Décryptage. Comment la mauvaise qualité du système d’enseignement cause le sous-développement de l’Algérie



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Les études macroéconomiques ont démontré que les périodes de croissance soutenue de la production nationale par unité de production vont de pair avec des améliorations en matière d’instruction, de nutrition, de santé et de mobilité. Elles ont administré la preuve qu’il existe, tant dans les pays industriels que dans les pays en développement, une corrélation positive entre l’investissement qu’une nation effectue dans l’éducation, et sa croissance économique.

La hausse de la demande et les contraintes budgétaires en Algérie ont mis en lumière
les faiblesses du système de l’éducation. On constate une inefficacité importante dans
l’affectation des ressources. La majorité du budget sert à couvrir les frais de fonctionnement (salaires) et de maintien des équipements et des infrastructures au détriment du développement et de l’innovation. En conséquence, la qualité de l’enseignement s’est détériorée et l’efficacité interne du système a été affectée.

Les inégalités régionales sur le plan de l’accès risquent d’augmenter et les subventions
publiques sont insuffisamment ciblées. Le problème est plus marqué dans le cas de
l’enseignement supérieur où l’État prend en charge 90% des dépenses. Cela s’est traduit par une offre excédentaire de diplômés, qui ne possèdent pas les qualifications adaptées au
marché du travail, et qui risquent d’avoir de grandes difficultés pour trouver un emploi.

Le système de la formation professionnelle est coûteux, mal piloté et ne répond pas
aux besoins réels en compétences des secteurs économiques porteurs de l´économie. Il est axé sur la formation initiale et résidentielle des élèves qui abandonnent le cycle de l’enseignement de base ou secondaire. En l’absence de concurrence entre les centres de formation, la qualité est affectée et les programmes ne répondent plus aux besoins de l’économie de marché.

En 2011 le taux de chômage a été évalué en Algérie à 10%, par l’ONS. Il est donc
égal à celui de l’année 2010 et légèrement inférieure à celui de 2009 (10,2%), mais en net recul par rapport à 2008 (11,3%). Cette situation pose en fait la question de la soutenabilité du processus de création de l’emploi en Algérie. Les secteurs créateurs d’emplois sont non seulement tributaires de la dépense publique mais également à faible productivité ou générateur d’emplois à prédominance temporaire (BTP).

Cette situation montre la fragilité de l’économie algérienne et pose la question de la capacité du système productif algérien à soutenir un processus auto entretenu de création d’emplois économique. La croissance peut être obtenue par une amélioration de la qualité du travail. L’Algérie s’est engagée à mettre en œuvre la charte euro-méditerranéenne pour l’entreprise et parmi les 10 domaines d’action inscrits dans la charte, elle a choisi de concentrer ses efforts sur les 3 domaines suivants: simplification des procédures, éducation à l’entrepreneuriat et information ciblée au bénéfice des entrepreneurs. Les actions menées dans le cadre des programmes communautaires de coopération montrent la nécessité de renforcer et de dynamiser des centres d’appui technique afin de les adapter aux exigences nouvelles liées à une multiplication des opérateurs dans un même secteur.

Ces centres doivent fournir des services qui répondent aux besoins d’opérateurs en
situation de concurrence et qui encouragent l’innovation. Le rôle de ces structures doit être
complété et renforcé par l’introduction d’approches «qualité» au sein des entreprises. Au
rythme des innovations, les produits, les méthodes mais aussi les entreprises, leurs
localisations et les qualifications se renouvellent. Une fois les entreprises algérienne
parviennent à se réorganiser et les salariés à maîtriser ces technologies, la croissance de la
productivité commence à s’accélérée.

Si le progrès technique est une des sources essentielles de la croissance économique.
L’accumulation du capital, sous toutes ses formes, contribue à long terme au progrès
technique et participe à l’entretien de la croissance. L’investissement productif, qui permet
l’accumulation du capital physique et la mise en œuvre de l’innovation technologique,
modernise le stock de capital, ce qui augmente la productivité.

L’impact d’un investissement dépend de son efficacité. En tant qu’élément de la
demande globale, il influence à la hausse le PIB tant que son flux reste continu. La grande
capacité d’investissement en Algérie est source de la rente pétrolière. Les résultats de
l’opportunité créée par cette manne financière seront d’autant plus conséquents s’il y a une
amélioration du choix des projets, de leur encadrement administratif, du climat des affaires et une participation du secteur privé au financement et à l’exploitation.

Certains investissements sont générateurs d’externalités positives qui alimentent la dynamique de croissance auto-entretenue. C’est le cas des investissements en capital humain. C’est également le cas des investissements en recherche et développement et des
investissements dans certaines infrastructures publiques, comme par exemple, l’extension de la couverture GSM et l’amélioration des performances des réseaux de téléphonie mobile ou de l’ADSL et de la fibre optique. D’autres peuvent avoir des conséquences néfastes sur
l’environnement. Le rôle du progrès technique est ici ambigu, puisqu’il génère des atteintes à l’environnement tout en apportant des solutions. Les OGM (organisme génétiquement
modifié) sont probablement le meilleur exemple des débats actuels sur les effets
environnementaux du progrès technique.

Les facteurs politiques et culturels interviennent dans la croissance. L’Etat peut être un
obstacle au développement. Un Etat de droit et la stabilité politique sont des éléments clés.
Les cultures ont un impact différent sur le développement selon qu’elles poussent au développement de soi, à la compétition et à la réussite matérielle ou au contraire, elles
privilégient le loisir, les relations interpersonnelles.

Faciliter le libre-échange international encourage la croissance économique en
s’intégrant dans le processus de réduction de la protection douanière et non douanière; et en accompagnant la libéralisation des échanges avec des politiques sociales adaptées.

Certaines institutions contribuent à la croissance économique. Elles favorisent alors le développement économique de long terme en stimulant l’investissement et l’esprit d’entreprise.

Si l’entreprise et le marché jouent un rôle décisif dans l’industrialisation et le développement, l’Etat intervient en créant des bases institutionnelles qui accélèrent le processus, comme le FMI ou l’OMC.

Pour soutenir la dynamique de croissance, il faut mettre en place d’autres types
d’institutions de réglementation des marchés. Ces institutions s’occupent des effets externes et des économies d’échelle ; ce sont les organismes de réglementation des télécommunications, des transports et des services financiers. Des institutions de stabilisation des marchés garantissent une inflation faible, réduisent au minimum l’instabilité macroéconomique et évitent les crises financières, comme les banques centrales, les régimes de change et les règles budgétaires.

Des institutions de légitimation des marchés fournissent une protection et une assurance sociales, organisent la redistribution et gèrent les conflits, ce sont les systèmes de retraite, les dispositifs d’assurance chômage et autres fonds sociaux.

La libéralisation du commerce en Algérie se poursuit dans le cadre de la mise en
œuvre de l’accord d’association avec l’Union européenne ainsi que des négociations
d’adhésion à l’OMC. Les droits ont été réduits au cours de ces dernières années et la
nomenclature tarifaire a été rationalisée. La mise en œuvre intégrale de l’accord avec l’UE est un véritable défi. Les sujets d’inquiétude concernent en particulier la nécessité d’améliorer l’administration des douanes et la logistique commerciale.

Depuis septembre 2005, l’accord d’association (AA) régit les relations bilatérales entre
l’Union européenne et l’Algérie. Il établit, au terme de 12 ans, une zone de libre échange
(ZLE) entre les deux parties. L’accord constitue le cadre de la coopération entre l’UE et
l’Algérie, dans les domaines politique, économique, social, scientifique et culturel. L’accord
contient également des dispositions permettant de couvrir tant les questions politiques que les questions de migration.

L’extension des libertés économiques est également une condition de la croissance, on
pense notamment à la liberté d’entreprendre, la liberté des personnes et des biens. De même, avoir une économie de marché est source de croissance. Les pays ayant eu une économie de marché en opposition à une économie planifiée ont eu de meilleurs résultats.

A l’opposé, certains environnements institutionnels sont défavorables à la croissance
économique. Dans les pays en guerre, instables politiquement, ou encore fortement gangrenés par la corruption, le cadre institutionnel devient un frein au développement économique. C’est le cas aussi de pays où l’activité économique est monopolisée par une minorité au pouvoir qui détourne les richesses à son profit et qui empêche l’existence d’un marché concurrentiel.

L’abondance de ressources naturelles crée des conditions propices à la corruption et
aux gaspillages. Ce sont ces dernières qui causent un effet négatif sur la croissance et non pas les ressources naturelles en tant que telles. Il faut mentionner, comme facteur de la croissance étroitement lié au progrès technique, la disponibilité de sources d’énergies relativement bon marché et capables de faire fonctionner les machines.

Les origines de la croissance en Algérie doivent s’établir donc sur les axes suivant:

 Tout d’abord, la croissance économique doit être favorisée par l’ouverture de l’Algérie
à l’économie de marche, profitant ainsi des avantages classiques de la liberté
d’entreprendre, de la concurrence et, surtout pour ce pays, de l’insertion dans les
échanges mondiaux qui favorise les exportations hors hydrocarbure.

 D’autre part, l’encouragement à l’épargne doit faciliter le financement des
investissements (accumulation du capital), indispensables à la croissance, en mettant à
la disposition des entreprises des capitaux mobilisables. Ces investissements vont
permettre une augmentation des capacités de production, facteur direct de croissance
du PIB.

 Le développement des produits nouveaux et de meilleure qualité ce qui élargit la
demande et augmente la compétitivité hors prix de l’industrie nationale. L’innovation
est donc un puissant facteur de croissance.

 L’amélioration de l’efficacité des biens d’équipements et des procédés nationaux. Au
fur et à mesure que le pays se développe les coûts de sa main-d’œuvre deviennent de
plus en plus élevés. L’économie est donc condamnée à élever son niveau de
productivité si elle veut rester compétitive en matière de prix.

La comparaison du classement des pays en fonction du seul PIB par tête et en fonction
de l’IDH permet de souligner que le développement humain ne se limite pas à la croissance de la production. Cependant, l’IDH apparaît lui-même comme insuffisant pour rendre compte du bien-être, d’autres indicateurs ont été construits pour mesurer notamment la pauvreté ou la situation spécifique des femmes.

Par Achour Tani Yamna, Docteur en sciences économiques et commerciales, diplômé de l’université de Tlemcen 

 


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