Appel de Mohamed VI à un dialogue «franc» avec l’Algérie

Manœuvres royales



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L’appel du roi du Maroc à un dialogue «franc et direct» avec l’Algérie pour dépasser les différends n’est finalement qu’une simple manœuvre destinée à faire diversion, à la veille du lancement des pourparlers entre le Front Polisario et Rabat à Genève, les 5 et 6 décembre prochains.

Les observateurs notent, en effet, la présence d’un acte calculé, aux arrière-pensées politiques inavouées par le roi, en choisissant un moment inopportun pour lancer son offre. Il y a d’abord le contexte. L’appel intervient à la veille des négociations avec les Sahraouis. Et il est lancé à l’occasion de la célébration du 43e anniversaire de la marche verte pour l’occupation du Sahara occidental.
Il est évident, dès lors, que les «amis du roi», à l’image de la France, réagissent avec célérité, tout comme l’a fait d’ailleurs la Ligue arabe, l’intention était, comme le relèvent d’ailleurs ces mêmes observateurs, d’ «isoler» l’Algérie, de la clouer au pilori de l’histoire et la désigner à la vindicte «internationale», comme étant le responsable numéro un de la «froideur» des relations entre les deux pays, alors que l’évidence même est connue de tous.
L’Espagne, l’Union européenne, les organisations régionales et d’autres pays n’ont pas, également, manqué de saisir la sortie de Mohamed VI pour appeler au renforcement des liens entre les deux pays. Dans un entretien à un quotidien national, Rahabi a estimé que l’appel «est loin d’être innocent», surtout qu’il intervient aussi à la veille de l’élection présidentielle en Algérie. «Il est vrai qu’il y a un changement dans le discours du roi du Maroc. Mais il est tout aussi vrai que ce discours donne le sentiment que c’est l’Algérie qui porte la responsabilité de l’état actuel des relations bilatérales, ce qui n’est pas conforme à la réalité. Ce que le roi du Maroc propose n’est pas nouveau. Il n’y a donc rien de nouveau (…), hormis cette impression dégagée que nous sommes responsables du blocage des relations bilatérales, et de l’impasse dans la question sahraouie, ce qui est totalement faux», a tranché l’ex-diplomate.
Il est en effet «étrange» de voir le roi va-t-en guerre contre le voisin de l’est, changer de fusil d’épaule, sans prendre ses «gants», lui qui ne rate aucune occasion de tirer à bout portant sur l’Algérie, accusée de tous les maux que subit le peuple frère du Maroc, alors qu’il n’hésite pas à envoyer vers l’Algérie, via des circuits informels et criminels, à travers une frontières fermée à cause de ses élucubrations, des tonnes de drogue. Tout le monde sait également que l’Algérie a toujours été du côté de la légalité internationale, en ce qui concerne le Sahara Occidental.
Alors que le Maroc accuse l’Algérie d’entretenir le conflit, Alger assume son soutien au Front Polisario, et plaide pour sa résolution dans le cadre des résolutions de l’ONU, à savoir l’organisation d’un référendum d’autodétermination. Et au moment où Rabat veut impliquer l’Algérie dans un processus de négociation en tant que partie prenante, Alger affirme qu’il y a seulement deux parties dans le conflit : le Maroc et le Front Polisario. Lors des pourparlers de début décembre prochain à Genève, l’Algérie sera d’ailleurs présente en tant que pays observateur, au même titre que la Mauritanie, qui sont des pays voisins avec les deux parties du conflit. L’avenir révèlera à coup sûr, les intentions malsaines du roi.

A. I.


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