Et si année blanche il y a ?



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En grève depuis plus de quatre mois, les médecins résidents et les étudiants des Ecole normales supérieures (ENS) semblent déterminés à poursuivre leur mouvement jusqu’à la prise en charge de leurs revendications. Les mouvements de protestation persistent, l’année blanche se précise. Quelles seront les conséquences d’une éventuelle année blanche sur les deux secteurs ? Le ministre de l’Enseignement supérieur a promis de «faire appliquer la loi» contre les étudiants grévistes des Ecoles supérieures et les médecins résidents qui boycottent les examens du DEMS. En effet, Tahar Hadjar a affirmé, en début de semaine, que les grévistes seront considérés comme «ajournés» et seront privés de recrutement dans le secteur de l’Education. De son côté, le Pr Salah Eddine Bendib, doyen de la faculté de médecine d’Alger, assure : «Il n’y aura pas une autre date pour l’obtention de l’examen de diplôme de médecins spécialistes (DEMS), puisque les médecins résidents ont boycotté les épreuves d’ophtalmologie organisées le 19 mars dans la capitale algérienne.» «Des mesures seront prises à l’encontre de ces boycotteurs», a-t-il assuré, sans autre détail, qualifiant leur attitude «d’abandon de poste». Bien que le ministère cherche, tant bien que mal, à rassurer et à se rassurer, les étudiants des deux secteurs campent toujours sur leur position. Mais concrètement, si année blanche il y a, quelles seront les répercutions sur les deux secteurs ? Côté santé, on signale déjà des perturbations. Qu’en sera-t-il alors si les médecins résidents mettent leur menace de démission à exécution ? D’abord, il y aura forcement une baisse de la couverture médicale dans les centres à vocation hospitalo-universitaire. Répercussions En effet, «même si les établissements à vocation hospitalo-universitaire ne sont présents que dans neuf wilayas et ne représentent que 6% des centres hospitaliers dans le pays, néanmoins l’absence des médecins résidents dans ces établissements peut engendrer une réduction en termes de couverture médicale», assure Slim Belkacem, chargé de communication du ministère de la Santé. De son côté, Mohamed Amine, coordinateur par intérim du service de neurochirurgie du CHU d’Oran, estime que la désaffection des médecins résidents nuit au bon fonctionnement de l’hôpital, car les charges de travail  retombent sur les maîtres assistants qui se retrouvent, par exemple, à prendre en charge le tri au niveau des urgences. Autre répercussion directe : report des consultations d’urgence. «Notre but n’est bien évidemment pas de déstabiliser le fonctionnement des centres hospitaliers, tributaires des médecins résidents. Cependant, le disfonctionnement y est. Les établissements de santé sont touchés par nos actions. Dans certains établissements, des consultations d’urgence ont malheureusement été décalées», atteste Sadek Hamlaoui, chirurgien résident au service orthopédie du CHU de Bab El Oued, représentant du Collectif autonome des médecins résidents algériens (Camra). Une situation que connaît bien madame F. A. 67 ans. Son rendez-vous pour une urgence ophtalmologique a été reporté d’une année. Bacheliers Autre conséquence de la grève des résidents : un décalage des promotions. «Cette éventuelle année blanche aura pour conséquences de décaler d’une année toute une promotion d’étudiants», indique Slim Belkecem. En effet, une année blanche veut dire que tous les étudiants stagneront à leur actuel niveau. N’empêche, chaque année, de nouveaux bacheliers se dirigent vers ce secteur. Il y aura donc forcément surcharge. Les places pédagogiques seront par conséquent réduites. «Ce décalage, se traduira en l’occurrence, en moins de personnes placées dans le secteur de la santé. N’empêche, les postes budgétaires resteront ouverts. Idem pour les affectations», rassure tout de même Slim Belkacem. Qu’en sera-t-il des conséquences sur les ENS ? Il y aura, en premier lieu, un souci de recrutement. En effet, selon Bachir Hakem, enseignant et membre du CLA, «le recrutement des étudiants issus des ENS ne se fera pas cette année. On sera alors face à un statu quo. Tout le monde reprend, sans pour autant affecté le cycle des étudiants». Autrement dit, un étudiant de première année reprendra son année sans être un redoublant. Un avis contredit par un cadre de l’enseignement supérieur. Selon lui, «si les pouvoirs publics décrètent officiellement l’année blanche, les étudiants se retrouveront redoublants». Blocage De plus, selon la même source, cette mesure les empêchera d’être admis aux postes d’enseignement, car il est indispensable de valider son cursus sans refaire d’année. Une conséquence directe sur le secteur de l’éducation qui, de même que pour le secteur de la santé, verra ses promotions stagnées à leur actuel niveau. Le secteur enregistrera donc une surcharge l’année prochaine avec l’arrivée des nouveaux bacheliers. Ces derniers pourront aussi subir les conséquences de cette grève étant donné qu’ils pourraient ne pas avoir accès aux ENS, à cause de la surcharge. Meziane Meriane, coordonnateur national du Syndicat national autonome des professeurs de l’enseignement secondaire et technique (Snapest), confie que la principale retombée négative d’une année blanche sera «la non-équitabilité des chances dans le recrutement, minimisant les chances d’insertion des étudiants ayant refait l’année». Pis encore, les conséquences d’une éventuelle année blanche se résumeront, selon lui, comme suit : «Blocage aux postes pédagogiques, surcharge au niveau des cités universitaires.» Un avis largement partagé par Bachir Hakem qui ajoute : «Une autre conséquence et pas des moindres : la démotivation des étudiants des ENS.» En effet, les portes de certains concours peuvent leur être fermées à cause de leur âge, ce qui jouera forcement de manière négative sur leur moral. De nombreux concours exigent une limite d’âge, et si un candidat a ne serait-ce qu’une année en plus, il peut être disqualifié d’office. Par ailleurs, une année blanche n’est également pas bonne pour l’économie du pays. «Une année blanche signifiera une énorme perte pour l’Etat sur le plan économique. Il s’agit d’un investissement à perte que l’Algérie ne peut supporter, surtout au vu de la situation difficile que connaît le pays», conclut Bachir Hakem.  


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