Quand le piège de la rente pétrolière se referme sur le pays



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L’économie algérienne demeure peu diversifiée en dépit des professions de foi des dirigeants et des sommes pharaoniques déboursées pour ranimer un corps atteint par le syndrome hollandais. La chute des prix du pétrole en juin 2014, qui assurent 98% des recettes d'exportation, un tiers du PIB et les deux tiers des recettes budgétaires de l’Etat, a met à nu les failles d'une économie de rente. A environ 60 dollars le baril de pétrole, le manque à gagner est considérable : les recettes provenant des exportations de gaz et de pétrole ont chuté de moitié, passant de 60 milliards de dollars en 2014 à 31 milliards de dollars en 2017, et la fiscalité pétrolière a suivi la même tendance. Résultat : le déficit budgétaire s'est creusé de 1,4 % du PIB en 2013 à 15,7 % du PIB en 2016. Les réserves de change ont aussi chuté à 103 milliards fin août 2017 contre 194 milliards de dollars début 2014. Et seront de 97 milliards à la fin de l’année en cours. Parallèlement, le Fonds de régulation des recettes créé en 2000 pour capter les excédents budgétaires liés aux exportations d’hydrocarbures, a été épuisé en février 2017. Prévu à l'origine pour mettre le pays à l’abri des turbulences du marché des hydrocarbures, son solde, cumulé à quelque 41 milliards de dollars fin 2014, a servi à éponger les déficits successifs. L’emprunt obligataire de 5 milliards de dollars a connu le même sort, à l’instar du prêt de 900 millions d’euros  contracté auprès de la Banque africaine de développement. Aujourd’hui, le pays paie les frais de sa pernicieuse dépendance aux hydrocarbures. Au cours des quinze dernières années, l’Algérie a tiré 550 milliards de dollars de la vente des hydrocarbures de son sous-sol. Mais cette manne pétrolière colossale, au lieu de servir à booster les capacités nationales de production, a surtout servi à acheter la paix sociale via le financement des transferts sociaux qui comprennent notamment les subventions aux produits de base ainsi que les aides dans les domaines du logement et de la santé. Par conséquent,  l’Algérie ne produit presque rien. Archaïque, l’agriculture ne contribue que pour 12% à la construction du PIB national. En quinze ans, la facture d’importation a été multipliée par cinq pour atteindre plus de 60 milliards de dollars en 2014. Son industrie agonisante représente moins de 5% du PIB en 2016 contre 35% à la fin des années 1980. Malgré ses richesses géographiques et culturelles, le tourisme quant à lui pèse moins de 2% dans le PIB national, autant dire qu'il ne rapporte rien aux caisses de l'Etat. Le secteur de l’énergie souffre aussi d’un ralentissement des investissements étrangers et d’une baisse de l’exploration et de la production, alors la consommation interne ne cesse de croître.  Pour faire face à la chute des cours du pétrole, le gouvernement algérien a été contraint à adopter, dans un premier train de mesures d'austérité,  le gel de nombreux projets d'infrastructures ainsi que le recrutement de fonctionnaires. Mais  pour «sauver l’Etat de la faillite», selon les mots du Premier ministre, le pays a opté pour la planche à billets. Pour les autorités, cela servira à financer «le déficit du budget de l'Etat, la dette publique interne et à allouer des ressources au Fonds national d'investissement». Etalée sur une période de cinq ans, cette option ne fait pas en revanche l’unanimité auprès des experts et des opposants politiques qui mettent en garde contre un processus inflationniste difficile à contrôler. Dans cet environnement difficile, le pouvoir d’achat des Algériens a été fortement touché. Comme en 2017,  le budget 2018, établi sur la base d’un baril à 50 dollars, contient une série de nouvelles augmentations de taxes. La Taxe sur les produits pétroliers  a augmenté notamment de plus de 17% pour l'essence et d'environ 11,5% pour le gazole. Une nouvelle taxe a été en outre appliquée au tabac, en plus d'une hausse de 10% d'une taxe déjà existante. Une taxe de 1% sur toutes les importations est également créée. Le taux d'inflation a poursuivi sa dangereuse escalade, clôturant l'année 2017 à un niveau de 6,4%, contre 4,2% en 2016.


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