Contribution – Lettre à Abdou Semmar

ne sois pas le dindon de la farce !



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Par Mohand Arezki – Je suis tes interventions depuis longtemps et avoue apprécier énormément les thématiques que tu abordais au lancement d’un nouveau site ; des thématiques savamment choisies et qui ne peuvent que nous atteindre au plus profond de notre amour pour ce pays, pour cette Algérie plusieurs fois meurtrie et trahie par ses propres enfants.

Hélas ! J’ai dû vite déchanter et digérer ma grande déception ; déception aussi grande que l’espoir mis dans un jeune journaliste dynamique que j’ose espérer sincère. Oui, j’ai vite compris que ces choix n’étaient, en fait, qu’un «appât attaché» à un hameçon solide ; hameçon dont les teneurs ne sont nullement apparents.

La technique est d’ailleurs utilisée par beaucoup de médias-orientés qui, au lancement, entreprennent systématiquement une étape de crédibilisation, avec des actions de conditionnement psychologique bien rodées, auprès d’un public sympathique et fort bien disponible à mordre à l’hameçon tendu en aimant le média et en souscrivant à ses ligne et thèses.

Cette étape de préparation psychologique est toujours marquée par des reportages ciblés réalisés avec la plus grande intégrité morale et une justice et justesse sans failles. Tes entretiens avec des compétences algériennes établies à l’étranger et savamment choisies, puisque méprisées et marginalisées en Algérie et courtisées et admirées à l’étranger, font partie de ce conditionnement machiavélique.

Aussi, la mise en scène de ton départ d’un site, sous prétexte de manque de courage et de probité à dénoncer la corruption (sic), et le lancement d’un autre pour des raisons éthiques furent la première action de ce processus conditionnement. Mais qu’en était réellement de ce site : un média d’investigations ? Sûrement pas, une supercherie, oui !

Comment peut-on faire des investigations tout seul et, de surcroit, en Algérie, et de publier quotidiennement «plusieurs scoops» alors que l’investigation est, par nature, un travail de longue haleine, demandant patience et persévérance et marquée, souvent, par de longues périodes de disettes pour aboutir, parfois, sur un début de scoop.

Un travail souvent accompagné de pressions psychologiques, de sacrifices physiques, de privations matérielles, loin de toute opulence, et exigeant une disponibilité totale à la tâche, rendant ainsi impossible l’exercice de toute autre activité (sic) quand ce ne sont pas les obligations familiales qui se voient délaissées. Un travail énorme que seuls des journalistes engagés et indépendants peuvent se le permettre pour défendre un idéal auquel ils croient profondément et sincèrement.

La réalité est que toutes ces qualités font défaut à ce site qui est, présentement, entré dans sa phase de manipulation volontaire d’un public pré-conditionnée, notamment en se jouant le rôle d’une boîte aux lettres dans laquelle des commanditaires «postent» des dossiers à diffuser ; des commanditaires qui, je suppose, t’ont garanti protection et bienveillance !

Une boîte aux lettres utilisée par des tiers, à première vue, uniquement pour assouvir des petites vengeances touchant des corrompus de tous bords et de toutes régions. Mais à y regarder de plus près, cet organe est exploité dans un schéma plus global avec une stratégie plus vaste et dont t’es loin de saisir tous les enjeux. Sans m’étaler sur ce plan global, je donne ici deux exemples récents pour montrer ton parti pris loin de la vérité et de la probité que tu dis rechercher.

Oui, je suis abasourdi par la force qui est la tienne à défendre l’indéfendable en ce qui concerne la probité supposée d’un Hamel et son implication dans l’affaire des 701 kg de cocaïne. Tu ne prends pas de gants à mettre tout sur le dos de son chauffeur personnel en trouvant des prétextes ! Avec tous tes scoops, t’aurais pu savoir, avant l’éclatement de l’affaire, les agissements de ce chauffeur ! Sauf si c’est ce chauffeur qui te déposait des dossiers «scoops» !

Certes, cette affaire est d’une dangerosité extrême et qui est , sûrement, exploitée aussi pour des raisons politiques, soit ! Mais pourquoi cet acharnement à défendre la famille Hamel alors qu’au-delà de cette affaire, et ce depuis longtemps, des Algériens parlent de leurs agissements et leurs accaparations de biens, surtout dans l’Ouest algérien ? Tu peux en parler même si ce n’est pas un scoop.

Mais cette affaire ne devrait pas nous rendre aveugles quant à l’autre danger qui guette l’avenir de notre peuple. Je veux parler de la privatisation en cours de Sonatrach au profit des Américains. Une privatisation en bonne et due forme qui se fera au travers la nouvelle loi des hydrocarbures dont l’élaboration est confiée aux Américains en contrepartie, notamment, d’un soutien américain au cinquième mandat.

Pire que la loi Chakib 2005, cette nouvelle loi signera la mise à mort de notre peuple et ce pour longtemps. Une privatisation à l’image de ce qui s’est fait en Russie durant les années 1990 qui se traduira forcément par de la misère et la famine et qui obligera notre pays à l’endettement extérieur.

Malheureusement, faisant fi de tous ces dangers, et pour des desseins qui sont les tiens, tu n’arrêtes de faire l’éloge et la promotion d’un Ould-Kaddour, en adoubant l’ensemble des choix et actions qu’il entreprend, même si elles vont à l’encontre de l’intérêt suprême de notre pays et de celui de notre peuple.

Je suis ébahi devant ton acharnement à encourager l’exploitation du gaz de schiste alors que plusieurs pays l’ont interdit chez eux en raison des conséquences dramatiques que cela pourrait engendrer sur les terres et les populations. L’avis des Algériens du Sud, t’en as cure !

Consterné devant les arguments que tu avances quant à l’intérêt de l’achat d’une raffinerie vieillissante, proche du démantèlement qu’autre chose, à l’étranger alors, pour ne citer que ce risque, qu’un simple changement de la fiscalité dans ce pays pourrait nous coûter trop cher sans pouvoir riposter !

Amertumé par ta défense de la décision d’Ould-Kaddour de sous-traiter l’élaboration de la loi d’hydrocarbure à des cabinets américains, en arguant leur professionnalisme supposé, alors que cette décision pourrait mettre à mal la sécurité nationale et anéantir complètement et définitivement le peu de souveraineté nationale qui nous reste. Alors qu’en toute rationalité, cette loi stratégique et vitale doit être élaborée en Algérie par des Algériens et ce dans la confidentialité la plus totale puisque relavant de la sécurité nationale.

Tu défends bec et ongles Ould-Kaddour alors que sa seule obsession est de punir ce peuple et ce pays où il a été emprisonné deux ans pour espionnage : pour lui, oui, nous devons payer !

Pour finir, je te rappelle que l’éthique journalistique dont tu te réclames voudrait que tu rapportes au moins l’information sur les agissements du fils d’Ould-Kaddour tels sortis dans les Panama Papers ! Mais oui, tu n’as pas reçu le feu vert !

Malheureusement, toi et tes semblables faites beaucoup de mal à notre pays ; pire que la corruption matérielle, vous intervenez dans la corruption morale et de la pensée. Peut-être que l’appât du gain est tentant ! Hélas, tu défends des thèses sur commande. Tu fais semblant de côtoyer des démocrates mais, en réalité, ta proximité voulue avec des démocrates et des opposants n’est qu’un paravent qui finira par tomber : je pense notamment à tes interventions sur Al-Magharibia ou à ta sympathie avec Djamel Benchenouf dont l’idéal démocratique est sans limite.

Sache en tout cas que tous ceux qui ont agi comme toi dans le passé, et ils étaient nombreux, ont tous fini à la manière d’un mouchoir de papier : après utilisation, ils sont jetés à la poubelle. Comme le dit bien l’adage : l’idiot utile finit d’être utile mais restera idiot.

A toute fin utile : en 2014, plusieurs journalistes des médias en ligne ont été exploités et ont appuyé, volontairement ou pas, le 4e mandat. Lui, il a gagné. Eux, ils ont gagné matériellement mais ont beaucoup perdu moralement. L’Algérie, elle, en a souffert, meurtrie et trahie par ses propres enfants encore une autre fois !

Fraternellement.

M. A.


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