Tribune. L’Algérie peut elle encore être sauvée ?



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Cette question hante les esprits de nombreux concitoyens. Aussi, convient-il de la traiter, de la manière la plus lucide. À première vue, la réponse est négative, tant le désastre est grand, sur tous les plans, après deux décennies de gestion suicidaire.

Il ne reste qu’un mince espoir, qui est dicté par l’instinct de survie propre au genre humain.
L’histoire retiendra que l’élection de 2014 aura été celle de la dernière chance, comme je l’affirmais alors.  Elle jugera impitoyablement le régime de BOUTEFLIKA et ceux qui l’ont amené. Avec du recul, on dira aussi que le désastre à commencé avec le coup d’Etat de l’été 1962.

Qui est le véritable responsable de ce désastre ? Les dictateurs qui ont pris le pouvoir à l’indépendance ou la colonisation française qui a détruit notre société en profondeur ? Ou bien encore la colonisation ottomane qui a préparé le terrain à la colonisation française ? Ou les colonisations antérieures qui ont amené toutes les autres ?

Jusqu’où faudra-t-il remonter ?

Nous ne pouvons plus faire l’économie de ce type d’interrogations et continuer à nous gargariser de l’héroïsme de nos chouhadas, de nous flatter d’avoir arraché notre indépendance contre la 4ème armée du monde, cela ne suffit pas pour construire un État.

Les causes de l’accumulation des désastres subis depuis au moins la chute de l’empire Almohade (fondé par l’Algerien Abdelmoumen au 13eme siècle sont à rapprocher des défaites de 1830 et celles de 1516. Elles tiennent à là disparition de la volonté de vivre libres, ensemble. Volonté qui ne peut exister et se cimenter que sur la base de valeurs communes et d’une solidarité nationale sans failles. Ibn Khaldoun appelait cela la “Açabia”.

Mais nous ne pouvons plus être gouvernés comme autrefois par cet “esprit de corps” (traduction du concept de Açabia), car nous avons à faire face aujourd’hui à des États modernes, dotés de frontières définies et évoluant au sein d’une communauté internationale constituée d’Etats aux frontières définies.

Nous avons pêché au niveau de la construction d’un État moderne, et tout indique que nous ne savons toujours pas comment le construire. Ni comment insérer cet État au sein de la région qui est son environnement naturel, historique.

Seule l’exaltation d’un nationalisme bien pensé, d’une absolue modernité, impitoyable quand il faut écraser tout ce qui pourrait lui faire obstacle, pourrait éventuellement nous sauver en tant que nation souveraine.

Il faudrait œuvrer à la prise de conscience générale de cette nécessité et travailler, sur cette base, à rassembler toutes les forces vives du pays pour réussir à sauver ce sauvetage.

C’est ce qu’a entrepris de faire le mouvement Mouwatana, qui a commencé par définir clairement les valeurs qui doivent sous tendre ce rassemblement. En attendant d’élaborer, d’ici la rentrée sociale, un projet de réformes politiques et institutionnelles, qui servira de plateforme pour une transition démocratique.

Un petit grain d’espoir, certes, mais un espoir tout de même.
Son succès passe par l’affirmation de la citoyenneté et de la démocratie, mises au service du seul intérêt national, par une totale abnégation et par le dépassement de toute ambition personnelle.

L’histoire de nombreuses nations qui ont vécu des périodes aussi sombres que la notre nous sera certainement utile. Je pense en particulier à la renaissance japonaise, sous la férule de l’empereur MEIJI, à la fin du 19eme siècle. Le 1er Novembre 1954 et la plateforme de la Soumam nous ont offert aussi un exemple de ce que peut être une grande révolution nationale. Mais notre peuple était trop faible, trop peu instruit. Et, à l’indépendance, notre peuple était exsangue et ne disposait pas d’un encadrement suffisant en nombre et en qualité pour concrétiser le rêve nationaliste de nos glorieux aînés.

Pour préciser la centralité de la question du nationalisme, par rapport aux questions d’ordre identitaire, j’aimerais ajouter un élément d’une importance cruciale. Aucune colonisation passée n’a pu vaincre notre islamité, pas plus que notre arabité ou notre amazighité. Pas même le colonialisme français, le plus féroce d’entre tous.
Il est donc inutile de penser que le rappel permanent et l’utilisation politique de ces trois constantes nous sauveront.

Ce qui nous manque, et qui nous sauvera, c’est le nationalisme, mais un nationalisme ouvert sur le monde, nourri de ce qui a fait la force des autres nations. Pas un nationalisme étriqué et chauvin, qui sert de paravent aux intérêts personnels, au népotisme, au tribalisme et au clanisme.

La seule volonté de défendre notre islamité n’a jamais réussi à nous protéger de la régression. Cette islamité est trop enracinée au sein de notre identité pour être menacée par quiconque. Elle a servi, en revanche, à légitimer la colonisation ottomane. Elle a aussi servi à endormir notre vigilance nationale, comme en témoigne l’investissement par la FRANCE coloniale de mouvements rétrogrades d’essence religieuse comme les Zaouia, devenues les auxiliaires de l’armée coloniale.

Plus près de nous, et dans tout le monde musulman, des mouvements ont instrumentalisé L’Islam à des fins politiques, faisant le bonheur des dictateurs en mal de légitimité et des grandes puissances qui ont compris que l’islamisme est l’ennemi du nationalisme. Même Israël a compris tout l’intérêt à exploiter ce filon, pour détruire nos États naissants et asservir nos peuples.

Voilà pourquoi Mouwatana a inscrit, parmi ses valeurs et principes la non utilisation de la religion à des fins politiques…

Par Ali Benouari 


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