Le Front Polisario donne une leçon de géopolitique au grand duc de Luxembourg



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Par Sadek Sahraoui −Le grand duc Henri de Luxembourg devra certainement réfléchir à deux fois avant de se rendre de nouveau dans les Territoires sahraouis occupés illégalement par le Maroc pour y pratiquer du sport comme il vient de le faire récemment. Dans un communiqué relatant ses exploits sportifs, ses services ont commis «l’erreur» de dire qu’il s’était rendu au Maroc et non aux Sahara Occidental occupé. Or, ni les Nations unies ni même le Luxembourg ne reconnaissent l’annexion de ce territoire riche par le Maroc.

Cette visite privée du chef de l’Etat luxembourgeois dans le territoire occupé a donc été interprétée aux yeux de l’opinion comme un soutien au Maroc dans sa politique de normalisation de faits accomplis contraire au droit international. L’autre bévue tient au fait que le grand duc s’est rendu au Sahara occidental avec la permission du gouvernement marocain, qui contrôle militairement la ville de Dakhla. Le voyage du grand duc luxembourgeois n’est donc pas allé sans soulever des problèmes d’ordre juridique.

Le communiqué du palais a en tout cas surpris : la Cour peut-elle ignorer l’existence de ce conflit géopolitique ? Il est permis d’en douter : tous les voyages du grand duc sont encadrés par des mesures de sécurité importantes, même lorsqu’il part en vacances. Est-il possible que la Cour ait voulu prendre une position politique en approuvant en public l’annexion par le Maroc du Sahara Occidental ? Possible.

Ainsi qu’il fallait donc s’y attendre, le représentant européen du Front Polisario à Bruxelles, Mohamed Sidati, a vite réagi et envoyé une véhémente lettre de protestation au ministre des Affaires étrangères du duché du Luxembourg, Jean Asselborn.

Pour Mhammad Khaddad, un autre responsable du Front Polisario, la visite du grand duc à Dakhla est assurément une affaire politique : «Cette visite du grand duc à Dakhla occupée est un pas dans l’illégalité. C’est un manquement au droit international. Et à la décision de la Cour européenne, dont le siège est à Luxembourg, et qui dit que le Maroc et le Sahara sont deux territoires distincts et séparés. Et le Luxembourg, en tant que petit pays et petit peuple, qui a été plusieurs fois occupé, est bien placé pour comprendre ce que c’est que l’occupation. Et bien entendu, s’il existe aujourd’hui, c’est par respect de la légalité et du droit international».

Sollicité, le palais explique que le grand duc Henri ne s’est pas rendu à Dakhla pour une visite officielle, mais à titre «strictement privé». Mais pour beaucoup d’observateurs, l’argument ne tient pas la route. Le professeur Thomas Giegerich, spécialiste en droit européen et international à l’Institut Europea de l’Université de la Sarre, a expliqué à ce propos à un média luxembourgeois que le grand duc, en tant que dirigeant européen, représente toujours l’Etat luxembourgeois. Dès lors, même lorsqu’il est en vacances, ajoute-t-il, le grand duc est tenu de respecter les positions européennes. En l’occurrence, que le Sahara Occidental ne se trouve pas au Maroc.

Selon le professeur Giegerich, seul le Front Polisario, et non le gouvernement marocain, pouvait autoriser, au nom des Sahraouis, un chef d’Etat étranger à se rendre à Dakhla. Mhammad Khaddad regrette de ne pas avoir reçu de demande officielle en ce sens de la part du Luxembourg.

Acculé et face au vent de réprobation soulevée par cette virée sportive, le palais luxembourgeois a fini par rétropédaler et modifier les informations disponibles sur son site. L’annonce des vacances grand-ducales ne mentionne plus le Maroc comme destination, mais parle uniquement de Dakhla. Une cinglante défaite diplomatique de plus pour le Makhzen qui a gaspillé des millions de dollars en lobbying et en cadeaux. Cet argent n’a servi à rien puisqu’aucun pays de l’UE ne reconnait sa souveraineté sur le Sahara Occidental et la Cour de justice de l’UE (CJUE) qui est installée au Luxembourg (comble de l’ironie pour le grand duc) a clairement établi que le territoire du Sahara Occidental est séparé et distinct du Maroc !

Il convient également de noter que les plus hauts responsables européens ont réaffirmé à maintes reprises l’impératif du respect des arrêts de la CJUE. C’est le cas du président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, qui a affirmé à l’occasion de son discours sur l’état de l’Union devant le Parlement européen à Strasbourg le 12 septembre 2018, qu’«il y a un point sur lequel nous ne devons pas transiger : les arrêts de la Cour de justice de l’Union européenne doivent être respectés et exécutés. C’est essentiel. L’Union européenne est une communauté de droit. Le respect de la règle de droit et le respect des décisions de justice ne sont pas une option mais une obligation.»

S. S.


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