Maurice Audin

quand l’ambassade de France insiste sur la déclaration de Macron



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Par Hani Abid – Une semaine après sa diffusion, la déclaration du président français, Emmanuel Macron, sur Maurice Audin vient d’être republié dans sa version traduite en arabe et adressée aux médias.

L’ambassade de France insiste sur cette déclaration, qui a été pourtant largement diffusée ici et en France. Il est clair qu’en la rediffusant en langue arabe, l’ambassade de France chercherait un meilleur impact à cette déclaration et le geste fait par le président Macron à l’égard de la famille Audin.

Un geste qualifié d’historique par ses partisans en France, mais considéré comme insuffisant en Algérie en ce sens qu’il se limite à la reconnaissance d’un seule crime abominable du système colonial dans une Algérie de 1,5 million de Chahids.

L’insistance de l’ambassade de France intervient à moins d’une semaine de l’annonce par la secrétaire d’Etat aux armées, Geneviève Darrieussecq, d’une série de mesures en faveur des harkis.

En décidant de faire un geste à l’égard des harkis, le président Macron compte en effet contrebalancer ses déclarations en faveur de Maurice Audin, dans un jeu d’équilibriste des plus difficiles. Le président Macron avait reconnu l’existence d’un système de torture légalement institué dont a été victime Maurice Audin.

«Quoi qu’il en soit précisément, sa disparition a été rendue possible par un système dont les gouvernements successifs ont permis le développement : le système appelé «arrestation-détention» à l’époque même, qui autorise les forces de l’ordre à arrêter, détenir et interroger tout «suspect» dans l’objectif d’une lutte plus efficace contre l’adversaire», avait-il affirmé le 13 septembre courant, ajoutant que «ce système s’est institué sur un fondement légal : les pouvoirs spéciaux. Cette loi, votée par le Parlement en 1956, a donné carte blanche au Gouvernement pour rétablir l’ordre en Algérie. Elle a permis l’adoption d’un décret autorisant la délégation des pouvoirs de police à l’armée, qui a été mis en œuvre par arrêté préfectoral, d’abord à Alger, puis dans toute l’Algérie, en 1957».

Le Président Macron a par conséquent décidé qu’il était temps que la Nation accomplisse un travail de vérité sur ce sujet. Il reconnaît, au nom de la République française, que Maurice Audin a été torturé puis exécuté ou torturé à mort par des militaires qui l’avaient arrêté à son domicile. Il reconnaît aussi que si sa mort est, en dernier ressort, le fait de quelques-uns, elle a néanmoins été rendue possible par ce système «arrestation-détention», légalement institué.

Pour le président français, «ce système a été le terreau malheureux d’actes parfois terribles, dont la torture, que l’affaire Audin a mis en lumière. Certes, la torture n’a pas cessé d’être un crime au regard de la loi, mais elle s’est alors développée parce qu’elle restait impunie. Et elle restait impunie parce qu’elle était conçue comme une arme contre le FLN, qui avait lancé l’insurrection en 1954, mais aussi contre ceux qui étaient vus comme ses alliés, militants et partisans de l’indépendance ; une arme considérée comme légitime dans cette guerre-là, en dépit de son illégalité».

S’il a reconnu l’existence de ce système, Emmanuel Macron n’avait aucunement évoqué sa responsabilité dans la disparition et l’assassinat de milliers voire de dizaines de milliers de révolutionnaires algériens.  Le président Macron s’est contenté de souhaiter que «toutes les archives de l’Etat qui concernent les disparus de la guerre d’Algérie puissent être librement consultées et qu’une dérogation générale soit instituée en ce sens». Ce qui est en deçà des attentes des Algériens pour apaiser les mémoires. 

H. A.


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