Le silence coupable du… narco-Etat



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La maison brûle, nos majestueux dirigeants regardent ailleurs. Des têtes, de grosses têtes bien mazoutées, de la toute-puissante Armée nationale populaire (ANP), digne héritière de la glorieuse ALN, sont décapitées, empalées, soigneusement accrochées à la grille de la jeune – mais déjà grabataire – République. Mais pas de réaction officielle. Même pas un murmure et/ou une oscillation de sourcils.

Une partie du haut commandement de l’armée : cinq généraux-majors et pas des moindres, parmi eux d’ex-chefs de Région, un directeur des finances au ministère de la Défense, un ex-patron de la Gendarmerie nationale, un colonel de la sécurité de l’armée tombent, embastillés, car présumés impliqués dans l’affaire de la cocaïne : nos Bokassa se murent dans le silence.

Un silence coupable que rien ne justifie, si ce n’est l’ampleur des dégâts occasionnés par l’affaire des 701 kg de coke, parce qu’elle révèle la maffiocratie au pouvoir ayant propulsé l’«Algérie des martyrs» au rang de narco-Etat. Un narco-Etat avec ses gangs et ses cartels, miné par la corruption et l’incurie, devenant une menace potentielle pour l’équilibre et la stabilité de la région.

Ni la justice militaire (le parquet du tribunal de Blida), qui a ordonné l’arrestation, ni le parquet d’Alger, qui enquête sur l’affaire «El Bouchi», n’ont jugé utile de «communiquer» sur ce scandale à fragmentation. La loi, pourtant, autorise et incite les procureurs à éclairer l’opinion.

Cependant, les «moi, petit juge» (célèbre réplique du juge de l’affaire Sonatrach I) ne peuvent pas et/ou n’osent pas. Vite refermée, la parenthèse Zeghmati Belkacem, ancien procureur général d’Alger qui annonça en conférence de presse le lancement d’un mandat d’arrêt international contre Khelil Chakib, a décidément refroidi les plus ombrageux parmi nos magistrats réputés «vent debout» contre les turpitudes des puissants. Face au silence assourdissant des pouvoirs publics, l’«information» rapportée par Ennahar et par des webmédias, amputée de source, devient pourtant quasi officielle. Le silence des autorités valant confirmation des faits énoncés.

Ni le ministère de la Justice, ni le MDN, ni la primature, encore moins la Présidence – de loin, mais de loin seulement perçue comme «bien vacant» – aucune autorité, aucune institution, aucun pouvoir régalien ne veut, décidément, assumer ces décisions et cette chasse aux «généraux» dont les tenants et les aboutissants échappent à la loi de la gravité. Lutte contre la corruption ? Guerre des clans ? Guerre de succession ? Pression et/ou agenda étrangers ? Aucune grille d’analyse sérieusement étayée ne résistera au flou entourant cette fin de règne annoncée déjà sous le signe du chaos. Un chaos auquel appelle pieusement cette nouvelle (info ou intox) de l’arrestation du quarteron de généraux.

En effet, jamais l’Algérie n’a collé d’aussi près à sa réputation de pays ravagé par sa junte militaire (et sécuritaire). Preuve en est cette sulfureuse affaire mettant en scène des protagonistes de la version nord-africaine de «l’armée mexicaine» – les protecteurs prétoriens de la nation algérienne devenus, par le crime et la terreur, ses bourreaux – et des politiques et hommes d’affaires.  Sous le regard passif d’une galerie comptant une quarantaine de millions de spectateurs.

«Vous voulez que je fasse la révolution tout seul !» haranguait le candidat Bouteflika en septembre 1999. «Parlez-moi des généraux ! Parlez-moi de la clique des 15, des 20, peut-être des 30 (généraux)…», disait-il en guise de promesse (vaine) d’un lavement à l’esprit de sel. «Comment vous faire confiance (…) sachant que comme dans les arènes de Rome, lorsque je serai face au fauve, vous m’applaudirez moi si j’en sors vainqueur, sinon c’est le fauve que vous applaudirez.» Prémonition ?!


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