«Nous ne sommes pas dans l’impasse»



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- La grève du Cnapeste se poursuit, malgré les mesures décrétées par votre département. Le secteur est dans l’impasse. Le ministère maîtrise-t-il la situation ? Nous ne sommes aucunement dans l’impasse. Nous assumons pleinement nos responsabilités, celles, en premier lieu, de préserver le droit à l’éducation de nos enfants. Notre position a été confortée par la justice, qui a statué et a qualifié d’illégal le mouvement déclenché par le syndicat que vous nommez. La règle de droit et les arrêts de justice doivent être respectés. Nous sommes d’autant plus confiants qu’il y a de plus en plus de voix qui s’élèvent contre la prise en otages des élèves, de manière récurrente et cyclique. Les analyses faites au niveau du ministère de l’Education nationale ont révélé que sur une dizaine d’années, équivalentes à la durée de vie d’une génération d’élèves, deux années d’apprentissage ont jusque-là été perdues. Il s’agit, aujourd’hui, d’arrêter une telle érosion des apprentissages. Vous n’ignorez certainement pas que le secteur a malheureusement déjà vécu ce genre de situation et a su relever le défi grâce à l’engagement de ses fonctionnaires tant au niveau local que central, et au soutien de la société qui s’est, toujours, mobilisée pour la sauvegarde de son «école». Je peux vous dire que le peuple algérien qui a longtemps été privé d’instruction, notamment durant la colonisation, sait parfaitement que sa vraie richesse c’est son instruction, c’est le savoir. Je suis convaincue que la société a compris les enjeux de cette escalade disproportionnée. D’un problème circonscrit dans deux wilayas, en l’occurrence Béjaïa et Blida, pour un conflit dont l’origine est d’ordre relationnel – je ne cite pas Tizi Ouzou, car tout est rentré dans l’ordre il y a un moment déjà –, le Cnapeste déclenche un mouvement national. Il y a lieu de s’interroger et demander pourquoi donner une dimension nationale à une situation locale, en se lançant dans une grève illimitée ? Tout ce que je peux vous dire, c’est que l’administration veillera à la préservation du service public d’éducation. Je peux vous affirmer d’ores et déjà que le taux de suivi de la grève est faible. Il était à 5,82% le 30 janvier dernier, il est aujourd’hui de 4,51%. Ceci dit, même si le taux était de 1%, cela nous interpellerait, car cela voudrait dire que quelque part il y a des élèves qui sont privés d’enseignement et cela porte atteinte au principe d’équité qui est au cœur de la politique éducative nationale. Jusque-là, 581 enseignants ont été radiés et nous sommes en train d’envoyer les deuxièmes mises en demeure au reste des enseignants qui sont en situation d’abandon de poste, après que nous leur ayons communiqué par voie d’huissier l’arrêt de justice, décrétant illégale la grève illimitée du Cnapeste. Nous mobiliserons toutes les ressources disponibles pour rattraper le retard accusé dans les enseignements. - Qu’en est-il du plan de récupération du retard dû à la grève ? Notre souci majeur dans pareille situation est la prise en charge de nos apprenants et là-dessus, je peux vous dire que toutes les mesures ont été prises tant au niveau pédagogique par l’adaptation des emplois du temps, la révision des progressions pour mieux réguler les programmes d’enseignement en fonction du temps perdu, le suivi des remplaçants dans la classe et leur accompagnement par la formation dans le cadre de regroupements, mobilisation de certains retraités, la mise à disposition de la plateforme didactique de l’Onefd qui contient un nombre considérable de cours, d’exercices, de corrigés… qu’administratif par le remplacement des grévistes à travers deux procédures : le recours à la plateforme de recrutement qui contient un vivier de candidats potentiels à l’enseignement qui, pour rappel, ont été tous admis au concours de recrutement organisé par le ministère, et la suppléance, et ce, selon les besoins. - Peut-on connaître le nombre exact des enseignants concernés par les mesures de licenciement ? Je crois avoir déjà répondu à cette question. Jusque-là, 581 enseignants ont été radiés et nous sommes en train d’envoyer les deuxièmes mises en demeure au reste des enseignants qui sont en situation d’abandon de poste, après que nous leur ayons communiqué par voie d’huissier l’arrêt de la justice, décrétant illégale la grève illimitée du Cnapeste. - Les grèves en cours ou celles annoncées signent la fin de la stabilité dans le secteur. La révision du statut semble la solution inévitable pour convaincre les syndicats à surseoir à leur mouvement. Y a-t-il du nouveau à annoncer concernant le chapitre de la révision du statut particulier ? Nous réitérons notre position en la matière : le droit à la grève est un droit constitutionnel que nous respectons et acceptons, d’autant qu’il traduit une dynamique du front social et le degré de démocratie atteint par notre pays. Néanmoins, la grève, notamment dans le secteur stratégique de l’éducation nationale, doit être l’ultime recours et ne doit pas s’inscrire dans la durée. Ce que nous dénonçons, c’est le qualificatif d’«illimité» qui ne figure nullement dans les textes législatifs et réglementaires. Aujourd’hui, grâce à la diversité du champ médiatique, l’alerte de l’opinion publique est extrêmement facilitée. Dès lors, le recours à la grève pour alerter sur des situations socioprofessionnelles est de moins en moins justifié. Nous avons déjà réussi à mobiliser la majorité des partenaires sociaux autour d’un consensus, celui d’aller vers une école de qualité dans un climat social apaisé, en parvenant à signer la charte d’éthique du secteur après des années d’instabilité chronique. Il n’y a pas de raison pour que nous ne réussissions pas encore une fois à nous entendre pour l’intérêt suprême des générations montantes. Pour notre part, nous sommes plus que jamais déterminés à y parvenir grâce à la mobilisation de tous. Pour ce qui est de la révision du statut particulier des personnels appartenant aux corps spécifiques de l’éducation, nous avons déjà pris en charge certains dysfonctionnements majeurs par le biais de dérogations que nous avons sollicitées de qui de droit. Ce qui dénote de notre volonté sincère à solutionner les problèmes chaque fois que cela est possible. Nous reconnaissons que des déséquilibres existent dans le statut. Nous l’avons dit à nos partenaires sociaux. Maintenant, nous ne voulons pas nous précipiter encore une fois et élaborer un texte qui ne soit pas très au point. C’est la raison pour laquelle nous avons installé une commission mixte MEN/partenaires sociaux à cet effet. Cette commission y travaille depuis 2 années. Les articles sont étudiés un à un. C’est un dossier complexe qui exige de la rigueur, du temps et de la vigilance, pour ne pas refaire les erreurs de 2012. Il y a une hiérarchisation de corps à respecter. Il s’agit d’une question qui ne saurait être traitée dans la précipitation et l’improvisation face à l’urgence et aux agendas des uns et des autres. L’étude du dossier est toujours en cours au niveau de la commission mixte MEN/partenaires sociaux. - Les préoccupations socioprofessionnelles des fonctionnaires du secteur qui ressurgissent dans un contexte de crise économique et financière risquent de retarder encore votre démarche dans la quête de la qualité. Qu’en pensez-vous ? Il nous faut encore déployer des efforts pour impliquer toutes les parties et l’ensemble de la communauté éducative dans la dynamique de changement enclenchée dans le secteur et nous sommes très optimistes au regard de la mobilisation et de l’engagement dont font montre nos équipes aussi bien au niveau local que central pour mener à bien le programme ambitieux que nous nous sommes tracé pour aller vers une école de qualité. - Nouria Benghabrit résiste-t-elle comme au début de son installation à la tête du secteur ? Oui, totalement. Mes rencontres avec la communauté éducative donnent toujours plus de légitimité à cette résistance. L’engagement et la mobilisation que me témoignent mes équipes aussi bien au niveau local que central, l’accueil qui m’est réservé lors de mes visites dans les différentes wilayas du pays, les réactions des internautes, et bien évidemment la confiance placée en moi par ceux qui m’ont proposée et désignée à ce poste me procurent davantage de détermination et de confiance à poursuivre la mission qui m’a été assignée. Notre responsabilité est grande, nous n’avons pas le droit de compromettre l’avenir des générations montantes, les femmes et les hommes de demain. - Vous avez reçu, le 13 février, l’imam Ali Aya et l’avocat Me Bitam. A quoi cela répond ? La rencontre répond à la demande faite par des personnalités religieuses et juridiques en vue de s’informer de la situation prévalant au niveau de l’éducation nationale, avec la grève «illimitée» déclenchée par le Cnapeste. Ils se sont, effectivement, proposés en médiateurs. Ma réponse a été claire : la justice a déjà tranché. Je les ai remerciés tout en rappelant que nous tous devions nous conformer aux décisions de la justice, surtout quand elles touchent à un secteur aussi vital que celui de l’Education nationale. Nous avons, également, signalé que nous avons reçu plusieurs personnalités depuis une dizaine de jours : des chefs de groupes parlementaires, présidents d’APW… et nos partenaires sociaux. J’ai, par ailleurs, précisé que je suis toute disposée à recevoir les représentants du Cnapeste dès la cessation de leur grève «illégale», comme je le fais pour tous les autres syndicats. A ce propos, je tiens à vous informer que ce mardi même, j’ai encore une fois reçu les partenaires sociaux du secteur : syndicats et organisations des parents d’élèves, signataires de la charte d’éthique du secteur de l’éducation. Les portes du dialogue ont toujours été ouvertes et le resteront. C’est une vérité aujourd’hui connue de tous.       


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