Elle attend un meilleur statut

La belle histoire de la Villa Abdeltif



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Située en contrebas du monument Maqam Echahid et du bois des arcades de Riadh El Feth à Alger, la villa Abdeltif qui accueille des expositions et des ateliers d’artistes est un lieu qui incite à la créativité.

Nichée dans un havre de paix verdoyant, la Villa Abdeltif qui a une longue et belle histoire est une maison calme entourée de jardins fleuris et de verdure. Avec sa magnifique vue sur la baie d’Alger, elle invite à la détente et à la sérénité. Ce havre de paix verdoyant qui a été restauré il y a quelques années mérite plus d’attention. On devrait y organiser plus d’activités culturelles. Ayant subi l’outrage des hommes, l’usure du temps et le squat d’indus occupants à une certaine époque, cette demeure palatiale raconte et chuchote à l’envi son passé prestigieux. Restaurée à grands frais, elle retrouve quelque peu son lustre passé, dépouillée, cependant, de sa vocation du début du XXe siècle, de pensionnat des artistes, comme la renommée villa Médicis et la Casa Vélasquez. Désignée comme un centre de recherche, de documentation et d’archives des arts plastiques, la villa Abdeltif se transforme en un laboratoire artistique. On se demande si on va retrouver ce lieu d’une beauté exceptionnelle, qui a réuni, par le passé, les orientalistes du début du siècle et des personnalités du gotha littéraire et des arts ?

Monument historique

Construite au XVIIe siècle et réaménagée par Gabriel Darbéda en 1905, la villa Abdeltif est classée monument historique en 1922, puis en 1967. Elle constitue un haut lieu de mémoire important du patrimoine archéologique.
Cette demeure rénovée est un joyau architectural avec son magnifique jardin dont les diverses espèces florales issues du Jardin d’essais devaient l’objet d’un projet de restauration. De visu, elle a retrouvé sa fraîcheur avec ses fameuses céramiques aux tons vifs, ses galeries en arcades, ses escaliers de marbre et ses colonnes en tufs. Pour rappel, au regard de l’état d’abandon et de dégradation bien avancé, la villa Abdeltif a connu une traversée du désert ; suite à l’inertie des autorités, elle a été squattée par quatorze familles en 2002. A la patine du temps s’est greffée la négligence des hommes, faisant de cette habitation une ruine et de ses abords un immense dépotoir rempli d’immondices. Devant l’état d’urgence, en raison des profondes lézardes et effondrements de plafonds et de murs, les autorités alertées prirent en main les travaux avec vélocité suite au séisme du mois de mai 2003. Mais ce n’est qu’en juin 2005 que la restauration a débuté dans cet important domaine. Reportée, elle reprit réellement en janvier 2006. Celle-ci s’inscrit dans le cadre d’un plan de sauvegarde et de préservation du patrimoine historique initié par le ministère de la Culture, circonscrivant toutes les demeures illustres du fahs abandonnées de la capitale dans un état de déliquescence. Cette restauration, qui dura 24 mois, a touché la demeure principale, sa douera, son ryadh, ses portiques, libérant l’ensemble des constructions anarchiques initiées par les divers squatters.

Un système d’irrigation exceptionnel

Le hangar colonial a été transformé en cinq grands ateliers, aux larges verrières avec vue sur mer, et l’ex- infirmerie militaire, qui existait à l’époque coloniale, modifiée en studios pour artistes dans les années 1950, a retrouvé sa mission de lieu de résidence.
Cette intervention architecturale a pris en charge la stabilisation des désordres statiques, la réfection des planchers, la restauration et la restitution de la faïence, ainsi que le revêtement des sols, et tous les travaux de menuiserie. Au cours de ces multiples travaux, un système d’irrigation, supposé de l’époque ottomane, complètement enfoui sous les décombres, a été découvert par l’équipe d’architectes restaurateurs et archéologues. En raison de la proximité du Musée des beaux-arts, il est prévu, comme projet à moyen terme, de faire soit une passerelle ou un passage pour qu’il y ait une liaison entre ces deux édifices culturels. En outre, il s’avère qu’un projet de restauration du jardin est en voie de concrétisation pour classer son système d’irrigation comme patrimoine hydraulique historique, ainsi que les différentes espèces végétales.
La villa Abdeltif a pour projet de rassembler toutes les archives relatives aux arts plastiques. Elle doit abriter des expositions permanentes et autres temporaires. Historiquement, cette habitation cossue, propriété de Ali Agha, un riche notable, passa aux mains de Agha Hadj Mohamed Khodja, puis fut achetée par Abdeltif Sidi Mahmoud qui lui annexa le jardin mitoyen. En 1834, l’administration française l’expropria et dès 1907, elle devint un hôpital pour les soldats français convalescents, puis la Maison des artistes, toutes disciplines confondues, plasticiens, sculpteurs et graveurs de la métropole. Les premiers pensionnaires, souvent des orientalistes comme Paul Jouve, Alfred Chataud, Pierre Poisson, Léon Cauvy, Joseph Sintés, animèrent des ateliers de peinture, tout en peignant des toiles remarquables. De cette période, la villa a vu la création prolifique de près de 700 tableaux par ces innombrables artistes-peintres. Ces œuvres constituent de nos jours un fonds important du Musée des beaux-arts et ont servi à la restitution des lieux d’origine dans l’œuvre de restauration. A cette époque, chaque année, quatre artistes primés en métropole étaient hébergés durant une année dans de spacieux appartements de cette habitation.

Duhamel, Le Corbusier et Marx y ont séjourné

En 1867, sous l’obédience du duc de Malakoff, la villa Abdeltif sera annexée au Jardin d’essais par le biais de l’expropriation des terrains appartenant à la famille Abdeltif. Cet aristocrate effectua des expériences sur les produits du jardin. Il est à signaler que de 1906 à 1954, ce lieu servit de résidence à des personnalités du monde des lettres et des arts. Georges Duhamel, André Maurois, Le Corbusier, André Lhote et Karl Marx (1883), hôtes de marque, y séjourneront de nombreux mois. Fernand Pouillon, célèbre architecte français très apprécié en Algérie, se porte acquéreur de la villa et accueille un grand nombre d’artistes, elle sera la villa des artistes. Déclarée bien vacant en 1962, Pouillon entame des travaux d’agrandissement très critiqués par ses pairs. André Ravereau, alors architecte des monuments historiques, émet un avis défavorable. S’en suivirent d’autres rénovations qui défigurèrent à jamais le complexe palatial. Malgré les affres du temps et l’irresponsabilité des hommes, la villa Abdeltif a cœur de retrouver ses lettres de noblesse. Cet espace à la fois séduisant et convivial ne sert que rarement de lieu d’exposition. Le ministère de la culture pourrait lui attribuer un statut plus important.

K – A.


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