l’Amazighité est un facteur d’unité pour les peuples maghrébins



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- L’amazighité, en tant que langue et identité, est un facteur d’unité et d’homogénéité pour les peuples du Maghreb, révèle l’étude comparative réalisée à l’échelle régionale dont vous êtes le responsable. Pouvez-vous nous résumer cette étude ? Pour la réalisation de cette étude, 13 chercheurs étaient mobilisés. C’est la première fois que nous avons une étude qui touche les cinq pays d’Afrique du Nord (Libye, Egypte, Tunisie, Maroc et l’Algérie). Jusque-là, toutes les recherches menées étaient focalisées sur des thèmes ou des régions précises. Cette fois-ci, l’étude englobe tous ces pays dans une approche multidisciplinaire et comparative. La région Siwa d’Egypte, Djebel Neffoussa en Libye et leurs Touareg, la Kabylie, la région chaouie et les Touareg en Algérie, le Rif et le Moyen Atlas au Maroc ainsi que d’autres régions tunisiennes étaient prises comme échantillons. Nous nous sommes concentrés sur la présentation des Amazighes, où vivent-ils. Car, jusque-là, nous avions tendance à uniformiser les berberophones. Les Amazighe sont pourtant partout. Et en se basant sur cela, j’ai envie de dire que le Québec est une ville berberophone en raison de l’importante immigration algérienne et marocaine. Et Paris aussi. Nous avons fait un rappel historique pour dire que nous sommes devant une historicité différente… - Nous constatons que la revendication amazighe est récemment née dans les autres pays d’Afrique du Nord, à l’exception de l’Algérie et le Maroc… En Tunisie c’est après la chute de Ben Ali, par exemple. La naissance de cette revendication en Tunisie, en Egypte ou en Libye est étroitement liée à l’ouverture politique. Qui pouvait imaginer qu’apparaîtrait en Libye un emblème amazigh, des chansons en tamazight avant 2012 ? Cette revendication était étouffée par les différents pouvoirs qui venaient de chuter. C’est aussi le Printemps arabe qui a permis l’émergence de la question amazighe. J’ai déjà dit que le Printemps arabe avait une phase d’un Printemps berbère dans certains pays. Même en Algérie, c’est après ce mouvement des pays voisins et l’atmosphère de liberté et de changement qui a fait que tamazight est reconnue langue officielle et Yennayer est officiellement célébré. Même constat au Maroc. Il y a eu un changement et des avancées dans cette revendication. D’où le concept Etat-nation, c’est-à-dire la relation entre l’Etat et le citoyen. L’Etat devait reconnaître la diversité culturelle et linguistique et accepter la différence. Autre aspect que nous avons essayé de décortiquer : la force sociale ainsi que les élites qui sont derrière l’amazighité. Il y a des forces économiques très puissantes, ce qui explique la grande intégration de ces élites. On va plutôt vers plus d’intégration dans l’Etat-nation qu’une ambition autonomiste dans ces pays. Le mouvement amazigh demande plus d’intégration dans le corps national. C’est d’ailleurs pourquoi nous n’avons pas traité la question amazighe en termes de minorité. En Afrique du Nord, les berbérophones ne sont pas une minorité. C’est vrai que nous avons avons choisi les régions qui s’expriment encore en berbère comme point de départ de notre recherche, mais cela ne veut absolument pas dire que les autres ne sont pas amazighes. Sociologiquement et culturellement, tous témoignent de l’amazighité de ces régions sans même prendre en considération l’expression langagière comme seul repère. Après l’homogénéité des villes, de la population… on se demande aujourd’hui qui aura le rôle de préserver la langue. Car, après l’homogénéité, c’est à dire mariage entre ceux qui s’expriment en tamazight et ceux qui ne peuvent plus s’exprimer, on pourrait arriver à la perte de langue. Et c’est à ce stade là que l’Etat-nation, à travers l’école publique, intervient pour prendre le relais pour la préservation de la langue. - Vous avez dit lors de la présentation de cette étude qu’Alger est la ville la plus amazighe. Sur quoi vous appuyez-vous ? Alger est entourée d’une plus grande partie d’amazighophones, c’est-à-dire les Kabyles ainsi que l’immigration des Chaouis. Et en faisant une étude sur les langues parlées, on se rend compte que la capitale est la plus grande ville amazighe dans le monde. La grande majorité des Algérois sont des Kabyles. La Casbah, El Biar et autres quartiers d’Alger sont amazighs. La Kabylie est devenue une banlieue d’Alger… Et c’est le cas à Tripoli aussi… L’étude énonce que l’Amazighité «est un facteur d’unité et d’homogénéité pour les peuples maghrébins», de même qu’elle constitue «un élément fédérateur des composantes des peuples de la région». Mais on ne parle jamais de mouvement amazight unifié… La revendication est la même dans tous les pays d’Afrique du Nord. Les différents mouvements s’écoutent entre eux. Les mouvements algérien et marocain sont un exemple pour les autres, à l’exception de certains détails. Mais il faut noter une diversité des formes d’expression qui reflètent des diversités aux niveaux sociologique, culturel, démographique et géographique. Le mouvement amazighe n’est pas un, même s’il y a des liens communs. D’où d’ailleurs le débat sur le graphe à utiliser dans l’enseignement de tamazight. Ca reflète aussi les positions des élites au sain du mouvements.  


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