20 avril 1980- 20 avril 2018

La longue marche



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Les autorités mettent, sans tact, à exécution les instructions du pouvoir central pour marquer, de la façon la plus solennelle, cette date-symbole. La célébration de l’anniversaire du Printemps berbère, 20 avril 1980, prend ces deux dernières années un coup d’aiguillon qui, en Kabylie, stimule la mobilisation autour de la cause amazighe. La date mobilise toujours, alors que le pouvoir politique a cru avoir, en lâchant du lest sous la pression de la rue, soustrait la question aux milieux de la militance amazighe. Les derniers acquis arrachés, dont la constitutionnalisation de tamazight comme langue officielle et l’institutionnalisation de Yennayer fête nationale, n’ont finalement pas produit l’effet escompté par les autorités publiques. L’anniversaire du Printemps berbère de cette année, le 38e, intervient à la fois dans cet esprit de continuité du combat et sur un terrain où le pouvoir ne s’avoue pas vaincu. Il tente, comme pour Yennayer, de grignoter dans la grande symbolique du 20 Avril et de s’approprier cette date en se plaçant dans l’événement. En Kabylie, les autorités mettent, sans tact, en exécution les instructions du pouvoir central pour marquer de la façon la plus solennelle cette date-symbole. Dans la continuité des cérémonies officielles de l’année dernière, l’implication de l’Etat sonne le folklore par l’intitulé même des programmes qui donnent un cachet de fête à l’événement. A Béjaïa, les «festivités» officielles démarrent, aujourd’hui avec une «exposition folklorique sur l’esplanade de la maison de la culture». Assumé pleinement dans la littérature officielle, le cachet folklorique se prolongera avec «une fête traditionnelle et un défilé de mode», auxquels la délégation officielle assistera en passant par «une exposition d’arts». Les autorités ont décidé, cette année, de rendre hommage à certains «artistes et écrivains qui ont contribué à la promotion de l’art et de la littérature amazighs». La liste comprend Brahim Tazaghart, Yergui Mohamed, Boudjemaa Agraw, Kaci Bousaad et d’autres noms moins connus. S’il n’y a pas de doute sur l’engagement militant de ces artistes et écrivains, force est de constater que les autorités sont prudentes à mettre en exergue le statut de militants du MCB de certains d’entre eux. Cette prudence contraste avec les hommages rendus par la société civile pour les Mohamed Haroun, Matoub Lounès et bien d’autres militants symboles du combat identitaire du temps des pires bâillonnements. A Aokas, par exemple, on rendra hommage à l’un des fondateurs de l’Académie berbère, Rahmani Abdelkader. A Chemini, on jouera une pièce théâtrale en hommage aux martyrs du printemps noir 2001. A la même occasion, la fondation Matoub a produit une pièce de théâtre, Hymne à l’identité, qui rend hommage au Rebelle et qui ne sera jouée au Théâtre régional de Béjaïa que le 27 avril. Les autorités seront au TRB pour assister, aujourd’hui, à la pièce «Hzam El Ghoula» de Abdelmalek Bouguermouh, traduite en kabyle. Le programme officiel débordera même sur la journée de demain (vendredi 20 avril), en investissant, et c’est une première, la rue qui, jusque-là et pour tous les 20 Avril qui sont passés, est l’espace exclusif des seuls collectifs militants et partis. Cette fois-ci, le wali intérimaire donnera le coup d’envoi pour un défilé qui partira de la Maison de la culture vers la place Saïd Mekbel, pour clôturer des festivités qui auront été folkloriques de bout en bout. Et c’est une folklorisation qui n’a pas échappé à un collectif qui est né autour du sigle du 20 Avril 1980, re-convoqué à l’occasion. En appelant à «l’unité» et «contre l’unicité», ce collectif, qui regroupe d’anciens militants du MCB activant dans la wilaya de Béjaïa, appelle à une marche pour demain et à rejoindre celle d’aujourd’hui à laquelle a appelé un collectif d’étudiants. Qu’il y ait «pluralité d’acteurs» est pour le  Collectif tafsut 80 «autant de signes de vitalité de tamazight, de permanence du combat identitaire et de son élargissement et son adaptation aux données de l’heure jusqu’au recouvrement apaisé et irréversible de notre identité, de notre culture, de notre langue». Dans une déclaration publique, ce Collectif se dit convaincu que les manifestations de décembre 2017, en réaction à la proposition rejetée à l’APN en rapport avec tamazight, trouveront prolongement cette fois-ci, avec le même «esprit des fondamentaux» du MCB et «la maturité militante». La mobilisation dans la diversité se cristallisera «par autant de marches nécessaires dans la complémentarité des visions militantes de toutes les générations». «Conscient que rien ne nous a été donné, qu’aucun acquis n’est définitif», le Collectif commémorera ce 38e anniversaire «dans la vigilance citoyenne». «Le respect de la diversité est l’un des grands acquis du combat identitaire permanent» considère- t-il, en invitant les étudiants à marcher aussi demain. Cependant pour ce vendredi, une troisième marche est au programme, c’est celle à laquelle a appelé le MAK qui, à chaque 20 avril, arrive à mobiliser ses troupes, plus que tout autre parti ou collectif. Le MAK marchera avec ses propres mots d’ordre pour «l’indépendance de la Kabylie» dans les trois chefs-lieux de wilaya de Béjaïa, Tizi Ouzou et Bouira. Les marcheurs du MAK, du Collectif avril 80 ou des étudiants se rencontreront ou se croiseront sur le même axe qu’empruntera, dans un cadre festif, le défilé, joyeux et certainement coloré, des autorités.  


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