«Le système n’est pas réformable»



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La secrétaire générale du PT souligne les contradictions au sommet de l’appareil exécutif qui sont symptomatiques de la crise du système. Les déclarations contradictoires sur les subventions en disent long, selon elle, sur le dérèglement du système politique. Elle se demande si c’est le ministre des Finances qui gouverne en Algérie ! La secrétaire générale du Parti des travailleurs, Louisa Hanoune, juge les décisions prises lors du Conseil des ministres insuffisantes pour redresser la situation du pays et mettre fin aux dérives qui menacent la pérennité de l’Etat. S’exprimant hier à l’ouverture de la première session de la réunion de la coordination nationale de l`Organisation des jeunes pour la révolution (OJR) à Zéralda, la pasionaria du PT décrit ainsi un pays au bord de l’explosion et un Etat sans boussole qui navigue à vue. Tout en relevant, avec satisfaction, la volonté du chef de l’Etat de consolider l’identité en officialisant la consécration de Yennayer comme fête nationale, Louisa Hanoune critique les mesures relatives au contrôle des finances publiques, notamment à travers les lois de règlement budgétaire et la Cour des comptes. Elle estime que les rapports de la Cour des comptes, qui sont de qualité, doivent être suivis de décisions, reprochant ainsi au président Bouteflika, sans le citer, son «inertie». Car, les rapports de la Cour des comptes sont exclusivement remis au chef de l’Etat, qui est également le premier magistrat du pays. «Il faut que les rapports de la Cour des comptes soient suivis de décisions. Les crédits dits à l’investissement 2018 oscillent entre 8000 et 10 000 milliards de dinars. Qui contrôle l’argent de l’Etat, qui contrôle la gestion des biens de la collective nationale, des deniers publics ? Est-ce concevable d’attendre jusqu’à 2022 pour arrêter la prédation des biens publics ?» a-t-elle relevé avec consternation, en rappelant que la loi sanctionne l’évasion fiscale et saisit les biens mal acquis. Crise morale grave La première responsable du PT, qui continue de dénoncer la politique d’austérité imposée aux Algériens, se demande «pourquoi le Conseil des ministres ne traite pas des questions essentielles comme celle de la corruption, la prédation, l’évasion fiscale et le détournement des deniers publics». «De plus, la Constitution énonce la criminalisation de la fraude fiscale et la confiscation des fortunes mal acquises. Pourquoi ces dispositions ne sont pas appliquées par le gouvernement et le Conseil des ministres ne les aborde pas, alors qu’elles font partie de la solution à la crise financière et à la crise morale très grave ?» a-t-elle poursuivi, jugeant ainsi les décisions du chef de l’Etat, annoncées en Conseil des ministres, comme en deçà des défis du moment. «En vérité, par-delà les intentions de ces mesures (du Conseil des ministres), parce qu’elles sont différées jusqu’à 2022, elles sont insuffisantes, très partielles et très en deçà des enjeux du moment qui exigent des mesures très audacieuses pour freiner la décomposition politique et sociale et stopper la marche vers le chaos», a-t-elle soutenu. La responsable du PT considère que ce sont les politiques antisociales et antinationales des gouvernements successifs depuis 2015 qui ont provoqué la colère sociale de ces derniers mois. Cette colère est, pour elle, le produit des années d’austérité qui asphyxie la majorité des Algériens, lesquels voient leur pouvoir d’achat érodé et les perspectives d’emploi pour les jeunes totalement bouchées. Louisa Hanoune alerte dans ce contexte sur ce qui se passe au Sud et la colère des Touareg, justifiée par le retard en matière de développement socioéconomique et même culturel dont souffrent les régions de l’extrême Sud. Il y a des «dérives» et des «positions radicales», prévisibles. Selon elle, les ministres, même disposés à satisfaire les revendications des travailleurs de leurs secteurs, se trouvent confrontés aux dispositions de la loi de finances 2018 qui ne leur laissent aucune marge de manœuvre financière. La pasionaria du PT appelle dans ce sillage à une loi de finances complémentaire pour redresser le pays sur le plan social et pour pouvoir faire la promotion de tamazight. Elle se félicite par ailleurs de la décision du président Bouteflika encadrant le partenariat public-privé, qu’elle considère comme «une privatisation déguisée au profit du privé national». Les facteurs du désordre Aussi, Louisa Hanoune appelle au retrait du projet de loi sur la santé ainsi que celui relatif au code du travail, qu’elle qualifie de «dangereux» pour le pays. «Le projet de loi sur la santé, en débat au sein de la commission de la santé à l’APN, est obscurantiste et scandaleux. Il hypothèque l’un des plus importants acquis de l’indépendance, à savoir l’accès aux soins», a-t-elle dénoncé. Idem pour le projet du nouveau code du travail qu’elle dit être «moyenâgeux» et qui «va renvoyer les travailleurs à l’époque esclavagiste». Cette voie de «réforme» est inacceptable, a-t-elle souligné, estimant que «ces deux projets doivent être retirés, car ils sont anticonstitutionnels». «Ils sont un facteur de désordre. Nous nous adressons au président de la République pour retirer ces deux projets pour ne pas être le responsable de la destruction des acquis les plus importants depuis l’indépendance», a-t-elle ajouté, tout en appelant le chef de l’Etat à intervenir pour faire cesser le harcèlement des syndicats et l'atteinte à leurs droits constitutionnels. Louisa Hanoune dénonce également la directive de la Banque centrale d’Algérie aux banques de ne plus demander l’origine des fonds, au moment où l’on renforce le contrôle sur les dépôts bancaires dans d’autres pays. Pour elle, c’est une fuite en avant. «Quelle est donc cette dualité dans la politique du gouvernement, qui expose le pays aux pressions étrangères, parce que cette politique permet de blanchir l’argent sale, celui de la drogue, du terrorisme, des armes, de la traite des personnes et du crime organisé», se demande la première responsable du PT. Elle enchaîne en se posant la question : «Est-ce que c’est cela l’Algérie qui devient une place financière internationale tel qu’annoncé à la veille de la discussion de la loi de finances ?» Pour Louisa Hanoune, «c’est une politique sans boussole, une politique aventurière». Les contradictions au sommet de l’appareil exécutif sont symptomatiques de la crise du système, comme la levée des subventions. Les déclarations contradictoires sur les subventions en disent long, selon elle, sur le dérèglement du système politique. «Le ministre des Finances annonce la fin des subventions en 2019. Le Premier ministre dément. Quelques jours plus tard, le ministre des Finances récidive. Qui gouverne ? Est-ce le ministre des Finances qui décide en Algérie ?» se demande Mme Hanoune, qui assure que «ces contradictions donnent une étrange image de notre pays et renseigne sur la profondeur du mal». Louisa Hanoune fait ainsi état de sa conclusion selon laquelle le système n’est plus réformable. Et donc, il doit être changé non pas par le haut mais en redonnant la parole au peuple. «C’est une preuve encore pour nous que le système en place est à bout de souffle et ne peut pas être réformé, parce qu’il est gangrené. Toutes les tentatives de corriger les dérives butent contre la nature des institutions», a-t-elle conclu. Pour la pérennité de l’Etat, Louisa Hanoune assure que son parti est totalement mobilisé. «Pour préserver l’Etat et la nation, 2018 est pour nous l’année de la mobilisation citoyenne, la résistance et le combat», a-t-elle affirmé, précisant que la campagne pour la collecte de signatures pour une assemblée constituante se poursuit.


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