Exclusif. Comment l’institution militaire a repris le contrôle du pouvoir en Algérie



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Deux fois par semaine. C’est le nombre des rencontres qui réunissent chaque semaine le Président Abdelaziz Bouteflika avec le Chef d’Etat-Major de l’Armée Nationale et Populaire (ANP), Ahmed Gaïd Salah. Deux réunions organisées chaque semaine et à chaque fois dans le même endroit : la très secrète résidence présidentielle de Zéralda, a-t-on appris au cours de nos investigations. 

Ces rencontres ne relèvent pas seulement de l’entrevue amicale. A chaque fois, l’ambiance est très studieuse et les discussions durent longtemps, parfois même très longtemps. Le chef des forces armées rend compte au Président Bouteflika et lui explique des tenants et aboutissants des nouvelles mesures prises au sein des corps constitués de l’Etat. Des institutions dont le contrôle a été repris entièrement par l’institution militaire, a-t-on pu confirmer auprès de plusieurs sources très sûres.

Abdelaziz Bouteflika a délégué des pouvoirs très élargis au général-major Ahmed Gaïd Salah depuis l’éclatement du scandale de la cocaïne du port d’Oran. L’objet des manœuvres est clairement assuré par les deux hommes, les deux piliers du système politique algérien : réduire drastiquement l’influence malsaine du pouvoir de l’argent sur les affaires politiques. Au bout de plusieurs discussions, Ahmed Gaid Salah a convaincu le président de la nécessité d’assainir l’appareil de l’Etat et l’entourage du Chef de l’Etat.

Et pour ce faire, une seule méthode : la fermeté et la discipline militaire ! Ahmed Gaïd Salah a commencé par confectionner la liste des hauts responsables qui doivent être limogés. Il a, ensuite, récupéré le contrôle de la DGSN qui lui échappait entièrement à cause de ses relations très froides avec le général Abdelghani Hamel. Désormais, la police est dans son giron et le Président Bouteflika lui a officiellement demandé de superviser et d’accompagner le colonel Mustapha Lahbiri dans cette mission de “nettoyage” qui lui a été confiée.

Dans les rangs de la gendarmerie nationale, Ahmed Gaïd Salah a imposé ses hommes et ses fidèles compagnons. Toutes les personnes qui ne sont pas proches de son entourage ont été exclus, remplacés ou mis à la retraite. Le chef d’Etat-Major de l’ANP s’est assuré de sélectionner de nouveaux colonels et hauts responsables qui lui vouent une admiration et obéissance aveugle. Au ministère de la Défense Nationale, Abdelaziz Bouteflika a approuvé la feuille de route proposée par Ahmed Gaïd Salah.

Une revue générale des troupes a été lancée. Ahmed Gaïd Salah commence par placer son fidèle collaborateur le général Mohamed-Salah Benbicha au poste du directeur du personnel. Et d’autres changements sont en cours de finalisation. Selon investigations, Ahmed Gaïd Salah va doter le ministère de la Défense nationale d’un nouveau secrétaire général et plusieurs directions connaîtront des remplacements et des mises à la retraite. Mais avant cela, l’homme fort de l’ANP a résolu un problème délicat : il a remplacé deux charismatiques chefs de régions militaires qui étaient pressentis pour le remplacer ou lui succéder. 

Plus personne ne pourra faire de l’ombre au puissant Ahmed Gaïd Salah. Il dégomme toutes les personnes qui gênent son pouvoir et placent toujours des hommes de confiance dont le première critère de sélection est, avant-tout, la fidélité absolue. La DGSN, la gendarmerie, les régions militaires et bientôt… les services secrets ! Oui, l’autre corps sécuritaire stratégique de l’Etat algérien est en train de connaître ses premiers changements et des annonces importantes devront se faire dans les jours, voire semaines à venir.

En clair, grâce au travail de sape accompli par Ahmed Gaïd Salah, l’institution militaire a repris le contrôle de l’ensemble des institutions les plus sensibles du pays. L’institution militaire n’a jamais été aussi puissante et influente politiquement. Et la seule bouche qu’il faut aux oreilles d’Abdelaziz Bouteflika est celle de  son ami : Ahmed Gaïd Salah. Algérie Part a appris enfin que ce dernier sera associé activement dans le choix de la future composante du nouveau gouvernement qui est en cours de préparation dans les officines de la résidence présidentielle de Zéralda. Une nouvelle composante dans laquelle Ahmed Gaid Salah pourrait bénéficier d’une très stratégique promotion, à savoir hériter tout bonnement du poste du… ministre de la Défense Nationale. Ce qui permettra au patron de l’armée de jouir d’un statut politique entièrement assumé et validé par le Chef de l’Etat. Et après ce remaniement gouvernemental, un large mouvement dans le corps des walis sera opéré.

La clé de tous ces changements est entre les mains d’Abdelaziz Bouteflika et Ahmed Gaïd Salah. Aucune autre personne ne fait partie de ce cercle, très restreint, de décision. Tous les autres groupes ont été écartés de la zone d’influence du clan présidentiel. Abdelaziz Bouteflika lui-même refuse d’écouter et de rencontrer les anciens conseillers et “amis” qui veulent lui chuchoter des informations, propositions ou suggestions. Le pouvoir, le vrai, est uniquement entre les mains d’Abdelaziz Bouteflika et son compagnon le général-major Ahmed Gaïd Salah.

 


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