Des bavures à crever les yeux



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Par Saadeddine Kouidri – A la fin des années 1940, les militants les plus engagés, c’est-à-dire les Révolutionnaires qui allaient allumer le feu du 1er Novembre 54, n’étaient pas originaires de la même classe sociale.

En leur sein existait un clivage originel, que l’activité militante estampait, mais dont les contours allaient resurgir crescendo, surtout chez les responsables. Nous savons que la première direction de la lutte de libération était pour l’option socialiste.

Et voilà que le 18 septembre 1958, le premier Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA), qu’on peut assimiler à la deuxième direction, est confié à Ferhat Abbas, pour laisser croire au monde capitaliste que la Révolution était bourgeoise et démentir ceux qui taxaient les moudjahidine de communistes. Les tenants du projet socialiste sont, depuis, mis à rude épreuve même si paradoxalement l’image d’un bourgeois à la tête du GPRA consolidait le chemin de l’indépendance. On peut dire que, depuis, la Révolution a laissé son âme, c’est-à-dire cette intelligence d’un peuple libre d’initiative, sans pour autant y laisser sa peau.

Faire de l’histoire sans tenir compte de la lutte de classes nous invite à un éternel recommencement et préserve le système politique de toute alternative.

Juger les différends entre les leaders en dehors de ce clivage a toujours pour effet d’assimiler cette démarche à une tentative de rabaisser la lutte du peuple. C’est toujours une raison secondaire qui est évoquée par les historiens de la bourgeoisie pour reprendre à leur avantage les combats qu’ils avaient perdus. La stratégie de leurs maîtres leur dicte de nier l’existence de la lutte de classes pour faire de leur système capitaliste l’unique, l’éternel, le divin !

L’Algérie de l’espoir, c’est-à-dire celle qui est à la fois démocratique, sociale, laïque et écologique est toujours contrée par des féodalités locales, au service de l’international, à l’instar d’une cinquième colonne, jusqu’au jour où son aile la plus radicale, adossées au terrorisme, ose déployer l’étendard des wahhabites, comme ils l’ont fait jusque dans nos stades au début des années 90.

La lutte de libération portait les deux projets de société antagoniques. La lutte anticolonialiste était du ressort de tout le peuple, car l’ennemi était un étranger. Ce n’est pas le cas dans un pays indépendant où la bourgeoisie s’oppose naturellement à l’émancipation de la majorité du peuple. Cette émancipation ne peut se faire que démocratiquement. C’est la raison qui fait que pour les islamistes, elle est impie, elle et tous ceux qui la revendiquent. Tandis que le pouvoir la neutralise, opportunément, sournoisement, jusqu’à la répression de 2001 en Kabylie et jusqu’à cette crise de l’APN aujourd’hui.

Chadli considérait l’ingérence d’un ministre dans les affaires de l’entreprise économique comme un délit pénal, mais pas la violence du FIS contre les citoyens ! Dans le domaine économique, il était donc permis de couler une entreprise sans que la tutelle ne puisse s’en mêler, tout en permettant aux islamistes de tuer sans que les forces de l’ordre ne puissent intervenir.

En outre, les élections étaient pratiquées avec ceux qui qualifiaient la démocratie d’illicite avec un gouvernement qui qualifiait les élections de propres et honnêtes.

On entend dans les télés privées ceux qui condamnent l’arrêt du processus électoral et ne pipent mot sur la cause, la cause principale qui n’est autre que la violence du FIS qui l’avait engendré. Oublier la raison tout en condamnant la violence de l’armée enterre la vérité et les crimes des GIA, du FIDA et autre AIS, ces ancêtres de Daech.

Mohammedi Saïd, l’ancien colonel dirigeant de la Wilaya III, confirme «avoir donné en 1957 l’ordre du massacre de la population masculine de Melouza». C’est au nom de cette même politique de la violence contre le peuple que, plus de trente ans après, ses frères commettront les Bentalha.

A la veille des élections législatives de 1991, «Le vive Dieu !», c’est comme ça qu’il terminait ces discours, menaçait les électeurs en affirmant du petit écran de l’Etat que «le bulletin de vote est sacré et quiconque ne votera pas pour le FIS en sera comptable devant Dieu», tout en décrivant l’accoutrement obligatoire que les hommes et les femmes devraient porter après la victoire du FIS aux élections.

Il est utile de rappeler à ceux et à celles qui continuent à condamner l’arrêt du processus électoral au nom de la démocratie et en prétextant que Chadli était en mesure d’assurer le pouvoir et particulièrement à Ali Benouari, du mouvement Mouwatana, ce qu’écrivait Alger Républicain le dimanche 12 mars 1991. Il rapporte que deux responsables du FIS affirment que : «Si nous sommes majoritaires, nous suspendrons la Constitution, nous interdirons les partis laïcs et socialistes, nous appliquerons immédiatement la charia et nous expulserons le président de la République.» La violence que pratiquaient les adhérents à ce parti laissait présager le pire, sauf pour la majorité des obscurantistes, des affairistes du marché noir… et des ministres de Chadli.

Ceux qui avaient détourné le mouvement du 5 octobre 1988 étaient à l’offensive depuis bien longtemps. Il suffit de rappeler qu’en :

– 1984 : l’Assemblée populaire nationale a voté le code de l’infamie et que cette même année Mahfoud Nahnah et Ali Belhadj condamnés, dans l’affaire dite «Bouyali», étaient graciés par Chadli.

– 1985 : l’école de police de Soumaâ, près de Blida, est attaquée et plusieurs élèves sont égorgés le jour même de la fête de l’Aïd.

– 1989 : dans la nuit du 22 au 23 juin, des adeptes du FIS, agissant en tant que police des mœurs, brûlent la maison de Dekkiche Saliha à Makhadma, aux environs de Ouargla, où l’enfant de quatre ans de cette femme divorcée périt dans l’incendie.

– 15 août 1990 : Chadli décrète l’amnistie générale pour les terroristes. Ces terroristes qui encadreront les armées du FIS.

Et, depuis, le pouvoir et son opposition politique nous invitent à oublier, à effacer les événements, les crimes, les victimes et à ne retenir que les «bavures» de l’armée.

Par conséquent, il est vital de cultiver la mémoire pour pouvoir entamer un programme politique crédible.

S. K.


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