Etats-Unis — Europe

La guerre commerciale est lancée



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Les Etats-Unis ont mis leur menace à exécution dans la guerre commerciale qui les oppose à leurs partenaires, en annonçant, jeudi, l’application, dès hier, des taxes douanières de 25% sur les importations d’acier et de 10% sur celles d’aluminium en provenance de l’Union européenne (UE), du Mexique et du Canada. Cette annonce, faite par le secrétaire au Commerce de Donald Trump, Wilbur Ross, a immédiatement déclenché des réactions en chaîne des Européens, la Commission européenne en tête. «Les Etats-Unis sont en train de jouer un jeu dangereux», a mis en garde hier la commissaire européenne au Commerce, Cecilia Malmström, qui a annoncé, comme attendu, lors d’une conférence de presse à Bruxelles, le lancement de la plainte. Mme Malmström a fait savoir que l’UE allait porter plainte contre Pékin devant cette même OMC, pour protester contre le «transfert injuste de technologies» des entreprises européennes actives en Chine. Selon Mme Malmström, les Américains se trompent de cible en s’attaquant aux Européens, leurs alliés traditionnels. Le principal ennemi, c’est la Chine, selon elle. «Nous aussi nous avons souffert des surcapacités dues au dumping qui est principalement causé par la Chine», a commenté la commissaire suédoise. «Si les acteurs de ce monde ne respectent pas les règles, alors le système risque de s’effondrer», a-t-elle prévenu. Outre sa plainte à l’OMC, l’Union européenne a deux autres armes qu’elle compte utiliser contre les Etats-Unis. La commission avait déjà préparé, fin avril, une liste de produits emblématiques, dont le tabac, le bourbon, les jeans ou les motos, qu’elle pourrait lourdement taxer dès le 20 juin. Après toutefois un débat entre Etats membres, pour une dernière validation. «Nous pouvons utiliser une partie de cette liste, la liste entière, une partie maintenant et une autre partie plus tard», a précisé Mme Malmström. Ces taxes ou contre-mesures sur les produits de cette liste portent sur un total de 2,8 milliards d’euros qui ne couvrent pas la totalité des dommages infligés à l’industrie européenne, mais permettent à l’UE d’être dans le cadre de l’OMC. Et pour protéger l’industrie sidérurgique européenne, l’UE prépare également des mesures dites de «sauvegarde» qui, selon les règles de l’OMC, sont possibles si un afflux soudain d’importations perturbe «sérieusement» ou menace de perturber une industrie nationale. La commission européenne avait déjà ouvert une enquête auprès des producteurs européens d’acier fin mars. Elle dispose de neuf mois pour prendre des mesures. Parmi les pays qui s’inquiètent des conséquences des surtaxes américaines, le Canada, principal fournisseur d’acier des Etats-Unis, devant le Brésil, la Corée du Sud et le Mexique. Ottawa a d’ores et déjà imposé 16,6 milliards de dollars canadiens de taxes punitives, soit 12,8 milliards de dollars américains, sur des produits américains. Le Premier ministre canadien, Justin Trudeau, a affirmé, jeudi soir lors d’une conférence de presse, que les tarifs douaniers américains étaient «totalement inacceptables». Mexico a, de son côté,  prévenu de «représailles commerciales» à venir. «Le Mexique imposera des mesures équivalentes sur divers produits», dont certains aciers, des fruits et des fromages, a annoncé dans un communiqué le ministère de l’Economie, et celles-ci «seront en vigueur tant que le gouvernement américain n’éliminera pas les taxes imposées». Le président Donald Trump avait imposé, le 23 mars dernier, des droits de douane de 25% sur les importations d’acier et de 10% sur les importations d’aluminium aux Etats-Unis, en invoquant la section 232 du Trade Expansion Act de 1962, qui permet de restreindre les importations de biens jugés préjudiciables à la sécurité nationale. Mais il avait accordé une exemption à l’UE, au Canada et au Mexique, qui courait jusqu’à hier, afin d’encourager des négociations commerciales sur d’autres dossiers. Le secrétaire américain au Commerce a estimé, jeudi, que les négociations commerciales avec l’Union européenne avaient progressé, mais pas assez pour justifier une prolongation des exemptions de droits de douane au-delà du 1er juin.  


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