA pour certains. «Je paye mon ticket plus cher de 5 DA», témoigne Meriem. «Chaque année, nous avons droit à une nouvelle hausse. Quand cela va-t-il s’arrêter ?» s’interroge-t-elle. Mustapha, un père de famille de 57 ans, se demande : «L’Algérie est un pays qui tourne au pétrole. Nous avons connu une période assez sensible avec la chute du prix du baril. Mais il a fini par augmenter à nouveau ! Pourquoi doit-on subir autant l’austérité ?» Boycott Pour les habitués des taxis, sachez qu’il n’y a pas eu d’augmentation, du moins pour le moment. «Nous avons également demandé au ministère d’élever les tarifs de nos courses. On ne peut pas le faire de notre propre chef car ils doivent apporter une modification au compteur. Malheureusement, nous n’avons pas eu de retour. Nous n’avons pas de syndicat ou un organisme qui se préoccupe de nous», déplore Mourad, chauffeur de taxi. A cet effet, un voyageur attire notre attention sur les tarifs des taxis : «On nous avance que la hausse des tarifs est due à la hausse des prix du carburant. Comment explique-t-on alors la hausse des tarifs pour les véhicules roulant au gaz ?» Jamel, chauffeur de taxi collectif, assure que les taxis n’ont pas augmenté le prix de leurs courses pour le moment. Ce dernier met en garde : «Il ne faut pas confondre entre un taxi et un clandestin.» Jamel regrette d’ailleurs la complétion «malhonnête» qui existe entre les deux parties. A la question du gasoil qui n’a pas connu de hausse, il explique : «Il ne faut pas croire que nous sommes gagnants car nous roulons au gaz. Sachez que nous avons énormément de frais ne serait-ce que pour passer de l’essence au gaz. Ensuite, s’il arrive un quelconque souci avec le moteur, la réparation coûte très chère. En plus du souci de l’espace. On ne peut pas, par exemple, transporter un voyageur qui a beaucoup de bagages car le coffre de la voiture contient les bouteilles de gaz.» Suite à l’application de la nouvelle loi de finances 2018 et l’augmentation du prix du carburant, les prix du transport ont subi une hausse sensible, plongeant les voyageurs dans une colère noire. Cependant, ces derniers n’ont pas d’autre choix. «Doit-on boycotter les transports en commun ? Peut-être devrait-on faire nos trajets à pied ?» proposent-ils.  


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