Salon de la production locale à Boumerdès

Les investisseurs font part de leurs difficultés



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Le Salon de la production locale a été organisé du 17 au 20 du mois en cours par la Chambre de commerce et d’industrie «Sahel» à Boumerdès, en collaboration avec la direction du commerce et celle de l’industrie et des mines de la wilaya.

Pour de nombreux participants, cette rencontre «a été encore une fois l’occasion de mettre à nu les difficultés auxquelles font face les entreprises algériennes, malgré la gamme de produits hautement compétitifs que nous proposons au public. D’ailleurs, le slogan de cette manifestation, ‘‘La qualité et le prix en harmonie’’, reflète assez bien le niveau atteint par la production nationale, notamment du secteur privé», dit un exposant, spécialisé dans l’ébénisterie.

Le plus grand problème est sans conteste celui du foncier. Un jeune chef d’une micro-entreprise, spécialisée dans le «nouveau meuble» met en avant la cherté de la location d’un petit hangar dans la localité de Khemis El Khechna qui lui coûte mensuellement 150 000,00 DA, se plaint-il, ajoutant : «Cette somme est l’équivalent de 40% de mes charges.

En plus, même si je reçois beaucoup de commandes, l’exiguïté des lieux ne me permet pas de satisfaire la demande de meubles en PVC. C’est un savoir-faire high-tech.» Son voisin, qui produit des lavabos, des meubles pour salles de bain, desks de réception et autres plans de travail pour cuisines en matière Corian pour des hôtels et des hôpitaux n’est pas mieux loti. Il loue une grange, qui était à l’origine un poulailler.

Il avoue : «Cette année, j’ai failli fermer à deux reprises en raison des conditions de travail difficiles dans ce réduit de 500 m2, alors que j’ai besoin de 1000 m2.» Ces deux microentreprises, qui intéressent déjà des clients étrangers pour lesquels ils ont effectué des installations, se plaignent de la marginalisation. Selon eux, «les grandes entreprises sont privilégiées».

A Hamadi, l’entreprise DYDO, qui exporte déjà vers 4 pays de l’Afrique et du Moyen-Orient des cacahuètes enrobées et d’autres confiseries, n’a qu’un espace étroit, loué de surcroît, ne lui permet pas de concevoir une extension. De même pour l’entreprise Kawa Food, activant dans le même secteur. «J’ai beaucoup de commandes, mais il est impossible d’y répondre favorablement. Mon dossier est déposé au niveau des Domaines depuis un an, il est bloqué au niveau du Cadastre pour une sombre histoire d’un document.

A ce jour, je continue à louer au prix fort, alors que j’ai besoin d’une extension. Pourtant j’emploie 247 travailleurs et m’apprête à renforcer les équipes par une autre de 60 nouveaux employés», dit ce chef d’entreprise. Ces cas, pris parmi les 60 participants au Salon, prouvent que le phénomène de la pénurie du foncier industriel est alarmant au niveau de la wilaya Boumerdès.

Ecueils à l’exportation

Le problème du foncier a, bien sûr, une conséquence directe sur la production et sur l’exportation. Un entrepreneur qui produit difficilement en raison des frais importants de la location et de l’exiguïté des lieux ne peut même pas honorer ses commandes. En outre, il y a d’autres écueils qui se dressent. «Le commerce informel est un souci majeur dans l’écoulement des marchandises en raison de la concurrence déloyale. En effet, en dépit des normes européennes de mes produits, des marques moins scrupuleuses provenant de marchés asiatiques parasitent le marché.

Pourtant, la qualité de mes produits est recherchée dans le continent africain. Autre problème, j’ignore les procédures d’exportation. On n’est pas assisté par des organismes compétents», lâche M. Zamoum, gérant de Divindus MCM, spécialisée dans les ustensiles et constructions métalliques à Si Mustapha. Des entrepreneurs comme lui sont nombreux.

Algex, qui est un organisme chargé d’accompagner les exportateurs algériens, devrait, dans cette optique, se rapprocher plus des entreprises réticentes à avoir un réflexe de recherche de l’information.

Le paradoxe est là : aussi bien M. Zamoum qu’Algex étaient présents à ce Salon, mais aucun ne s’est rapproché de l’autre. Les anciennes mentalités ont la peau dure. Toutefois, la représentante d’Algex a résumé les difficultés des entreprises algériennes à l’exportation au niveau de l’emballage des produits qui ne répond pas aux normes du marché extérieur. L’option marketing reste, ainsi, faible au niveau de nos entreprises. Les secteurs qui arrivent à exporter actuellement sont l’agriculture, l’artisanat et l’agroalimentaire.

Selon M. Khadraoui, président de la Chambre de commerce de la wilaya de Boumerdès, il y aurait plus d’une quarantaine d’entreprises exportatrices sur les 88 inscrites en tant que telles sur le registre du commerce. Mais, il faut nuancer ces données par le fait que certains exportateurs sont déclarés au niveau du Calpi. Enfin, il faut souligner la présence et le rôle de la plateforme web Made In Algeria. Prestataire de service, elle arrive à mettre en contact plus de 65 000 entreprises référencées. Les 2 et 3 octobre prochain, elle organisera à Lico, en Tunisie, l’événement Africa’up, où plus de 1000 participants seront conviés, dont 300 start-up, pour suivre les interventions d’une cinquantaine d’experts et autres managers.

La formation est aussi un préalable dans la connaissance des techniques managériales et une bonne prise de pression des expériences et des marchés. Ce que peu d’entrepreneurs algériens consentent à admettre.


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