Inflation et crise sociale en perspective



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Les prévisions de la Banque mondiale (BM) et du Fonds monétaire international (FMI),  concernant l’Algérie et rendues publiques hier, s’accordent sur le fait que le pays devrait connaître des difficultés accrues sur les plans financier et social à partir notamment de 2019. Alimentée par la planche à billets, l’inflation pourrait grimper jusqu’à 9% durant les deux prochaines années. Ouvertement réticente à l’égard du recours à la planche à billets, l’institution de Bretton Woods anticipe une inflation galopante dès l’année en cours. Forte accélération des tensions inflationnistes, recul de la croissance dès l’année prochaine, hausse du chômage et de la pauvreté, poursuite de l’érosion des réserves de change, et risques accrus de malaise social. Tels sont en substance les pronostics, pour le moins sombres, que la Banque mondiale (BM) a formulés hier sur le devenir de l’économie algérienne à l’horizon 2020. Ouvertement réticente à l’égard de ce qu’elle qualifie de recours au seigneuriage, c’est-à-dire à la planche à billets, l’institution de Bretton Woods anticipe en ce sens une inflation galopante en Algérie dès l’année en cours, tandis que la croissance économique devra redevenir «anémique», soit d’à peine 2%, dès l’année prochaine. Ainsi, à travers son dernier rapport sur les évolutions des économies de la région MENA, la Banque mondiale table sur un taux d’inflation de 7,5% en Algérie pour l’année en cours, contre 5,5% en 2017, avant une accélération encore plus inquiétante en 2019 et 2020, où il devrait caracoler, selon ses prévisions, respectivement à 8,1 et 9%. Pour la BM, la reprise rapide de la croissance, attendue à 3,5% pour l’année en cours, ne serait en définitive que le résultat d’un processus d’expansion budgétaire, c’est-à-dire de l’augmentation de la dépense publique. Cela étant, prévient-t-elle, «il sera difficile de résister à la tentation de retarder à nouveau le rééquilibrage des finances publiques, même si le pays se dirige vers une crise financière déclenchée par le recours au seigneuriage pour financer le déficit budgét aire». Ce déficit, ajoute-elle, continuera de s’aggraver en 2018 et l’intention manifestée par les autorités de recourir au financement monétaire «est très préoccupante». Aussi, redoute la BM, la persistance du déficit public «pourrait provoquer une forte création de monnaie, les autorités ayant jusqu’à présent refusé de procéder à des emprunts extérieurs». Dans ses projections à l’horizon de 2020, l’institution internationale table globalement sur une diminution du déficit budgétaire durant les deux prochaines années, tandis que pour l’exercice en cours, il devrait, selon elle, évoluer plutôt à la hausse pour atteindre un niveau de 11,4% du PIB. Dans le même sillage, le déficit du compte extérieur, est-il indiqué, ne devrait pour sa part reculer que faiblement pour tomber à 10,2% en 2020, soit «un niveau jugé gérable, étant donné le montant des réserves de change évaluées à 17 mois d’importations à fin 2017», estime la BM. Ces réserves, avertit-t-elle toutefois, «pourraient ne plus représenter que cinq mois d’importation d’ici 2020, soit un niveau proche du seuil de 3 mois des marchés émergents». Ainsi défavorables et inquiétantes, les perspectives globales de l’économie algérienne pour les quelques prochaines années laissent par ailleurs redouter une dangereuse aggravation de la crise sociale, d’autant que le chômage et la pauvreté ne cessent d’augmenter, note en définitive la Banque mondiale. De 10,5% en septembre 2016, le taux de chômage, relève-t-elle ainsi, est passé à 11,7% au même mois de l’année écoulée, alors que «10% de la population risque de retomber à nouveau dans la pauvreté et que les disparités régionales restent toujours importantes».     


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