Misogynie, alerte rouge sur Facebook



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La technologie sert le crime. Les criminels et délinquants de tout acabit le savent et mettent chaque jour un peu plus l’outil informatique et internet au service de leur déviation sociale. Hier, la Toile algérienne (une partie du moins) s’est scandalisée devant des post appelant les jeunes Algériens à organiser et perpétrer des actes d’agression à l’acide contre des femmes dont la tenue vestimentaire est jugée non conforme à la morale islamique. Le message en arabe posté sur Facebook par un certain Amir Boukli Hassen, partagé par une page du nom de «Ce qui se passe ici reste ici», peut être traduit ainsi : «Les jeunes, faisons un truc sympa. Si vous rencontrez une femme en collant ou dénudée, jetez-lui une ampoule d’acide au visage et fuyez. Elle sera ainsi défigurée. Je jure que de cette manière aucune chienne ne sortira dehors.» Impossible d’authentifier le profil Facebook ou d’en savoir plus sur la date du post. Quoi qu’il en soit, il s’agit bel et bien d’un appel au crime ; un acte très grave qui réveille en nous des souvenirs traumatisants d’une époque sinistre qu’on croyait naïvement révolue. Une initiative barbare qui exige une réaction ferme de la part des pouvoirs publics car incitant publiquement à une violence généralisée. D’autant plus que parmi la population des facebookers algériens, une grande partie est composée d’adolescents encore non immunisés contre la misogynie ambiante et incapables de discernement. Impossible aussi de ne pas faire le lien avec l’agression de la jeune joggeuse algéroise, voilà une semaine, et le partage de l’opinion publique en deux camps adossés aux projets de société antagoniques qui s’affrontent en Algérie depuis au moins 30 ans : ceux, passifs ou actifs, ayant soutenu la joggeuse au nom de la liberté, et ceux ayant désigné «la cuisine» comme la place naturelle et unique de la femme. Ni l’agression de la joggeuse ni la passivité des gendarmes devant sa plainte ne sont des actes isolés. Les attaques à l’acide pratiquées par les premiers groupes de Frères musulmans et durant les années FIS ont certes disparu, mais l’obsession du corps de la femme chez le camp islamiste et l’hypocrisie des institutions politiques, elles-mêmes sous l’emprise de l’idéologie wahhabite, ont fait de l’espace public un enjeu à gagner par la violence, une violence par la suite banalisée. Comment expliquer, sinon, la violente réaction à l’égard de l’initiative d’une poignée de femmes et d’hommes sortis courir, samedi dernier à Alger et Constantine, en signe de soutien à la joggeuse ? La levée de boucliers, également portée par des médias ultraconservateurs débridés, illustre la peur de ce camp face au moindre élan social contre le projet obscurantiste. Un projet liberticide qui agit par le prosélytisme et la mobilisation générale, mais aussi en usant de violence quand il se sent menacé. Le post sur Facebook dont il s’agit ici relève de ce type de réactions. Les réseaux sociaux — davantage Facebook — contiennent 80% des crimes et délits électroniques en Algérie. Plus de 2400 ont été traités en 2017 par la Sûreté et la Gendarmerie nationales. L’Algérie a adapté ses lois pour faire face à ce nouveau type de crimes et délits nés avec la démocratisation d’internet et l’avènement des réseaux sociaux. La création d’organismes de lutte et de prévention, comme le Centre de prévention et de lutte contre la criminalité informatique et la cybercriminalité (CPLCIC), relevant de la Gendarmerie nationale témoigne de cette volonté. Mais aujourd’hui, l’opinion publique a le sentiment que ces outils ont été créés pour contrôler l’opposition politique et les libertés citoyennes et non pas pour protéger l’Algérie et les Algériens. La célérité et le zèle avec lesquels sont appréhendés et condamnés des bloggeurs comme Merzouk Touati n’ont pas d’égal quand le pouvoir et ses symboles ne sont pas visés. Un deux poids deux mesures souligné d’ailleurs par les internautes scandalisés, hier, par l’appel à l’agression des femmes. 


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