Djamel Allam inhumé à Béjaïa

Sous les youyous des anges



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Ils sont venus de France, mais aussi de toutes les contrées que Djamel a sillonnées pendant les 50 longues années de sa carrière pour porter ses chants et son art là où le portaient son cœur et son parcours de barde des temps modernes.

En homme d’ouverture sur le monde, en poète universel qui habillait de belles mélodies les mots qu’il puisait de sa vie de troubadour, Djamel a pleinement réussi sa dernière sortie.

Il est parti sous les acclamations de la foule et les youyous des femmes, car Djamel s’est produit à rues fermées et théâtre bondé pour sa dernière représentation. L’antique théâtre du TRB, ce lieu mythique d’une culture bougiote millénaire, ces planches usées par tant d’artistes de renom qui ont été témoins de ses premiers levers de rideau, ont été aussi témoins des adieux de l’artiste à son vaste public.

Djamel a réuni une dernière fois cette grande foule, où se côtoyaient citoyens anonymes, chanteurs illustres, hommes des arts et des lettres, fans éplorés, figures du monde politique et poétique et de la société civile. C’est le tout-Algérie de l’art qui est venu dire adieu à l’un de ses plus brillants enfants, car Djamel a toujours été l’un des enfants les plus brillants de cette grande famille qui avance contre vents contraires et marées qui tirent vers l’arrière.

Il faudrait une page de journal pour citer toutes les stars de la chanson venues dire adieu à Djamel. Toute la matinée d’hier, depuis l’arrivée de la dépouille du défunt artiste sur le tarmac de l’aéroport Soummam-Abane Ramdane le matin, ils étaient des milliers de personnes, au domicile familial comme au théâtre de la ville, à vouloir envoyer, par leur simple présence, un message de reconnaissance, un remerciement muet, pour ce que Djamel a été de son vivant.

Un remerciement pour avoir illuminé leur vie par toutes ses œuvres de lumière qui ont jalonné sa carrière : Thela, Ouretsrou, Maradyughal, Djawhara, Awid Afoussim, Les youyous des anges et tant d’autres.

Avant la levée du corps, l’oraison funèbre a été lue par Hafid Djemaï, ami de longue date, musicien et compagnon de route du défunt. Hafid est revenu sur le parcours de Djamel, des premières notes égrenées sur les premières guitares au conservatoire de musique de Cheikh Saddek Abjaoui, à son long parcours dans la chanson et le cinéma, en passant par ce petit métier d’agent machiniste dans un théâtre parisien où il a côtoyé Georges Brassens, Jean Ferrat, Bernard Lavilliers, Hugues Aufray, Jacques Higelin, Léo Ferré, le duo Arezki et Brigitte Fontaine, Renaud et tant d’autres étoiles, dont certains allaient devenirs ses amis.

«Djamel avait de multiples talents, c’était un artiste pluriel, un amoureux des arts et des lettres, épris de littérature, de théâtre, de cinéma et de tout ce qui sublime l’art de vivre, qui lisait deux à trois livres par semaine et 5 à 6 journaux par jour.

J’ai toujours été subjugué par son érudition, sa grandeur d’esprit, son incommensurable culture acquise grâce à sa soif d’apprendre, sa curiosité et surtout son sens aiguisé de l’analyse de ce qu’il observait autour de lui. Djamel s’est forgé tout seul en authentique autodidacte», dira Hafid Djemaï.

Très ému, le compositeur et musicien Safy Boutella, qui a été avec Djamel Allam jusqu’à ses derniers instants, dira de son ami : «Ce que je sais de Djamel, ce n’est que de la douceur et du talent, de l’humour et de la poésie, de la gentillesse et du bon sens, de la grandeur d’âme et du patriotisme, car il aimait son pays plus que tout et son pays dans son entièreté, avec aucune différence, avec, surtout, aucune forme de régionalisme.

Djamel s’est toujours adressé à tous les enfants d’Algérie sans distinction, tantôt en kabyle, tantôt en arabe, tantôt en français. Il était pluriel parce que c’est ça l’Algérie aussi.

Elle est plurielle et riche de ses cultures diverses. Djamel était pour moi un juste, car toujours soucieux de justice sociale et attentif, par exemple, au statut de la femme. C’était un juste et un humaniste.»

Kamel Hamadi, pour sa part, dira que Djamel aurait été très content de voir une foule aussi nombreuse lui exprimer autant d’amour. «C’était un artiste propre, qui a apporté du nouveau à la chanson et son nom restera gravé au panthéon de l’Algérie. Je le connais depuis ses débuts et on s’est toujours vus et revus. Je lui ai composé plusieurs chansons, mais vers la fin de sa carrière et de sa vie, il aimait beaucoup les paroles et la poésie.

Il disait vouloir chanter ce poème que j’ai composé en l’honneur des artistes. Je vous en donne lecture : ”Si themzziw elfen vghighth, a laaza awal ma yewzen, awal yelhan tsnadhigheth, ghas thikwal ifaden urzen, dhamaagh ats ved tmazighth, w ad chekragh wid tsijerzen.”»

Les membres de la famille du défunt artiste, notamment ses deux fils et son frère, se sont aussi exprimés pour remercier les nombreux présents. La dépouille fut ensuite dirigée vers la mosquée Sidi Soufi pour la prière du mort, puis la foule compacte composée d’artistes, d’officiels et d’anonymes, s’est dirigée vers le vieux cimetière Sidi Mhamed Amokrane pour la mise en terre.

Djamel Allam dort désormais aux côtés de son père. Comme ces vieux eucalyptus et oliviers géants et centenaires à l’ombre desquels il repose, il a su, en géant de la chanson, tirer le maximum de ses racines pour s’élever vers la lumière. 


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