Alger ville interdite



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Alger était hier en état de siège. Les automobilistes étaient coincés une bonne partie de la journée sur des axes routiers de la capitale, à Reghaïa, Rouiba, Bab Ezzouar, Dar El Beida, Sidi Moussa, etc. Un important dispositif sécuritaire était déployé sur l’autoroute Est-Ouest et aux différentes entrées d'Alger pour empêcher la convergence vers la capitale des anciens militaires de l’ANP. Des échauffourées ont éclaté sur certains axes à Sétif, Mila, Lakhdaria (Bouira), etc. Des blessés ont été signalés parmi les ex-militaires. Le gros des protestataires venait des régions de l’Est du pays (Khenchela, Souk Ahras, Annaba, Bouira, etc.). «Nous sommes décidés plus que jamais à nous rassembler à Alger. Notre mot d’ordre : atteindre la capitale et nous y installer jusqu’à satisfaction de nos revendications. Les services de sécurité, tous corps confondus (gendarmerie, police) étaient là pour nous empêcher de marcher déjà la veille (samedi). Mais nous sommes déterminés à nous rassembler à Alger, quitte à faire tout le trajet à pied», signale un ex-militaire de Khenchela, qui n’a pas souhaité révéler son identité de crainte de représailles de son ancienne hiérarchie. Revendication primordiale des marcheurs : la libération de trois des porte-parole de la coordination des anciens militaires dont le procès ne s'est pas encore tenu, plus de quatre mois après leur interpellation. «Il y a une plateforme de revendications pour chacune des trois catégories (retraités, radiés et invalides). Mais aujourd’hui, nous avons une seule et unique préoccupation : que nos trois chefs, El Biri, Aziz et Salim soient libérés !», signale un des anciens collègues des trois militaires. La coordination des anciens militaires maintient son mouvement de protestation pour faire aboutir ses revendications socioprofessionnelles. La dernière tentative de rassemblement s’est déroulée à Blida, où la police a dispersé par la force les protestataires. «Il y a au moins 1300 radiés dans la seule wilaya de Bouira. Beaucoup de mes camarades sont atteints de maladies psychiatriques dues aux séquelles des années de terrorisme. Ils ne peuvent même pas postuler à des postes vu que leur casier judiciaire n’est pas vierge. Pourquoi le MDN les a abandonnés ?» s’interroge un ex-militaire radié originaire de Bouira. «Nos camarades qui ont tout donné pour leur pays n’ont pas de quoi vivre. Comment un invalide peut-il s’en sortir avec une pension de misère ? Il n’a même pas de quoi s’acheter des prothèses», s’offusque son camarade touché par une mine artisanale lors d’un accrochage au plus fort des années de terrorisme. Les militaires s’indignent de l’«inaction» du ministère de la Défense nationale (MDN) et menacent de tenter de marcher sur Alger. «Le MDN n’a pas satisfait nos revendications malgré des promesses. Les pourparlers n’ont pas abouti. Ce soir encore, des camarades marcheront sur Alger. Moi-même je serai sur la route à minuit», signale le militaire de Bouira, qui précise que ses camarades des wilayas du Centre se joindront à lui.  


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