Jogging, foot féminin et… wahhabisme



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Le Ramadhan se termine. Qu’en retenir ? Je n’évoquerai pas Ferhat Mehenni, Arezki Aït Larbi, dans une remarquable tribune, a dit l’essentiel. En revanche, retenons ces images joyeuses de femmes d’Alger et Constantine ayant participé le 9 juin dernier au «footing de solidarité», en réaction à l’agression dont a été victime la jeune Ryma parce qu’elle faisait son jogging quotidien avant l’heure de rupture du jeûne au lieu d’être à la cuisine (dixit ses agresseurs) !  
«Arwahi tadjri» («viens courir» en arabe algérien) lancé par Radio-M a vite fait le tour des réseaux sociaux. Et ce 9 juin, elles étaient plusieurs centaines, dont Ryma, à parcourir joyeusement les 5 km de la promenade des Sablettes qui longe une partie de la baie d’Alger. Certaines brandissaient des pancartes sur lesquelles était écrit en arabe populaire : «Ma place est là où je veux, pas à la cuisine.» Ce 9 juin, ce fut une vraie fête et c’est ainsi que devrait être le mois de Ramadhan. Je me souviens, ado à Climat-de-France, on jouait au foot avant la rupture du jeûne. Ah, j’oubliais, ce 9 juin, il y avait aussi des hommes qui couraient. 
Que Ryma porte le voile, cela n’a pas empêché les tenants de l’ordre moral wahhabite de l’agresser verbalement et physiquement, alors que jusque-là ces gens-là expliquaient que si des femmes sont agressées c’est parce qu’elles ne portent pas une tenue en conformité avec les «valeurs islamiques», les leurs bien sûr ! Et, malgré son voile islamique, aucun religieux, à ma connaissance, n’a élevé la voix pour défendre la jeune Ryma. 
Femmes toujours, puisqu’il est question de sport, saluons la qualification, sans bruit, en plein Ramadhan, de l’équipe nationale féminine de football contre celle d’Ethiopie. Une qualification peu médiatisée – hormis à ma connaissance Canal Algérie et le site Dzfoot – alors que ces jeunes joueuses, malgré le lourd climat éthiopien, sous une pluie battante, ont comme on dit mouillé le maillot.
D’ailleurs si vous jetez un coup d’œil à la presse sportive, vous ne trouverez pas un mot sur le football féminin alors qu’il existe un championnat d’Algérie féminin, rien sur ces internationales dont certaines, comme Assia Sidhoum (20 ans), viennent du lointain Québec où elles jouent dans le championnat nord-américain de football (rappelons que l’équipe féminine des Etats-Unis de football est championne du monde). 
Irrités par la sortie des femmes ce 9 juin, des appels ont été lancés par de «courageux» salafistes sur Facebook et les réseaux sociaux, afin de les agresser avec de l’acide, les qualifiant de «juives du Ramadhan. Comme quoi, il n’est pas simple d’être femme en Algérie et d’occuper l’espace, mais gageons qu’elles sauront faire face aux menaces de ces inquisiteurs à la sauce wahhabite. 
Si, s’agissant des femmes, ces wahhabites d’un autre âge s’enflamment, prêts à tout, on ne les entend jamais protester contre la spéculation effrénée et la hausse des prix. Normal, le Ramadhan, on n’invente rien, c’est le mois où les prix s’envolent et où ces messieurs en kamis vous expliqueront que ce n’est pas du vol, c’est «hallal». En matière de spéculation, de valse des prix, les salafistes, qui contrôlent également l’informel, s’y connaissent si bien que même des traders de Wall-Street y perdraient leurs boussoles. 
Et ce sont ces gens-là qu’on voit marcher d’un pas rapide vers la mosquée à l’appel du muezzin, se bousculer pour être aux premiers rangs face à l’imam, qu’on voit parfois distribuer des repas aux nécessiteux au moment de la rupture du jeûne, histoire de se montrer, car voyez-vous, il faut que le petit peuple les voit, et ainsi se faire pardonner par Dieu d’avoir fait les poches de la ménagère et des chefs de famille qui s’endettent comme pas un pour assurer le «ftour» à leurs enfants. Pour ces gens, le Ramadhan c’est plutôt le mois de la rapine que celui de la «rahma». 
Quant aux vêtements de l’Aïd que vous achetez à vos enfants, ce sont eux qui les importent. Il y a quelques années, à El-Harrach, l’un de ces marchands, un barbu au demeurant sympathique, me vantant ses produits vestimentaires, m’expliquait qu’il les faisait fabriquer en Turquie sur catalogue de mode français. Mais je n’avais pas osé lui demander si ce catalogue de mode qu’il m’avait montré en le feuilletant avec intérêt était «hallal». 
Allez, bonne fête à toutes et à tous. 
H. Z

 


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