Le journaliste saoudien Jamal Khashoggi est porté disparu en Turquie



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Entré au consulat saoudien d'Istanbul mardi 2 octobre pour retirer des documents administratifs, le journaliste saoudien Jamal Khashoggi n'en est pas ressorti depuis. Certains craignent qu'il ait déjà été transféré en Arabie Saoudite. En exil depuis un an, il était une des voix les plus critiques envers le prince héritier Mohammed ben Salmane.


“Jamal Khashoggi est entré dans le consulat de l'Arabie Saoudite d'Istanbul en Turquie mardi après-midi, et, après plusieurs heures, on n'a toujours aucune nouvelle de lui”, écrit The Washington Post. “Nous ne savons pas s'il est détenu, interrogé ou quand il sera libéré. Sa fiancée l'accompagnait au consulat, où le couple est allé pour une démarche administrative de routine, mais elle n'a pas été autorisée à entrer.”


En fait, plus de vingt-quatre heures plus tard, on n'a toujours pas de nouvelles de cette grande figure du journalisme saoudien. Les militants des droits de l'homme saoudiens s'inquiètent en revanche d'une dépêche de l'agence de presse saoudienne SPA. Celle-ci indique qu'un “citoyen saoudien recherché pour une affaire de chèques sans provision […] qui avait fui à l'étranger a été – grâce à Dieu – arrêté et ramené dans le royaume le 22/1/1440 de l'hégire [correspondant au 2 octobre 2018]”. Il est fort possible qu'il s'agisse en réalité de Khashoggi, qui se trouverait donc d'ores et déjà sur le sol saoudien.


Plusieurs sources font état de son assassinat à l'intérieur du consulat par un commando envoyé de Ryad. Le journaliste s'était déjà présenté au consulat et lui a été signifié de revenir dans une semaine, le temps que Ryad prépare le scénario de son assassinat, ajoutent les mêmes sources.


Au début des années 2000, il était la figure de proue du courant réformateur, encouragé par le roi Abdallah. À ce titre, il avait occupé un temps le poste de rédacteur en chef du quotidien saoudien Al-Watan, très prestigieux à l'époque.
Or, depuis l'accession au trône du roi Salmane ben Abdelaziz, puis la montée en puissance du prince héritier Mohammed ben Salmane, il s'est montré de plus en plus critique. Jusqu'à partir en exil à Washington, il y a un an presque jour pour jour, le 17 septembre 2017. Depuis, il publiait régulièrement des éditoriaux très critiques envers Mohammed ben Salmane dans les colonnes du grand quotidien de la capitale américaine.


“En mars, le prince héritier Mohammed ben Salmane, lors de sa tournée aux États-Unis, a rendu visite à notre journal”, rappelle The Washington Post. “Il s'est démené pour nous vendre ses réformes. Or la détention d'un journaliste réputé dans un pays étranger et sans raison serait un nouveau rappel de l'hypocrisie et de la vacuité de la promesse d'une libéralisation de la société saoudienne.”



Cette affaire est par ailleurs un test pour les relations saoudo-turques. “Si la détention ou le kidnapping de Khashoggi s'est fait sans au moins une coopération tacite de la Turquie, cela embarrasserait le président Recep Tayyip Erdogan et détériorerait encore plus les relations bilatérales entre les deux pays.


Son visage et ses yeux ronds surmontés d'un "shmagh" blanc sur la tête sont familiers de tous les téléspectateurs des débats sur le Moyen-Orient et l'Arabie Saoudite en particulier. Jamal Khashoggi intervenait sur les chaînes d'information arabes et internationales qui le sollicitaient souvent pour ses commentaires éloquents en arabe comme en anglais. Surtout depuis qu'il a quitté l'Arabie Saoudite clandestinement en 2017 craignant d'être inclus dans le coup de filet lancé par le prince héritier Mohammed ben Salmane (MBS) contre des dizaines d'intellectuels et de religieux dans le royaume. Installé à Washington depuis, l'éditorialiste publiait régulièrement ses analyses dans plusieurs journaux arabophones ainsi qu'une chronique dans les pages opinion du Washington Post. On est sans nouvelles de lui depuis mardi et son entrée au consulat saoudien à Istanbul pour des démarches administratives. Ankara a estimé qu'il s'y trouvait toujours mais Riyad a affirmé qu'il avait quitté les locaux de la mission diplomatique après y avoir effectué des démarches mardi.


Dans un long article qu'il consacre à l'éditorialiste saoudien, David Hearst, ancien journaliste du Guardian et spécialiste du Moyen-Orient raconte comment Khashoggi est passé « de la cour royale à l'exil », selon le titre de son article. Il indique notamment que son ami, qui rejetait l'étiquette de « dissident saoudien », est « un fils de l'establishment qui, il n'y a pas si longtemps, faisait partie du cercle aveugle de la cour royale ». Proche de la branche des descendants du roi Fayçal, Khashoggi a été conseiller du prince Turki Al-Faycal, chef du renseignement saoudien au début des années 2000.
Né en 1958 à Médine, en Arabie Saoudite, deuxième ville sainte de l'islam après La Mecque, dans une famille aux origines ottomanes, il était proche des idées des Frères musulmans, même s'il n'a jamais adhéré formellement au mouvement. Comme journaliste, il s'est distingué d'abord sur le terrain en faisant ses premiers reportages en Afghanistan lors de l'occupation soviétique dans les années 1980 pour le journal anglophone Saudi Gazette. Il avait fait alors l'une de premières interviews de Ben Laden et publié la photo du fondateur d'Al-Qaeda.



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