Les documents administratifs surtaxés



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Contrairement à ce qu’a laissé croire la rumeur, la deuxième lecture du projet de LFC-2018 n’a pas abouti à la baisse des taxes contenues dans la première mouture, mais instauré des seuils plus élevés pour l’établissement des passeports, permis de conduire et cartes grises. Les permis, les cartes grises, les passeports, les cartes d’identité et même le téléphone seront plus chers à l’avenir. Le gouvernement décide, visiblement, de faire payer au citoyen le prix fort de la politique économique hasardeuse en vigueur depuis plus de 20 ans. C’est en tout cas l’esprit de la nouvelle mouture de la loi de finances complémentaire (LFC-2018), dont le contenu est divulgué par des médias depuis jeudi dernier. Et contrairement à la propagande officielle qui a tenté de faire croire à l’opinion que le chef de l’Etat était contre ces mesures, la nouvelle copie de la LFC-2018 est pire que celle présentée au début du mois de mai. Sous le prétexte de «la nécessité de renflouer les caisses de l’Etat» vidées, l’Exécutif vise la poche du citoyen. En effet, la nouvelle mouture du projet, devant être examinée prochainement par le Conseil des ministres, met une forte pression sur les Algériens qui seront contraints, désormais, d’assumer des taxes en vrac. Plusieurs services risquent d’être accessibles seulement aux catégories les plus aisées de la société, à l’image du permis de conduire, du passeport et la carte d’identité biométriques. En effet, le prix du permis de conduire sera, à la faveur de ce texte, de 15 000 DA pour la catégorie B et de 30 000 DA pour le poids lourd. Même chose pour le passeport biométrique, dont le prix du timbre passe à 10 000 DA (28 pages) et 50 000 DA (48 pages). Jusque-là épargnée, la carte d’identité biométrique sera désormais payante. Après l’entrée en vigueur de ce texte, il faudra débourser 2500 DA pour l’avoir. Pour la carte grise, les prix oscilleront entre 10 000 DA pour les véhicules de 2 à 4 chevaux et 20 000 DA pour les voitures de plus de 10 chevaux. Pour les tracteurs, le prix de la carte grise sera fixé à 10 000 DA, alors que celle des engins des travaux publics atteindra les 30 000 DA. Ouyahia : Spécialiste des taxes Le gouvernement décide également de revoir à la hausse la taxe sur les recharges téléphoniques qui ont subi, rappelons-le, plusieurs augmentations ces dernières années. Le texte prévoit aussi de lourdes taxes sur les produits importés destinés à la consommation. Pourquoi le recours aux taxes, alors que le Premier ministre avait promis, à l’occasion de la présentation de son plan d’action au Parlement en octobre dernier, «qu’il n’y aura aucune taxe en 2018» ? Visiblement, Ahmed Ouyahia est le plus grand spécialiste des taxes. Ses passages au gouvernement ont tous été marqués par de lourdes taxes que les Algériens continuent de subir jusqu’à aujourd’hui : la vignette automobile, la taxe sur le véhicule neuf… Et comme d’habitude, le gouvernement trouve toujours des justificatifs pour ses mesures. Cette fois-ci, il invoque les «difficultés» financière de l’Etat. Pourtant, le Premier ministre a assuré le contraire, il y a quelques semaines à l’occasion d’une conférence de presse. Il avait affirmé que «la situation économique du pays s’est nettement redressée avec le recours à la planche à billets». Mais pour faire passer la pilule des taxes, il adopte un nouveau discours. «Certains services publics incombant aux institutions étatiques ont connu des hausses en termes de coût pour les réaliser, et ce, en raison de l’évolution économique et technologique. Ces surcoûts impliquent inéluctablement plus de subventions qui doivent être puisées sur le budget de l’Etat, lesquelles se sont heurtées ces dernières années à des difficultés budgétaires», justifie le gouvernement.  


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