Contribution de Nouredine Benferhat – Nicolas Sarkozy et le monde arabe



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Par Nouredine Benferhat – L’orientalisme, déjà dénoncé par le Palestinien Edward Saïd, ressurgit de temps en temps ; il apparaissait déjà en filigrane dans les déclarations et les écrits du candidat français à la présidence de son pays, Nicolas Sarkozy. Dans son ouvrage, il consacre une page – la page 206 – aux mondes arabe et musulman, titrée Le monde arabe. Sarkozy fait l’amalgame entre monde arabe et monde musulman et ne lui accorde pas plus de dix lignes, le reste étant un plaidoyer en faveur d’Israël.

Cette approche, si elle ne confine pas à l’ignorance, est loin d’être innocente. A l’unité virtuelle du monde arabe qu’il souligne avec perfidie, il oppose un Israël parangon de la démocratie et sacralisé par la Shoah. Peut-être est-il utile de rappeler à ce chantre d’Israël que la Shoah est européenne et que les Palestiniens n’ont ni à payer le prix ni à être les victimes expiatoires de sionistes en mal de vengeance et de fascistes recyclés en anti-Arabes. D’autre part, un Etat qui discrimine 20% de sa population, qui spolie une catégorie de ses citoyens n’est pas une démocratie. Enfin, Sarkozy aurait pu faire l’économie des dix lignes consacrées au monde arabo-musulman.

Cette vision restrictive contenue dans une pensée indigente est inquiétante pour les relations arabo-françaises. Non seulement elle met en danger les liens historiques tissés à travers le temps et les événements qui sont une constante depuis le général De Gaulle, mais contribue aussi à exacerber les tensions dans des régions déjà pénalisées par les préjugés et les dogmes étroits et simplificateurs. Les thèses réductrices inspirées aux néoconservateurs américains par l’orientaliste Bernard Lewis et le politologue Samuel Huntington ont été combattues, jusqu’ici, avec succès par les hommes de bon sens et avec détermination par le président Jacques Chirac et la diplomatie française. Le danger avec l’avènement de présidents français sous l’influence américaine est qu’ils risquent de faire le lit de tous les extrémismes.

Comme dit Edward Saïd, ces thèses constituent moins une analyse des sociétés contemporaines qu’une intervention militante. Pour finir, cette remarque de Stendhal sur Chateaubriand, l’auteur des Mémoires d’outre-tombe : «Je n’ai jamais rien trouvé de si puant d’égotisme et d’égoïsme.»

N. B.


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