Le cours du pétrole est coté dans la matinée du 21 septembre 2018 à 79,32 dollars le Brent et 70,72 le Wit. Quels sont les dix déterminants le cours du pétrole interdépendants, facteurs essentiellement exogènes avec une dominance des facteurs géostratégiques et quels impacts de la 10e réunion Comité ministériel conjoint de l’OPEP et non OPEP (JMMC) qui verrait une participation record avec 24 pays qui ont confirmé leur présence, dont 10 ministres de l’Énergie le 23/09/ 2018 à Alger , chargé du suivi des accords de Vienne et d’analyser l’évolution de la conjoncture pétrolière. Cette réunion se tient dans une conjoncture particulière, les sanctions contre l’Iran qui selon l’agence Reuters serait absente de cette réunion, et les menaces récentes du président américain le 20 septembre 2018, demandant à l’OPEP d’accroitre sa production afin de faire baisser les prix.
La première raison, sont les tensions géostratégiques au Moyen Orient les sanctions des USA contre l'Iran, où toute transaction en dollars avec ce pays est interdite qui bouleversent toute la stratégie de l’OPEP, certes timidement atténué par la position européenne. La donne géostratégique dont les tensions avec l’Iran, qui reproche d’ailleurs à la Russie et à l’Arabie Saoudite de vouloir lui prendre des parts de marché, et selon l’agence Reuters le ministre iranien n’assisterait pas à cette réunion, sauf surprise de dernière minute, la situation sécuritaire en Irak, Syrie, au Nigeria et au Yémen, le déclin de la production vénézuélienne, dans cette conjoncture particulière a fait hausser le cours d’au moins 7 à 9 dollars par baril, le prix d’équilibre arrangeant tant producteurs que les consommateurs selon les avis des experts russes et saoudiens étant de 70 dollars.
-La deuxième raison, liée à la précédente, du fait de la dominance du dollar dans les transactions internationales, l’euro progressant lentement, qui influe le cours à la hausse est la difficulté de combler les exportations de l’Iran d’environ 2,7 millions de barils jour avec les risques du développement d’un marché informel inférieur au prix du marché ? Qu’en sera t-il en cas de vives tensions du fait que l’Iran contrôle le détroit d’Ormuz situé dans une zone stratégique à l’extrémité des eaux du Golfe, entre l’Iran au Nord, Oman et les Emirats arabes unis au sud ,ou transite environ 30% des exportations mondiales d’hydrocarbures ? Telle est l’équation géostratégiques échappant aux fondamentaux qui peut avoir des incidences sur le cours du pétrole. Qu’en sera t-il d’une manière opérationnelle, où le 16 septembre 2018 selon plusieurs quotidiens et agences internationales l'hebdomadaire Der Spiegel, le quotidien économique Handelsblatt. et l’AFP les Européens envisagent d'instaurer un circuit commercial alternatif, une sorte de troc à grande échelle, pour contourner les sanctions américaines et permettre à l'Iran de continuer à exporter du pétrole vise par des canaux de paiement indépendants du dollar ? Si par exemple l'Iran vendait du pétrole à une entreprise espagnole, et qu'un fabricant allemand de machines-outils équipait une installation à Téhéran, la somme correspondant à la livraison du pétrole servirait directement à payer le fournisseur allemand. C’est selon ces quotidiens, du troc sophistiqué, l'acheteur payant des droits de compensation qui donnent à l'Iran un droit d'achat de biens de première nécessité", précisant que des pays tiers comme la Chine ou l'Inde pourront y être associés. Pour l’instant l’Iran les seuls marchés potentiels se trouvent en Asie et notamment en Chine, l’Iran pouvant être payés en yuan. Pour preuve, le retrait de Total a été comblé par le géant pétrolier chinois où Les ’investissements massifs de la Chine, en n’oubliant pas l’Afrique, en Iran risquent de bouleverser toute la carte géostratégique de la région.
-La troisième raison, comme vient de le souligner le FMI et la Banque mondiale est la croissance qui risque de chuter avec les rivalités à la fois américano -européennes et américano chinoise sur les mesures protectionnistes US ayant un impact négatif sur le commerce international, certains organismes comme la Morgan Bank avertissant sur les possibilités d’une crise équivalente à celle de 2008 avec le ralentissement de l’économie mondiale. Mais l’on doit être attentif également aux nouvelles mutations du mode de croissance du fait de la quatrième révolution économique mondiale impliquant un nouveau modèle économique et énergétique (efficacité et mix) Une étude de l’OPEP montre en moyenne que la rentabilité pour bon nombre pays OPEP pour équilibrer leur budget, le prix qui couvre les frais et une marge de profit raisonnable, doit se situer entre 70/90 dollars, variant selon les pays et la durée de vie des gisements et des couts. Le grand problème sera de revoir la politique des subventions des énergies fossiles qui pénalisent la transition énergétique. Chaque année dans le monde, 5. 300 milliards de dollars (10 millions de dollars par minute) sont dépensés par les Etats pour soutenir les énergies fossiles, selon les estimations du Fonds monétaire international (FMI) rapport pour la COP21. Or, il semble bien que la majorité des dirigeants du monde ont pris conscience de l’urgence d’aller vers une transition énergétique. Car si les Chinois, les Indiens, le continent Afrique, avaient le même modèle de consommation énergétique que les USA, il faudrait cinq fois la planète terre. En cas d’une mutation du modèle de consommation énergétique au niveau mondial, cela pourrait influencer horizon 2025/2030/2040, le niveau des prix des énergies fossiles vers le bas au profit d’autres sources d’énergie.
-La quatrième raison, est qu’avant de décider d’une réduction de la production de 1,2 millions barils/ jour, l’OPEP représentait seulement 33% de la production mondiale commercialisée mondiale, les, n’ayant plus le même impact sur le marché que dans les années 1970, 67% restants se faisant hors OPEP qui ont décidé de réduire de 558.000 barils/jour, est le respect, globalement, du quota des membres de l'Opep décidé en décembre 2016 à Vienne. Mais bon nombre d’experts s’interrogent sur la tentation pour les producteurs de «maquiller» des déclins naturels, liés à l’épuisement de certains gisements et déjà intégrés aux prévisions, afin de les faire passer pour des réductions volontaires et l’agence Reuters début septembre a signé que certains pays dont l’Irak n’aurait pas respecté leurs quotas.
-La cinquième raison, est l’introduction du pétrole-gaz schistes américain qui a bouleversé toute la carté énergétique mondiale. Selon les observateurs internationaux, le cours souhaitable ne devrait se situer à pas 70 dollars pour ne pas pénaliser la croissance mondiale et afin d'éviter l'entrée massive du pétrole et du gaz de schiste US dont les gisements marginaux, qui sont les plus nombreux, deviennent rentables à un cours supérieur à 60 dollars.
-La sixième raison, est l'entente hors Opep entre l'Arabie saoudite et la Russie, ces deux pays produisant plus de 10 millions de baril/ jour
.-La septième raison, est la situation politique en Arabie saoudite, les Bourses ne voyant pas encore clair de l'action du prince héritier dans la lutte contre la corruption, avec la crainte de tensions politiques internes, mais surtout de la vente de 5% d'actions d'une partie de la grande société Aramco, afin de maintenir l'action à un niveau élevé, vente qui a été reportée pour 2019 .
-La huitième raison, est la tension au Kurdistan, cette zone produisant environ 500.000 barils/jour, la baisse de la production vénézuélienne, les tensions en Libye et au Nigeria
-La neuvième raison, est la baisse ou la hausse du dollar par rapport à l’euro, avec un cours le 21 septembre 2018 un cours de 1,1785 dollar un euro. .
-La dixième raison, est la baisse ou la hausse des stocks américains tout en n’oubliant pas les stocks chinois
En conclusion, existe deux scénarios extrêmes. En cas de crise équivalente à celle de 2008, le cours du pétrole risque retomber à moins de 60 dollars. En cas où les grands producteurs ne combleraient pas la production iranienne, le cours pourrait franchir la barre des 80 dollars, ce prix échappant totalement aux fondamentaux économiques. Comme je l’ai démontré dans une intervention le 20 septembre à la radio publique chaine 1 le 20 septembre 2018, il ne faut pas être utopique, la 10e réunion Comité ministériel conjoint de l’OPEP et non OPEP (JMMC) étant composé de quatre pays membres de l'OPEP (Algérie, Arabie Saoudite, Koweït et Venezuela) et de deux pays non membres de l'OPEP (Russie et Oman) qui se tiendra en principe le 23 septembre 2018 à Alger n’influera pas sur le cours, les tensions géostratégiques actuelles étant déterminantes. Pour l’Algérie, en ce mois de fin septembre 2018, Sonatrach c’est l’Algérie et l’Algérie c’est Sonatrach et encore pour bien longtemps procurant directement et indirectement 98% des recettes en devises du pays, facteur principal de la dépense publique qui détermine le taux de croissance, le taux de chômage, le niveau des réserves de change et l’audience internationale tant politique qu’économique. Cette réunion ne concerne pas le prix de cession du gaz que les recettes de Sonatrach sont représentés à environ 33% par le gaz dont le prix de cession sur le marché libre est coté le 19 septembre 2018 seulement à 2,93 dollars le MBTU, soit une baisse de plus de 40% par rapport à 2010 alors que l’investissement dans le gaz est très capitalistique et à rentabilité à moyen et long terme. Qu’en sera t-il des nouvelles négociations lorsque les contrats dans leur majorité arrivent à expiration fin 2019? Toutefois, une satisfaction de court terme pour l’Algérie suite à une conjoncture favorable pour 2018. La loi de finances a été établie à 50 dollars le baril. Pour un cours moyen de 70 dollars durant toute l’année, cela occasionnerai environ un gain de 12 milliards de dollars par rapport à ce plafond, ce qui limiterai le recours important au financement non conventionnel dont montant s'est établi à 3.585 milliards de dinars jusqu'au 31 mai 2018. Mais attention aux dérives car contrairement aux discours démagogiques, cela a un effet inflationniste, lorsque ces montants ne sont pas destinés aux segments non créateur de valeur ajoutée dans le cadre des valeurs internationales. C’est une loi universelle et l’expérience récente la plus vivante est celle de la faillite vénézuélienne, première réserves pétrolières au monde, près de 300 milliards de barils contre 10/12 pour l’Algérie. Des expériences à méditer pour l’Algérie. Comme le montre les expériences également de bon nombre de pays d’Afrique, les ressources naturelles n’ont pas fait leur développement. En ce XXIème siècle, avec les profondes mutations géostratégiques et économiques mondiales 2020/2030, le développement durable d’une Nation passe par la valorisation du savoir et la bonne gouvernance dans le cadre des valeurs internationales. Evitons l’illusion de la rente éternelle, source de démotivation et de corruption ce que l’on appelle le syndrome hollandais.