Tribune. Et si le changement pacifique est encore possible en Algérie ?



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L’Algérie est entrée dans une année politique aussi mouvementée qu’incertaine. Si les élections présidentielles programmées en avril 2019 sont à priori le moment phare de l’année, tout indique que l’hypothèse d’un « cinquième mandat» devient de plus en plus réelle. En réalité, cette option politique signifierait, d’abord et avant tout, la perpétuation d’un pouvoir qui a montré son caractère inefficace, nocif, et préjudiciable pour l’avenir du pays. Elle indiquerait aussi que le système opaque qui gouverne le destin de l’Algérie est prêt à tout pour se perpétuer…Prenons le pari qu’un changement esthétique du personnel, tous issus de la fabrique du système, sera nécessaire, sans pour autant en modifier l’ADN. À chaque jour, les Algériennes et les Algériens ressentent davantage la gravité de la crise et l’état de déliquescence des institutions du pays. Les tristes événements qui ont ponctué l’année 2018 confirment l’accélération vertigineuse d’une fuite en avant annoncée: violence contre les médecins résidents et les retraités et invalides de l’armée, corruption et criminalité au plus haut sommet de l’État, cherté et dégradation de la qualité de vie, choléra et résurgence de maladies hydatiques, inondations et saleté environnementale, sans oublier le douloureux crash d’avion qui a causé la mort de plus de 257 personnes. Le tableau de l’année 2018 est déjà extrêmement sombre. Il renvoie l’image d’un pays souffrant, gouverné par un État impuissant, de plus en plus incompétent, lui-même affaissé par un système dont la seule obsession demeure la survie. À tout prix. Pourtant, cette situation délétère ne va pas de soi. Elle n’est imputable qu’à un régime autoritaire qui a fomenté un système politique profondément non-démocratique, et mobilisé des moyens draconiens pour démobiliser les citoyens et gérer les affaires de la cité dans l’opacité et l’exclusion. Si l’Algérie est à l’aune d’une échéance électorale symboliquement importante, le véritable enjeu demeure pour nous, en tant que citoyennes et citoyens, la lutte pour la démocratie et le changement pacifique. Car que peut-on attendre des élections présidentielles lorsque les fondements mêmes de la démocratie sont systématiquement bafoués ? Que peut-on en espérer au vu des contraintes qui pèsent sur la vie politique et associative ? Enfin, quelle est la portée de ces moments politiques lorsque le citoyen est exclu de la chose politique ? Pour le mouvement IBTYKAR, l’année politique en cours doit être un levier citoyen pour redoubler d’efforts dans l’émergence de la démocratie et la revendication de nos droits et devoirs politiques. Une année où le citoyen se connecte davantage au politique par l’exercice de la culture démocratique. C’est pour cela qu’IBTYKAR a décrété l’année 2018-2019 comme « année de la démocratie et la citoyenneté », et mis en place un agenda de travail axé sur ces enjeux. Celui-ci se décline en une série d’activités citoyennes et politiques innovantes incluant des ateliers de formation à la démocratie, des contenus numériques innovants sur les droits et les devoirs citoyens, le lancement de notre plateforme de citoyenneté numérique Mouwatana.tech et des actions politiques directes sur le terrain. Il s’agit pour nous, membres du mouvement IBTYKAR, d’accompagner les citoyennes et les citoyens et l’ensemble des composantes de la société algérienne à créer les conditions du changement pacifique tout en replaçant nos revendications démocratiques au cœur de l’engagement citoyen. Aujourd’hui, la crise multidimensionnelle dans laquelle notre pays est plongé commande un sursaut citoyen. Et c’est à nous tous, surtout à la jeunesse, de porter une voix dissidente qui refuse la résignation et la démission, et de mener une lutte pacifique qui soit à la hauteur des défis en jeu et des aspirations de tout un chacun. Ce combat pour la démocratie et le changement est nécessairement collectif afin qu’il puisse peser dans le rapport de force et porter une alternative politique réelle. Par conséquent, les élections présidentielles sont moins une finalité politique qu’un moment symbolique par lequel l’engagement citoyen et la lutte pour la démocratie doivent se réfléchir, se construire, mûrir et s’incarner en nous. La résilience dont font preuve les Algériennes et les Algériens dans leur quotidienneté laissent présager qu’une Algérie véritablement démocratique, sociale, moderne et tournée vers l’avenir n’est pas une utopie, mais une possibilité, nécessaire. Par les animateurs du mouvement IBTYKAR


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