Quand la puberté sonne le glas de l’enfance



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Les premières règles. Elles surviennent en général aux alentours de 12-13 ans et marquent l’entrée dans la vie d’adulte. Souvenir mémorable pour les unes, banal pour les autres. Comment ce passage à l’âge adulte a-t-il été vécu ? Les mamans ont-elles préparé leurs filles à cet événement ? Comment cette étape cruciale dans la vie d’une femme s’est-elle opérée ? Témoignages.

Zineb, 45 ans
«J’avais 14 ans et des poussières, mais je n’étais pas encore réglée. Cette question commençait à m’inquiéter puisque toutes mes camarades avaient franchi le cap de la puberté, sauf moi. J’en parlais tout le temps à ma mère. Quand allais-je enfin devenir une femme moi aussi ? Maman me rassurait : ‘’Bientôt ma fille !’’ Ce jour-là finit par arriver. Autant vous dire, que j’étais soulagée. Je courus dire à ma mère et à ma grand-mère que désormais j’étais devenue une adulte. Elles me félicitèrent chaleureusement. Dès le lendemain, j’annonçais la grande nouvelle à mes petites camarades du collègue. J’étais enfin entrée dans la ‘‘normalité’’ ! Mais très vite, avec l’arrivée d’horribles douleurs au bas du ventre, je regrettais ma vie de petite fille. Ce symptôme, ajouté aux sautes d’humeur, devait revenir chaque mois. C’était cela le prix à payer pour être une femme et avoir le privilège de donner la vie.»

Hayet, 30 ans
«Mon passage de l’enfance à la puberté ne m’a pas laissé un souvenir mémorable. J’ai été élevée dans l’ignorance des changements qui devaient s’opérer dans notre corps à cette période cruciale. Ma mère ne m’en a jamais pipé mot.
Aussi, lorsqu’un matin je me réveillais et découvrais de grosses taches de sang sur le drap, j’ai commencé à pleurer. J’ai appelé ma mère au secours. Mon père est aussi arrivé à la rescousse. J’ai lu une sorte de gêne sur leur visage. Mon père est sorti précipitamment de la chambre, laissant maman se dépatouiller seule avec cette histoire de femme. Elle m’a juste demandé d’aller prendre une douche, m’a donné un paquet de serviettes hygiéniques et m’a dit que désormais j’étais devenue une femme. Je n’avais pas encore bouclé mes 12 ans. Ce sujet était complètement tabou dans ma famille. D’ailleurs, nous n’en avons jamais plus reparlé.»

Samia, 36 ans
«Nous étions dans une fête de mariage. En quittant ma chaise, ma cousine me fit remarquer que j’avais une tache rouge sur ma robe. J’étais confuse. Les Anglais venaient de débarquer ! J’avais 13 ans et j’ai bien évidemment été préparée à cet évènement depuis longtemps par ma mère. Seulement voilà, je ne les attendais pas ce jour-là. C’était un mariage, une fête ! Je n’avais aucune douleur, rien qui présageait ce passage à la vie d’une femme. Ma mère et mes tantes m’embrassèrent. Maman était toute émue. Sa fille était devenue une vraie femme.
Un processus naturel qui marquait la fin de l’enfance. Je me souviens qu’on me passa une robe de rechange ainsi que des serviettes hygiéniques. La fête a continué et moi j’étais complètement chamboulée sur le plan émotionnel.»

Hind, 41 ans
«Ma mère et ma grande sœur étaient sorties ce jour-là. Je me trouvais seule à la maison, avec mon père et mon petit frère. Dès le matin, j’avais ressenti des nausées. Le bas de mon ventre était noué. J’avais une sorte de crampe au ventre. J’en ai parlé à mon père. Il a supposé que j’avais dû manger quelque chose qui était mal passé. En allant aux toilettes, je découvrais un filet de sang. J’ai couru chez mon père pour lui annoncer que j’allais mourir. Il a éclaté de rire. Il m’a rassurée et téléphoné à ma mère pour lui annoncer que sa fille était désormais une femme.
Avec des mots simples, papa m’a expliqué la fonction des ovaires et de l’ovulation. J’avais 12 ans et je me souviens que ces mots m’ont réconfortée. J’ai trouvé refuge dans les bras de mon papa.
Comme j’avais très mal au ventre et qu’il faisait froid, il a préparé une bouillotte et me l’a posée sur mon ventre. C’est cette chaleur qui me revient en souvenir chaque fois que je repense à mes premières règles.» Trouver les mots qu’il faut, sans tabou, pour expliquer ce passage crucial à la vie d’adulte est très important. Une mission qui incombe aux mamans et qui prépare les futures femmes à vivre leur féminité en toute quiétude.


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