«Nous n’avons pas de centre de décision»



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– Cette rentrée sociale s’annonce houleuse. Plusieurs secteurs sont en ébullition et les représentants des travailleurs menacent de recourir à la rue, emboîtant ainsi le pas aux retraités de l’armée qui ont ouvert la voie avec une marche imposante. Comment expliquez-vous la multiplication des mouvements sociaux à la veille d’une rentrée sociale ?

Il faut savoir qu’ une société qui ne bouge pas est une société qui ne vit pas et cela est un très mauvais signe. Chez nous, fort heureusement, ce n’est pas le cas, puisque à chaque rentrée sociale, nous constatons un dynamisme et une société qui s’exprime, qui bouge et qui ose revendiquer ses droits socioprofessionnels.

Des actions émanant de syndicats ou d’autres organisations structurées et bien organisées sont un signe de bonne santé. Cela dénote de la vitalité de la société. Pour moi, l’effervescence à la veille d’une rentrée sociale est un fait classique et récurrent, seulement je n’écarte pas le risque de dérapage dans le cas où les pouvoirs publics tournent le dos aux préoccupations et revendications légitimes des manifestants.

– Vous dites que ces actions prouvent la vitalité de la société, mais est-ce que ces mouvements ne sont pas la résultante d’un marasme social ?

C’est effectivement le cas. Il y a un marasme politique. Aujourd’hui, tout le monde le dit, la société algérienne est dans le flou, rien n’est clair, nous n’avons aucune visibilité. 2018 et 2019 sont des années charnières : sur le plan politique, il y a la préparation de l’élection présidentielle, il y a aussi le dossier de la corruption et toutes les questions qui en découlent, notamment l’affaire de la cocaïne, Sonatrach…Les Algériens ne savant plus ce qui se trame en haut lieu, ils sont dans l’expectative.

Et sur le plan économique, il y a le problème du pouvoir d’achat et de l’inflation. Face à cette situation, la société, à travers ses syndicats et autres organisations revendicatifs, occupe le terrain en tentant des actions visibles, mais non tolérées par le pouvoir. Oui, il y a un marasme et la vie politique est morose, les partis politiques, qu’ils soient au pouvoir ou dans l’opposition, n’arrivent pas à s’implanter, et de ce fait la société a été vidée de toutes ses activités politiques.

– Mais à qui est-ce la faute, si les partis n’arrivent pas à s’implanter ?

C’est la faute au système. Celui-ci non seulement empêche les partis politiques et les compétences de travailler afin d’émarger, mais propose à la société des personnes incompétentes «des ministres médiocres», des «guignols» qui n’ont aucun sens de la responsabilité et qui trouvent le moyen de mépriser le peuple.

Certains ministres font dans la provocation, et pour l’heure, les Algériens sont sages du fait qu’ils ne se sont pas révoltés contre ces irresponsables et contre tant de mépris de la part de ceux qui sont censés prendre en charge leurs doléances. Je ne veux pas tomber dans l’alarmisme, mais une explosion sociale n’est pas à écarter au regard des ingrédients qui ne trompent pas. Prenez l’exemple des revendications des retraités de l’armée, c’est un vieux dossier qui remonte à plusieurs années.

Ces manifestants, qui étaient au-devant de la scène durant la décennie noire, ne posent pas un problème politique – alors qu’au fond c’est une question politique – mais revendiquent leur droit socioprofessionnel afin d’être à l’abri du besoin. Pourquoi tant d’humiliation et d’indifférence ?

– Justement qu’est-ce qui empêche les autorités à régler ce problème ?

Qui va régler ce problème ? Nous avons un Premier ministre qui est effacé. Le système politique ne laisse émerger personne. Donc pour moi, Ahmed Ouyahia est juste un chef de bureau qui gère le quotidien. Toutefois, ce qui pose réellement problème c’est l’absence de centre de décision. En terme simple, l’absence du chef de l’Etat.

Nous n’avons pas de Président qui décide et tranche ce genre de question. D’habitude, il est fait appel au président de la République pour arbitrer et régler ces lourds dossiers, mais étant donné que Bouteflika est complètement absent, les pouvoirs publics recourent à la répression dans l’unique but de dissuader d’autres mécontents à agir de la sorte. La matraque comme solution au lieu d’un dialogue.


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