Meriem Hadjab, la résidente-résistante



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C’était une voix. Elle est devenue une image. Une icône. Filmée par ses collègues, le Dr Meriem Hadjab, déléguée du Collectif algérien des médecins résidents (Camra), crie de douleur. Embarquée avec ses camarades dans un fourgon de police, après la dispersion d’un rassemblement des résidents devant la faculté de médecine de Ziania à Ben Aknoun (Alger), elle n’a pas pu se faire soigner après avoir été grièvement blessée à la main. Sa collègue suppliera les policiers, impassibles, de transférer la blessée aux urgences. La déléguée du Camra a vécu un calvaire, le lundi 19 mars, jour de la Victoire, devant sa faculté. Isolée derrière un fourgon, elle résiste à la policière venue lui exiger ses papiers. Devant son refus, les policiers décident de l’embarquer violemment dans un fourgon. «On m’a violemment embarquée par les bras et les jambes dans le fourgon de la police, ce qui m’a causé une blessure à la main», raconte la déléguée qui s’est retrouvée avec quatre autres de ses confrères dans un fourgon de police. Direction, les commissariats de la périphérie d’Alger. A Draria, il était impossible de la garder avec ses camarades «vu qu’il y avait trop de résidents». Souffrant d’une contorsion à la main, Meriem, regroupée avec ses camarades dans un commissariat de Kheraissia, n’a pas pu entrer en contact avec sa famille, mais un officier de police lui a tout de même donné de la Betadine et des compresses pour soigner sa blessure. Libérée, la résidente publie un court texte où elle raconte sa journée. Avant d’aller à la faculté, elle affirme avoir écouté à la radio une chanson de Warda : Aïd El Karama. Les mots insufflent, souligne-t-elle, de l’espoir et de la fière. Mais la jeune femme, à la jolie figure poupine, déchantera vite «face à la réalité» et la charge policière. «J’étais violentée et humiliée sans motif légal et j’étais jetée comme un sac dans un fourgon de police (…). Ce n’est pas la blessure qui m’a fait pleurer, mais le sentiment que mon pays m’a trahie le jour de la Fête de la victoire. J’ai pleuré avec douleur, comme nous pleurons la trahison d’une chère personne. Tout ce à quoi j’ai cru n’était que mirage», écrit-elle amèrement. L’émotion suscitée par la vidéo et le texte de la déléguée est générale. Journaliste au quotidien El Khabar, Mohamed Sidoummou appelle à «retenir le nom» de Meriem Hadjab. «Nous sommes devant le projet d’un leader politique, syndical en devenir. Nous sommes devant le projet honorable pour les femmes algériennes, comparable à celui des héroïnes de la guerre. La jeune et élégante porte-parole nous apprend le sens du militantisme et de l’abnégation et le refus de l’injustice», écrit le journaliste sur sa page Facebook. Agée d’à peine 27 ans, le Dr Hadjab, en deuxième année de radiologie au CHU Issad Hassani de Beni Messous (Alger), s’était engagée dans le premier collectif qui a réuni, début septembre 2017, des résidents des CHU d’Alger, précise à El Watan le porte-parole du Camra, Mohamed Taileb. Composé d’abord de six représentants, dont Meriem, le groupe s’est élargi à de nouveaux adhérents des 11 CHU du pays, jusqu’à constituer, quelque mois après, un puissant mouvement. Déléguée durant les nombreuses négociations «ratées» avec les deux tutelles des résidents (Enseignement supérieur et Santé), Meriem est chargée des délicates questions juridiques, en coordination avec un collectif d’avocats constitué pour le suivi des plaintes déposées par ses confrères. Le travail effectué par cette jeune fille, au regard décidé d’une résistante antique, l’a fait aimer de ses camarades. Taileb ne manque pas d’encenser une collègue à l’abnégation chevillée au corps. «C’est une femme déterminée, qui a une grande personnalité. Elle ne cède pas face aux menaces.» Des menaces, cette jeune femme en a beaucoup reçues depuis quelques mois. «Un professeur l’a menacée lors d’une réunion du comité intersectoriel, en lui faisant remarquer qu’il connaît son chef de service», raconte Taileb, qui précise que ces menaces à peine voilées ne l’ont point impressionnée. Meriem a décide, comme ses camarades, de poursuivre le dur combat pour sa dignité et celle d’une profession. Une phrase de Mahmoud Darwich, poète palestinien, mise en couverture de son compte Facebook, démontre la volonté de résister de la jeune femme : «Nous n’avons rêvé que d’une vie comparable… à la vie.»  


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