Djamel Ould Abbès, ex-secrétaire général du FLN

«Je n’ai pas démissionné, les hauts responsables ont estimé que je devais m’éloigner…»



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J’ai eu un malaise cardiaque qui a nécessité mon évacuation à l’hôpital militaire de Aïn Naâdja (…) et un repos total d’au moins 45 jours. Je n’ai pas démissionné, mais les hauts responsables ont estimé que je devais m’éloigner du stress que je subis depuis deux ans.»

C’est la déclaration que nous a faite le désormais ex-secrétaire général du FLN, Djamel Ould Abbès, qui semblait très fatigué. Tout en évitant d’être précis sur ceux qui l’ont déclaré démissionnaire, il a préféré insister sur son état de santé, qui l’oblige à prendre un long repos. «J’ai senti que je n’allais pas bien. J’ai tout de suite été au service de cardiologie de l’hôpital militaire, où les médecins ont exigé un repos total, vu mon état de santé et mon âge», a révélé l’ex-secrétaire général du FLN.

Tout porte à croire que son sort était scellé bien avant son malaise cardiaque, tombé à point nommé pour accélérer son départ. Des sources bien informées nous ont déclaré qu’en haut lieu, les sorties médiatiques d’Ould Abbès «faisaient grincer les dents depuis bien longtemps, mais son débarquement n’était qu’une question de temps seulement».

Pour nos interlocuteurs, c’est sa réaction vis-à-vis de Tayeb Louh, ministre de la Justice et un des cadres du FLN les plus proches de la Présidence, à la suite de l’attaque virulente qu’il a menée contre Ahmed Ouyahia, secrétaire général du RND et Premier ministre, qui a fini par l’emporter.  Ould Abbès a déclaré que Tayeb Louh «a parlé en tant que ministre et non pas au nom du FLN (…), les propos qu’il a tenus n’engagent pas le parti». Mieux encore, il a même exprimé le «soutien» et la «confiance» du FLN au secrétaire général du RND au moment où ce dernier se trouve dans le viseur de l’entourage du Président, duquel Tayeb Louh est très proche.

Ce dernier, faut-il le rappeler, a très mal digéré l’absence des élus du RND et des représentants des associations qui lui sont affiliés à son meeting d’Oran, et considéré cette position comme émanant d’une directive du secrétaire général du parti. «C’est en tant que cadre du FLN et non pas en tant que ministre que Tayeb Louh est parti pratiquement en campagne à Oran. Ahmed Ouyahia voyait mal une telle sortie. D’où l’absence de ses élus. Ses virulentes attaques contre Ouyahia, l’accusant d’être à l’origine de l’incarcération des cadres durant les années 1990 et d’avoir proposé la taxation des documents biométriques, annulée, selon lui, grâce au Président, ont été inspirées, ou encouragées par les décideurs du cercle présidentiel», révèlent nos sources.

Mais pourquoi Ould Abbès, acharné défenseur du 5e mandat, s’est-il senti obligé de se démarquer de Tayeb Louh ? On n’en sait rien. Ce qui est certain, c’est qu’il s’est trouvé entre les tirs croisés du ministre de la Justice, mais aussi du ministre chargé des Relations avec le Parlement Majdoub Bedda, qui a joué un rôle prépondérant dans le débarquement de Saïd Bouhadja de son poste de président de l’Assemblée nationale, mais aussi dans les jeux de coulisses ayant affaibli Ould Abbès de l’intérieur, notamment à travers la création de cette Association des anciens élus du FLN. «Il ne faut pas sous-estimer le rôle de Bedda.

Tout comme Tayeb Louh, lui aussi obéit aux décideurs du cercle le plus proche du Président. Il prépare le terrain à un éventuel congrès extraordinaire qui mettra fin à la crise organique qui lamine le FLN avant l’échéance de 2019. Le choix du président de l’Assemblée, Mouad Bouchareb, en tant que successeur de Ould Abbès, n’est pas fortuite et date de la crise qui a secoué l’Assemblée et qui s’est terminée avec le débarquement de Saïd Bouhadja de son poste de président.

Bouchareb aura juste à coordonner un directoire de pas plus de quatre membres choisis parmi les plus rassembleurs. Ces derniers auront comme mission de préparer le congrès, renouveler les instances pour donner une nouvelle image au parti avant d’affronter l’élection de 2019», expliquent nos sources. En tout cas, même prévisible, le départ de Djamel Ould Abbès juste après son soutien à Ahmed Ouyahia, à la suite des attaques dont il a fait l’objet de la part de Tayeb Louh, démontre que le secrétaire général du RND continue à susciter la méfiance chez les décideurs du cercle présidentiel. «Sa présentation comme éventuel successeur de Bouteflika, ses apparitions médiatiques comme un présidentiable, son rapprochement avec un chef de l’état-major de l’ANP et vice-ministre de la Défense, dont les prises de décision suscitent la colère, etc., sont autant d’éléments qui renforcent la suspicion et la méfiance», soulignent nos interlocuteurs.

Ce constat montre que la question du 5e mandat n’est pas encore tranchée, non pas parce qu’il n’y a pas de volonté, mais tout simplement parce qu’il est encore trop tôt pour s’engager dans cette option dont les risques ne sont pas encore totalement maîtrisés et qui pourrait, à n’importe quel moment, être écartée en raison d’une éventuelle dégradation de l’état de santé du Président… 


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