6000 Palestiniens vivent en Algérie

Les réalités de «la seconde patrie»



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6000 Palestiniens environ sont recensés dans notre pays selon la Ligue de la communauté palestinienne en Algérie. Ils sont le ciment humain qui rattache l’Algérie à la Palestine. Si le soutien indéfectible de notre pays à la cause palestinienne n’est plus à démontrer, en revanche il y a encore des efforts à faire, particulièrement sur le plan administratif (carte de résident, permis de travail, visa…), pour faciliter la vie à nos frères palestiniens. Témoignages de Merouane, Ali et Tayssir… Selon Hamza Altirawé, président de la Ligue de la communauté palestinienne en Algérie (Rabitate al Djaliya al Falastiniya), il y a approximativement 6000 Palestiniens qui vivent actuellement dans notre pays. «Ce chiffre inclut ceux qui ont pris la nationalité algérienne», précise-t-il avant d’ajouter : «Sur les 6000 Palestiniens recensés, il y a environ 1500 étudiants. 3000 Palestiniens sont là depuis longtemps. Ce sont principalement d’anciens instituteurs, des enseignants à la retraite. Il y a aussi nombre de cadres politiques et militaires, de militants, qui sont restés ici. Ils sont arrivés après 1982», détaille Hamza Altirawé (voir interview, 2e partie). Notons que parmi ces 6000 ressortissants, il y a 1500 étudiants palestiniens qui poursuivent leur cursus dans les universités algériennes. Notre interlocuteur souligne que le nombre des Palestiniens est relativement faible, comparé aux années précédentes, en indiquant que beaucoup de ses compatriotes sont rentrés après les Accords d’Oslo et la naissance de l’Autorité palestinienne. «On fait partie des réfugiés de 1948» Merouane Abed a 52 ans mais il fait moins que son âge, avec son air jovial et son esprit taquin. Barbe grisonnante et sourire béat imprimé sur son visage poupard, les joues rosies par le froid, il faut reconnaître que notre homme est un bon communicant. Il a parfaitement la tête de l’emploi, lui qui est responsable des relations extérieures au bureau du Fatah à Alger. Nous avons rencontré Merouane à l’occasion d’un rassemblement anti-Trump organisé à la mi-décembre 2017 au siège de l’ambassade de Palestine à Dély Ibrahim. Il avait alors posté sur sa page Facebook ce message déroutant : «Chokrane Trump !» (Merci, Trump !) Des remerciements à prendre au second degré bien sûr. Pour lui, la décision du président américain de transférer le siège de l’ambassade américaine à Al Qods a au moins eu le mérite de raviver la mobilisation autour de la question palestinienne. Merouane est arrivé en Algérie au début des années 1980. «J’ai débarqué précisément le 23 novembre 1983», se souvient-il avec exactitude. Le cadre du Fatah s’exprime en derja algérienne impeccable sur fond d’accent oriental. «J’avais à l’époque 17 ans et demi. En ce temps-là, nous vivions en Egypte, confie-t-il. J’ai passé mon bac là-bas. Quand je l’ai obtenu, les autorités égyptiennes ont signifié à mon père qu’il fallait payer nos études universitaires, et en devises s’il vous plaît, comme tous les étrangers ! On devait payer 1000 livres sterling par an. Il lui était impossible de s’acquitter d’une telle somme, d’autant plus que nous étions 5 frères et sœurs, tous admis à poursuivre des études universitaires. Cela voulait dire qu’il fallait payer 5000 livres sterling au total alors que mon père gagnait moins de 100 livres par mois. En plus, il touchait son salaire en livre égyptienne. Il faisait partie de la Brigade Aïn Djalout (une brigade de l’Armée de libération de la Palestine (ALP) qui était stationnée en Egypte, Ndlr). Quand il a appris qu’il y avait des bourses d’étude en Algérie, il n’a pas hésité à m’envoyer ici.» Merouane n’est pas né en Egypte mais «dans un camp de réfugiés palestiniens à Ghaza qui s’appelle Moukhayyam El Maghazi». «Nous, on fait partie des réfugiés de 1948. J’ai deux frères et une sœur nés dans la région de 1948, tandis que trois autres membres de la fratrie sont nés dans les zones de 1967. Quand il y a eu le massacre de Bayt-Daras, ma famille s’est enfuie et s’est réfugiée dans les zones de 1967. La terre de mes aïeux a été confisquée pour l’aménagement d’un aéroport israélien», se désole Merouane. Et de poursuivre : «Donc, moi je suis venu en Algérie après avoir bénéficié d’une bourse. J’ai fait des études d’ingénieur en génie civil à Oran. A l’époque, on touchait 2700 DA par trimestre. Je logeais à la cité universitaire Zeddour Brahim Belkacem. Il y avait Rachid Malaoui (Snapap) dans la même cité que moi. J’ai été obligé de suspendre mes études pendant deux ans pour apprendre la langue française.» Concernant ses activités militantes, Merouane ne les a pas interrompues en venant étudier en Algérie, loin de là : «Depuis le début, j’étais militant du Fatah. A à la base, j’étais envoyé par le Fatah. L’Algérie attribuait au minimum 300 bourses aux étudiants palestiniens», dit-il. Elément très actif, Merouane s’est beaucoup investi dans les milieux étudiants : «J’étais président de l’Union des étudiants palestiniens basée à Gabès (Tunisie). Donc, je faisais des allers-retours entre l’Algérie et la Tunisie. D’ailleurs, c’est comme ça que j’ai connu Abdelaziz Belaïd quand il était à la tête de l’UNEA. Je l’ai rencontré à Gabès», relate-t-il. «Game of Trump» Merouane a passé une vingtaine d’années à Oran. C’est là qu’il a rencontré sa future épouse, une Algérienne, alors étudiante à USTO, spécialité hydraulique. Ils sont parents d’une fille âgée de 15 ans. «Depuis quatre ans, je suis établi à Alger», précise Merouane. D’après lui, il y a une foultitude d’organisations palestiniennes qui sont actives dans notre pays : «Toutes les unions palestiniennes sont représentées en Algérie : celle des étudiants, des médecins, des juristes, des ingénieurs…Tous travaillent en bonne intelligence avec leurs homologues parmi les organisations et les syndicats algériens», se félicite-t-il. S’agissant du Fatah, il assure : «Nous avons toutes les facilitations pour l’accomplissement de notre mission. Le mouvement Fatah travaille de façon tout à fait normale et mène toutes ses activités dans de bonnes conditions». Et d’expliquer : «En Algérie, nous faisons un travail de mobilisation et de réflexion. Nous œuvrons aussi pour la formation des cadres palestiniens. Nous veillons également à la préservation et à la célébration des traditions palestiniennes, de la culture palestinienne. Nous nous attachons à renforcer les liens avec le peuple algérien. La cause palestinienne est un combat de longue haleine. Nous avons besoin de développer des stratégies communes.» On aurait tort, selon lui, de répondre à la foucade de Trump avec des actions d’éclat, aussi éphémères qu’inefficaces. «Nous devons inscrire notre action dans la durée car c’est une cause éternelle», préconise-t-il. «Trump a pris sa décision sur la base d’une étude minutieuse selon laquelle cette nation (arabe) est une nation molle, incapable de résolutions fortes et décisives, et nous disons à Trump merci, tu as titillé notre ego et tu as provoqué en nous un sursaut d’orgueil à l’endroit de notre cause centrale qui est la cause palestinienne. Nous disons à Trump merci, merci, merci, tu as revivifié en nous un élan mobilisateur et tu as ouvert une porte de l’enfer dont les flammes vont te sauter à la figure. L’une de nos armes est le boycott économique. Nous devons nous tourner vers nos terres bénies et cesser d’importer le blé américain. On ne doit plus acheter d’armement américain. Trump doit payer économiquement, et nous devons travailler dans cette perspective jusqu’à l’effondrement de l’économie américaine si nous voulons provoquer une intifada du peuple américain contre Trump.» «On traite le Palestinien comme n’importe quel étranger» Interrogé sur la situation des Palestiniens en Algérie, il déplore les restrictions qui leur sont imposées, notamment en matière d’emploi : «Le problème principal, c’est le permis de travail. On nous dit : le code du travail exige la possession d’un permis de travail. Il y a plusieurs ingénieurs palestiniens qui ne peuvent pas rentrer en Palestine, et malgré cela, ils n’ont pas obtenu d’autorisation de travail. On traite le Palestinien comme n’importe quel étranger. S’il y a des frères au sein des administrations qui ont mal interprété la loi, nous souhaitons qu’ils se ressaisissent et prennent en considération cette réalité», exhorte-t-il. Merouane a été lui-même confronté à ces entraves administratives. Il témoigne : «Quand j’ai obtenu mon diplôme d’ingénieur, je voulais postuler à un travail en déposant une demande auprès de l’ANEM. On m’a signifié : ‘‘adjanib’’ (étrangers). Un mot qui lui a fait très mal. Pourtant, j’ai vécu la décennie noire, j’ai échappé de justesse à un attentat terroriste. C’était en 1998, à Sidi Khettab, près de Relizane.» Merouane le répète avec insistance : «Le permis de travail est un vrai problème. Il n’y a pas de régime spécifique pour les Palestiniens. Avant, il y avait des exceptions pour nous dans toutes les lois. Il y avait nous et le Sahara occidental. Quand la loi était émise, elle ne s’appliquait pas aux Palestiniens. Aujourd’hui, les choses ont changé», affirme-t-il. «On sait qu’il y a des problèmes en Algérie, on sait qu’il y a le chômage, mais en même temps, il y a une réalité palestinienne dont il faut tenir compte», plaide Merouane Abed. «J’ai été arrêté lors de la 1re Intifadha» Ali Abou Hilal, lui, vit en Algérie depuis 27 ans. Il est membre du bureau du FPLP (Front populaire de libération de la Palestine) à Alger qui est situé rue Didouche Mourad, non loin des «Ateliers Sauvages» de Wassyla Tamzali. Ali habite à Aïn Naâdja. «Je vis dans le même appartement depuis que je suis arrivé en Algérie», confie-t-il. Le logement en question est un bien du FPLP, Ali étant un cadre permanent du parti et l’un de ses responsables politiques les plus en vue. Il s’occupe principalement de la jeunesse et des étudiants. Tous les biens immobiliers du parti du défunt Georges Habache à Alger «ont été mis gracieusement à notre disposition par l’Etat algérien», précise notre ami. C’est l’une des facettes du soutien de l’Algérie à la cause palestinienne. Moustache fine, silhouette frêle, voix douce, Ali est la discrétion même. Pourtant, son parcours est des plus trépidants. Un cheminement militant au long cours qui remonte jusqu’à la première Intifadha. «Je suis né à Ghaza en 1964», dit-il. Bientôt 54 ans donc, dont la moitié passés en Algérie. «Je suis toutefois originaire d’un village de 1948 du nom de Bachit. Malheureusement, il a été rasé par les Israéliens.» «Mon père l’a planté dans mon cœur, et, à mon tour, je l’ai planté dans le cœur de mes enfants», se console-t-il. «J’ai débarqué en Algérie en 1984 dans le cadre d’une promotion d’étudiants envoyés par l’OLP. Je me suis inscrit en sciences économiques à l’université de Hasnaoua, à Tizi Ouzou», indique Ali. Son cursus se trouvera brutalement interrompu, et pour cause : de retour à Ghaza après deux ans d’études pour rendre visite à sa famille, il est aussitôt arrêté pour ses activités militantes et écope de six mois de prison. Lorsque la 1re Intifadha éclate (le 8 décembre 1987), il est aux avant-postes du soulèvement. «L’Intifadha est partie du camp de Djabaliya, à Ghaza, avant d’embraser toute la Palestine», se remémore-t-il. C’était l’épopée héroïque de «Atfal el hidjara», (Les enfants des pierres). Pour lui, l’Intifadha est le produit d’une lame de fond qui travaillait au corps le peuple palestinien depuis les débuts de l’occupation israélienne. «C’est le prolongement naturel de tous les mouvements antérieurs. C’est le fruit d’une pensée nationaliste populaire révolutionnaire», analyse-t-il. Selon lui, «les militants sortis de prison ont joué un rôle décisif dans l’encadrement et l’orientation de ce large mouvement. L’Intifadha ne pouvait pas s’installer dans la durée si elle n’était pas structurée», insiste Ali Abou Hilal. Alors jeune émeutier, il n’a pas échappé à la terrible machine de répression israélienne qui s’abattait sur les Palestiniens au plus fort de l’insurrection. «J’ai été arrêté une fois, durant cette période. Après ça, j’étais recherché, je vivais dans la clandestinité. J’étais obligé de quitter Ghaza. C’était en 1989. J’ai dû aller chercher refuge en Egypte. Mais dès que je suis arrivé là-bas, j’ai été arrêté par les autorités égyptiennes. Je suis resté un an en prison. Ensuite, j’ai été exfiltré vers la Libye, de là j’ai gagné la Syrie où se trouvait la direction du FPLP.» Ali avait le choix entre rester au QG du parti à Damas ou bien rejoindre le bureau d’Alger qui lui tendait les bras. «J’ai choisi d’intégrer le bureau du FPLP à Alger. Le fait d’avoir entamé mes études supérieures en Algérie m’avait permis de me faire une idée de la vie, ici. Je m’étais d’emblée attaché à ce pays», argue-t-il, avant de faire remarquer : «L’Algérie est le seul pays où tu vois une telle ferveur dans le soutien à la Palestine. C’est le seul pays arabe où l’on trouve une convergence totale entre la position officielle et le sentiment populaire vis-à-vis de la question palestinienne.» Une carte de séjour de 2 ans malgré 27 ans de résidence Ali est revenu donc en Algérie en octobre 1990, «peu avant la guerre du Golfe». «Tous mes enfants sont nés en Algérie», clame notre ami. Ali est père de quatre enfants. «Quand on appelle en Palestine, nos proches là-bas ont du mal parfois à comprendre ce qu’ils disent parce qu’ils sont fortement imprégnés du parler algérien. Moi-même, je me sens plus algérien. D’ailleurs, j’ai plus d’amis algériens que palestiniens», sourit-il. Malgré son profond enracinement au sein de la société algérienne, Ali ne dispose toujours pas d’une carte de résident lui permettant de vivre sereinement dans son pays d’adoption. «J’ai une simple carte de séjour que je suis tenu de renouveler tous les deux ans», affirme-t-il avant d’ajouter : «Cela ne te met pas à l’aise, tu ne te sens pas chez toi à 100%.» Pourtant, l’article 16 de la loi 08-11 du 25 juin 2008 relative aux conditions d’entrée, de séjour et de circulation des étrangers en Algérie dit clairement : «Une carte de résident d’une validité de dix (10) ans peut être délivrée à un ressortissant étranger qui a résidé en Algérie d’une façon continue et légale pendant une durée de sept (7) ans ou plus, ainsi qu’à ses enfants vivant avec lui et ayant atteint l’âge de dix-huit (18) ans». Lui n’a étrangement pas bénéficié de cette disposition, sans raison apparente. «Mes enfants n’ont pas la nationalité algérienne», précise encore Ali. Pour ce qui est du visa qui est imposé aux Palestiniens désirant entrer en Algérie, le cadre FPLP relativise : «Il n’existe aucune espèce de restriction sur l’octroi du visa aux Palestiniens. Ce sont juste les mécanismes de délivrance du visa qui ont changé. Avant, la procédure prenait une semaine, aujourd’hui, ça peut prendre un mois ou deux en raison des impératifs sécuritaires. Et c’est tout à fait compréhensible. L’Algérie est un pays ciblé, c’est normal qu’elle veuille se protéger. Il y a beaucoup de Palestiniens qui viennent de la diaspora (chatate). Parmi eux, certains viennent de Syrie, d’autres d’Irak, d’autres d’Egypte ou de Libye… Ce sont autant de zones de tension. C’est ce qui a rendu la procédure plus longue en raison des enquêtes de sécurité», explique-t-il. «On entend parler de groupes affiliés à des organisations islamistes, à des groupes daechiens…, c’est tout à fait légitime de vouloir se prémunir contre ces risques. Ces mesures relèvent de la protection du pays contre ces menaces, surtout que l’Algérie a connu la décennie noire.» «Le citoyen palestinien a besoin de concret» Ali Abou Hilal estime que les facilités administratives qui pourraient être accordées aux Palestiniens installés en Algérie, en particulier en matière d’accès au marché du travail, sont la meilleure façon de soutenir le combat du peuple palestinien. Ali révèle que «le chômage en Palestine bat son plein, tout spécialement le chômage des diplômés qui est de 25% à Al Qods et de 70% à Ghaza. L’Algérie peut aider à soutenir économiquement les familles palestiniennes en offrant des contrats de travail aux diplômés palestiniens. C’est une aide précieuse dans la mesure où cela permettra à nos familles de l’intérieur de renforcer leurs moyens de subsistance et de résistance à l’occupation sioniste. Tout primordial qu’il est, le soutien diplomatique ne touche pas directement le citoyen palestinien. Ce dernier a besoin de concret, quelque chose qui le touche dans sa vie quotidienne. Et sans le soutien intérieur et extérieur, il ne peut supporter le poids de l’occupation. Il y avait des milliers de Palestiniens qui travaillaient dans les pays du Golfe, et qui soutenaient économiquement les familles de Ghaza et des autres territoires au moment où les chefs de famille étaient en prison ou bien ont perdu leur emploi pendant l’Intifadha.» Ali est convaincu que «l’Algérie pourrait tirer profit de leurs compétences», en parlant des diplômés palestiniens formés dans les universités algériennes. Comme aux premières années de l’indépendance, le secteur de l’Education nationale pourrait, recommande-t-il, recruter des profs palestiniens. «Avant, il y avait beaucoup d’instituteurs palestiniens qui enseignaient ici, surtout dans les régions reculées», dit-il. «Beaucoup d’entre eux sont rentrés au pays après les Accords d’Oslo. Certains parmi eux continuent à percevoir leur retraite en Algérie. Ils viennent la récupérer avec émotion de leur compte CCP. C’est un lien physique qui est très emblématique de la force du lien entre l’Algérie et la Palestine», souligne Ali Abou Hilal. D’Al Khalil à Mostaganem Tayssir Ikhlaoui est né en 1994 à Al Khalil, en Palestine, sur la rive ouest du Jourdain. Il est en Algérie depuis un peu plus de quatre ans. Il prépare un master en droit à l’université de Mostaganem. On le voit d’ailleurs hissé sur les épaules de ses camarades lors d’un rassemblement organisé dans le campus pour dénoncer la décision de Trump, et dont il a laissé un souvenir sur sa page Facebook avec ces mots : «Nos gosiers continueront à s’écrier : Al Qods est à nous et nous y reviendrons». Joint par téléphone, Tayssir nous confie : «Je suis arrivé en Algérie en octobre 2013. J’ai une licence en droit pénal et je prépare un master en droit privé.» D’emblée il rend hommage à l’Algérie «qui accueille chaque année 200 à 300 étudiants palestiniens». «Cette année, nous avons la première promotion de rang doctoral», croit-il savoir. Selon Hamza Altirawé, il a été enregistré pour cette année universitaire 440 étudiants palestiniens, auxquels devraient s’ajouter 60 autres étudiants qui devaient arriver en décembre dernier de Ghaza, soit 500 étudiants au total. «Nous sommes sélectionnés et ventilés en fonction de nos notes et des places pédagogiques disponibles», explique Tayssir. «J’ai été choisi sur la base de ma moyenne et de mes notes obtenues au bac.» L’étudiant palestinien nous confie qu’il avait une large palette de choix à l’obtention de son baccalauréat : «J’avais le choix entre plusieurs pays, outre l’Algérie : Russie, Ukraine, Tunisie, Maroc, Egypte, Jordanie, Brésil, Cuba… J’ai choisi l’Algérie expressément pour la nature des relations entre nos deux peuples. C’est quelque chose de très fort et de très particulier», argue-t-il. Visiblement, notre jeune juriste ne regrette pas sa destination : «Tout se passe très bien ici, al hamdou lillah. Je loue un logement avec deux autres étudiants palestiniens. Nous avons tout ce qu’il faut, nous jouissons des mêmes droits que les étudiants algériens : sécurité sociale, carte Chifa, transport, restauration, et une bourse trimestrielle de 4000 DA.» «On ne cherche pas de pays de rechange» Tayssir indique qu’il y a environ une quinzaine de Palestiniens à Mostaganem. «J’avais des cousins à Batna, à Chlef, M’sila, Skikda… Ils ont fini leurs études et sont rentrés. Vous savez, la Palestine, c’est des tribus, comme ici, donc j’ai pas mal de cousins en Algérie», atteste-t-il. «Mon père travaille dans le bâtiment. J’ai quatre frères et trois sœurs, je suis en contact avec eux par internet. Je me suis rendu pour la dernière fois en Palestine cet été. C’est toujours compliqué pour nous de nous déplacer. Quand tu vas de Jordanie en Palestine, tu dois affronter les check-points israéliens. J’ai été soumis à des interrogatoires très poussés en raison de mon activisme», témoigne Tayssir, avant de lancer : «La situation au pays est très difficile. Seuls 20% des diplômés hors de Palestine arrivent à trouver du travail. Ça va être difficile pour moi si je rentre là-bas.» C’est ici, en Algérie, que Tayssir a rencontré sa fiancée, Sarah, une Palestinienne aussi. Il a peur de devoir quitter le pays sitôt ses études terminées. Dans le cas contraire, sa situation, craint-il, risque de devenir compliquée. «Ma fiancée vit à Alger. Son père a été exilé de force de Palestine, donc elle ne peut pas rentrer. Moi, je veux bien rester en Algérie après mes études, mais nous sommes soumis aux lois qui régissent le séjour des étrangers. De fait, on est traités comme des étrangers. Dès que nous finirons nos études, nous serons obligés de quitter l’Algérie.» Tayssir précise qu’il n’a nullement l’intention de brader sa patrie ou sa cause : «Je ne demande pas la nationalité algérienne, cela voudrait dire que tu renonces à la Palestine. On ne cherche pas de ‘‘watan badil’’ (pays de rechange). Mais du moment que ma fiancée est ici et qu’elle ne peut pas rentrer en Palestine, je suis obligé de rester», soupire-t-il. Ces mots postés par son amie sur sa page Facebook, en hommage à Abou Ammar, résument admirablement leur état d’esprit : «Yasser Arafat était un peuple dans un homme/ Etait une cause enveloppée d’un keffieh/ Etait une révolution dans une vareuse militaire/ Nous ne pouvons le récupérer sauf si nous récupérons la patrie.»     Retrouvez la suite du dossier dans l’édition de demain


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