Le retour de celui que je ne savais pas qu’il était parti !

Pensée émue aux victimes du crash. Aux martyrs du
devoir, notre…

… devoir de recueillement et de solidarité aux
familles !

Rien ne laissait présager ce retour ! Il a pris tout le monde de court. Et surtout ceux qui, comme moi, ne savaient même pas que le monsieur était parti ! Les caméras qui «comptent» étaient toutes au parfum qui attendaient depuis des heures le revenant à l’aéroport. Les journalistes des télés qui «comptent»… comptaient déjà leurs varices à force de station debout en attendant que l’avion ramène le revenant en Dézédie. J’avoue que de voir tout ce branle-bas de combat autour du retour de celui que je ne savais même pas qu’il était parti, ça m’a fait culpabiliser : commeeeent ! Voyons Hakim, tu ne savais pas que le chanteur raï Cheb Nasro vivait en exil aux Etats-Unis depuis 20 ans ? Quelle honte pour quelqu’un qui prétend tenir chronique quotidienne depuis aussi longtemps ! Oui, je l’avoue ! Moi, féru de grande musique, je ne savais pas que ce monstre sacré de la pop-scène dézédienne s’était auto-exilé aux States. Pis ! Je n’ai pas su déceler ce moment magique, ce moment unique, ce moment historique où Cheb Nasro a pris la décision de rentrer au bout de 20 années d’absence insupportable pour ses fans. Pardon Nasro ! Oui, pardon pour cet impair à l’art, à la culture et à tout ce que ton come-back promet comme avenir radieux à la chanson locale et universelle. Promis, ce qui me reste de vie, de vie misérable puisque je ne suis même plus capable d’anticiper les mouvements d’humeur et les mouvements tout court de la star Nasro, tous ces instants-là te seront désormais consacrés. Et dès aujourd’hui — que dis-je ? — dès hier, je me suis mis en quête des albums de celui qui est enfin revenu et que je ne savais même pas qu’il était parti un jour ! Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue.
H. L.