Témouchent

 La musique à l’honneur

Créer une annexe de l’Institut régional de formation musicale d’Oran (IRFM) à Témouchent, organiser des master-class en 2019 pour trompettistes et promouvoir en rencontres nationales les rencontres régionales des instruments de musique cuivre, telles sont les recommandations issues de la deuxième édition de cette manifestation, qui s’est tenue les 8 et 9 décembre derniers.

Concernant la création d’une annexe de l’IRFM, il apparaît que la recommandation ne relève pas d’un vœu pieux, selon les assurances de Mekkaoui Mohamed Amine, le nouveau directeur de la maison de la culture. Ce dernier, qui s’est affirmé en cheville ouvrière de la manifestation cette année, indique qu’il dispose de suffisamment de locaux au sein du complexe culturel qu’il dirige, ainsi que de moyens de restauration et d’hébergement, certes modestes, mais suffisants pour fonder une annexe, le «nerf de la guerre» étant les moyens.

De même, quatre des six membres du jury étant des enseignants à l’Institut régional de formation musicale d’Oran, dont son directeur, ont affiché leur disposition à contribuer à la concrétisation du projet. D’aucuns des participants à l’événement des 8 et 9 décembre estiment qu’il existe, à Témouchent, un terreau fertile en matière de pratique musicale à valoriser. Enfin, le président du jury, Messaoud Bellemou, et son assesseur, Gana El Maghnaoui, se sont faits les avocats du projet.

Le père du raï moderne a exprimé sa frustration de n’avoir pas bénéficié d’une formation académique, d’avoir appris son art seulement à l’oreille, sur le tas : «Quand je me déplace à l’étranger et que je découvre le niveau de maîtrise professionnelle des artistes européens, je me rends compte de mon handicap. Je prends amèrement la mesure de ce que j’aurais pu donner en matière de création autrement supérieure qualitativement par rapport à ce que j’ai réalisé». Le reste appartient maintenant aux autorités locales et centrales, qui doivent donner leur aval au projet.

Ceci étant rapporté en primeur, rappelons que la manifestation qui existait sous la dénomination de concours de la trompette et qui a connu auparavant sept éditions patronnées par la maison de la culture est revenue l’année passée à une association. Dite «pour le développement des cuivres en musique», cette dernière n’a disposé d’aucune subvention cette année.

Aussi, pour que la 2e édition puisse se tenir, la maison de la culture s’est instituée partenaire. Elle a assuré la prise en charge des dépenses (hébergement, restauration des participants hors wilaya plus la dotation financière des prix) et a apporté son soutien logistique. La qualité de l’organisation s’en est ressentie cette année, ce dont ont témoigné les participants.

D’autre part, sur le plan artistique, le premier prix a échappé pour la deuxième fois en plus d’une décennie à Témouchent. Bien plus, ce sont les trois prix qui lui ont échappé. La déception a été grande chez les concurrents témouchentois, soit le tiers de la trentaine de candidats ayant concouru pour le titre de la meilleure trompette.

Les spécialistes ont estimé que les Témouchentois ont dormi sur leurs lauriers alors que leurs confrères des autres wilayas (Tlemcen, Mostaganem, Relizane, Sidi Bel Abbès et Oran) ont progressé dans l’intervalle. Ainsi Fetouche Youcef de Mostaganem a remporté le 1er prix doté de 50 000 DA, Bermerkhi Sofiane de Relizane a décroché le 2ème prix (30 000 DA) alors que le 3ème prix (20 000 DA) est revenu à Benabdelhakem Boumédienne de Tlemcen.

Notons enfin que la clôture a été marquée par une superbe prestation de Bellemou qui a fait pousser la goualante à sa trompette dans un medley allant de son fameux «poréapor» à quelques standards de la musique algérienne. Accompagné d’un claviste et d’un percussionniste à la derbouka, cela a été un grand moment avec un Bellemou très inspiré.