Lumières de Benbadis et wahhabisme archaïque de Ferkous



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Tout est désordre et confusion dans la perception officielle de la doctrine de la foi après le schismatique prêche du wahhabite Ferkous. Même notre ministre du Waqf qui avait, depuis longtemps, pris l’habitude de traquer des paisibles sectes semblables à celle des Ahmadites, fut contraint dans un premier temps de tenir compte de certaines arguties politiques. Selon le contexte, il ne trouva, d’abord, rien à reprocher à ce néo-prophétisme que l’Arabie Saoudite continue à diffuser avant de se dédire après la vigoureuse réaction de l’association des Oulémas d’obédience badisienne. Et pour se dédouaner publiquement, ne s’empressera-t-il pas de faire sienne la campagne pour la promotion du rite malékite ? En effet, c’est ce même clerc séculier administrant 20 000 (vingt mille) mosquées qui parle désormais à haute voix de «menaces venant de l’extérieur» alors qu’il faisait l’éloge du caractère multiple et fusionnel des rites composant le sunnisme universel, il y a de cela quelques semaines. S’abritant derrière les failles dans la formation des imams, il préconise, pour combler ce vide, la relecture par ces derniers des traités s’inspirant de la démarche de l’imam fondateur. Or, pour louables que soient les recommandations de ce ministre, elles pèchent cependant par une grossière omission. Celle qui occulte les travaux majeurs consacrés à Benbadis dont ceux traitant notamment de sa «méthodologie et son exégèse». Or, nulle part, l’on ne trouve la moindre allusion à ce grand œuvre de l’imam au moment où l’on s’apprête à célébrer la Journée du savoir qui lui est dédiée symboliquement. Encore heureux que le système scolaire demeure attaché à cette tradition. Celle qui fait qu’au cours de la semaine qui est devant nous, Benbadis sera l’unique sujet de l’instruction religieuse dispensée aux potaches. Certes, la démarche pédagogique est tout à fait réductrice du rayonnement du mouvement des oulémas dans son ensemble. Seulement il fallait se conformer à une certaine vulgate du clergé de la foi qui n’appréhende la personnalité de l’imam que sous son apport à l’érudition coranique. C'est-à-dire celui du prisme volontairement exclusif ne définissant le «savoir» que du seul point de vue de la foi.
D’ailleurs, aussi loin que l’on remonte aux premières années de l’indépendance, l’on constate que l’image que l’on s’est faite de ce fondateur du réseau de médersas libres a toujours gommé l’intellectuel qu’il fut au profit du prédicateur qu’il était également. Sans discontinuer, le culte de son souvenir n’évoquait essentiellement que l’homme de la mosquée se permettant à peine de rappeler de temps à autre son «double» qui fut non seulement un novateur doctrinal mais aussi un acteur social à travers ses inclinations vers le journalisme. Prétexte à toutes les exaltations religieuses, son nom sera justement récupéré par la propagande politique, 30 années après sa disparition. C’est ainsi que, depuis 1970, la date du 16 avril allait sous-tendre un double objectif. Ceux de la renaissance simultanée de la foi et de l’identité nationale. Placée à cette époque sous le signe du «savoir» quand la République avait encore des accents socialisants et presque laïques, cette date devint, par la suite, la référence cardinale d’un FLN converti à un baâthisme local dont le credo religieux se substitua à l’éthique républicaine en tant que ciment moral de la nation.
De nos jours encore, le courant historique des «Oulémas» continue à susciter des polémiques dans la mouvance spirituelle. Et ce n’était pas le pouvoir politique qui, sur le sujet, avait observé la bonne mesure dès lors que l’on sait qu’il fut accommodant concernant le regain d’activité des zaouïas.
Par ailleurs, si ce courant parareligieux s’était imposé historiquement comme un référent aux côtés des organisations politiques ayant structuré le mouvement national, c’est que, très tôt (1935-1939), il dut se démarquer pacifiquement de la galaxie des zaouïas auxquelles il leur reprochait aussi bien certains aspects incantatoires des rites mais surtout la dénaturation du caractère soufi dont ils se réclament. En dépit du fait que ce singulier contentieux date du siècle dernier, l’on peut tout de même percevoir encore aujourd’hui les stigmates qui entretiennent cette sorte d’hostilité réciproque. Or, ce genre de résurgences interdisant la possibilité d’une sorte de concordat spirituel tient en partie au fait que la production intellectuelle du mouvement des oulémas (Bachir El Ibrahimi, Larbi Tebessi…) fut d’abord soumise à des réquisitions infâmes pour ensuite être censurée ou du moins ignorée par les universitaires.
Longtemps coincé entre les inutiles hagiographies et les terribles allusions, ce courant n’allait survivre que grâce à une notoriété de façade. Car, en dépit de la controverse au sujet de certaines ambiguïtés politiques consécutives à l’adhésion au déclenchement de la Révolution, ne fallait-il pas épargner la personne de Benbadis au nom du bon sens qu’impose simplement le calendrier. Car, en prenant la précaution de ne pas confondre le 1er Novembre 1954 avec le 16 avril 1940, l’on s’écarte positivement des jugements hâtifs à l’instar de ceux qui par exemple firent de l’imam, alors décédé 14 années plus tôt, le comptable des tergiversations de ses successeurs…
Cela dit, que reste-t-il de nos jours de cette Journée du savoir après cinq décennies d’existence ? Rien ou presque, car, à présent, cette célébration n’est même plus une invitation magistrale à ce «blé en herbe» que sont nos écoliers afin de les inciter à s’ouvrir d’autres fenêtres sur le monde.
Bien plus qu’une parodie du souvenir, c’est un détournement de sens qui a fini par démonétiser ce repère. Désormais, cette date renvoie à une fuite vers l’enfermement au nom de la foi. Réduit à n’être qu’un alibi politico-religieux, le legs intellectuel de Benbadis attend toujours ceux qui parmi les nouveaux exégètes soient en mesure de le vulgariser et le diffuser dans les mosquées afin que celles-ci cessent d’être des officines à tous les wahhabites imprécateurs. Car, c’est maintenant ou jamais qu’il faut impérativement opposer les lumières de Benbadis aux violents archaïsmes d’un rite cultuel mortifère.
B. H.


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