Enquête. 2 à 3 secousses par jour

Pourquoi l’Algérie est gravement menacée par les séismes



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L’Algérie est un pays à forte activité sismique qui risque de subir des séismes dévastateurs à n’importe quel moment. C’est la sonnette d’alarme que vient de tirer le Centre de recherche en astronomie, astrophysique et géophysique (CRAAG). Ce dernier vient de révéler qu’une moyenne de 100 secousses par mois, soit entre 2 à 3 secousses/Jour, est enregistrée en Algérie. Pour l’heure, ces secousses ne dépassent généralement pas trois degrés sur l’échelle ouverte de Richter, a rassuré le Directeur général du CRAAG, Abdelkrim Yellès. Mais l’Algérie n’est pas à l’abri d’un séisme ravageur et elle doit se protéger en toute urgence. Explications. 

« L’Algérie, au même titre que de nombreux pays européens (comme l’Italie et le Portugal), est caractérisée par une activité sismique intense, en enregistrant plus d’une centaine de séismes /mois, dont 90% sont des microséismes(de 2 à 3 degrés), non ressentis par la population », a indiqué M.Yellés, , dans une déclaration à la presse, en marge de la clôture des travaux d’un projet de recherche sur les mécanismes de réduction des risques liés aux séismes, réalisé en collaboration avec l’Union Européenne.

Mais pourquoi l’Algérie est-elle si exposée à cette activité sismique ?

Il faut savoir que l’Algérie se trouve sur la plaque africaine laquelle est en collision avec la plaque eurasienne les deux plaques étant limitées par une longue zone sismique qui s’étant des Açoces à la Turquie en passant par Gibaltar, le Maghreb , l’Italie , les pays Balkans , la Grèce…

Le mouvement de la confrontation entre la plaque eurasienne et la plaque africaine a donné
naissance à de gigantesques fracturations sous formes de failles géologiques dont la conséquence la naissance du relief important de l’Algérie du nord. Les vitesses de rapprochement entre la plaque africaine et eurasienne varient de 0.5 à 1 cm/an en méditerranée occidentale, à 2.5 cm/an en méditerranée orientale. Ces vitesses sont déduites des vecteurs déplacements obtenus à partir de l’expansion océanique dans l’atlantique.

Les principales structures compressives récentes dans la chaine tellienne sont :
 Le pli-faille d’el Asnam
 Le pli-faille de Bou Kadir
 Le pli-faille de Dahra
 Le pli-faille de Ténès-Abou el -Hassan
 Le pli-faille de Sahel D’Alger
 Le pli-faille de Murdjadjo.

Les séismes qui se produisent en Algérie s’expliquent par une accumulation des contraintes autour des failles actives qui au-delà d’un seuil relâche l’énergie emmagasinée sous forme d’ondes sismiques. C’est donc ces ondes que les personnes ressentent, lorsque le séisme qui se produit est important. Les failles actives de l’Atlas tellien sont : la faille D’el Asnam, la faille du Dahra, la faille de Ténès Abou el –Hassan (Ouled Abdallah), la faille du Sahel d’Alger, la faille Murdjadjo, la faille de Chott El hammam et la Faille de Kherrata. Les autres régions sismoactives d’Algérie sont : la région de Mascara, la région de l’Atlas de Blida-Médéa, la région de Jijel, la région de Guelma et la région de Constantine.

Nous pouvons ainsi dire que cette activité se concentre essentiellement dans la région Nord du pays, quoique de façon très épisodique, quelques micro secousses sont enregistrées dans la partie saharienne. Dans la région Nord, la région tellienne est la plus active. Le zonage effectué indique que les régions d’El Asnam, Oran et Alger sont les régions les plus menacées puisque dans ces zones, les séismes les plus importants se sont produits.

L’analyse de la carte de sismicité de la région maghrébine montre que la sismicité est localisée principalement dans les zones côtières, en mer d’Alboran au Nord d’Oran et sur l’ensemble de la marge méditerranéenne. Cette sismicité est liée aux mouvements tectoniques complexes de convergence de la plaque africaine au Sud et de la plaque européenne au Nord. Elle est essentiellement marquée par des séismes superficiels (voir annexe 1 , le séisme, classification des séismes) -profondeur inférieure à 20 km- qui causent des dégâts considérables dans les zones épicentrales.

Jusqu’au 21 mai 2003, cette activité était localisée dans les régions de l’Ouest algérien, d’Ech Cheliff et de la Mitidja à l’Ouest d’Alger. La région de l’Est algérois, reconnue sismotectoniquement active depuis 1988 (M.H.A.T 2004) 17 a été sérieusement affectée le 21 mai 2003 par un tremblement de terre de Magnitude MI= 6,8 causant d’importants dégâts humains et matériels. Les autres régions du pays sont caractérisées par une sismicité diffuse localisée dans les zones tectoniques et bassins quaternaires des régions des Babors, du Hodna et du Constantinois.

Une importante activité sismique se trouve localisée dans les zones côtières et en mer Méditerranée. Dans cette région de la Méditerranée occidentale, le contact entre les plaques africaine et eurasienne, a souvent été simplifié et souvent associé à la direction linéaire Est-Ouest que décrit la sismicité depuis l’arc de Gibralatar à l’Ouest jusqu’à l’arc Calabro-sicilien à l’Est.

Cependant, «ce contact est beaucoup plus complexe et correspond à une juxtaposition de blocs continentaux et océaniques, plus ou moins mobiles et déformables» (BADDARI.K ; DJEDDI.M 2002) 18. Cette situation est marquée par la confrontation des deux domaines stables et rigides formés par les plates-formes européenne et africaine. L’étude des séismes récents a permis de préciser considérablement les caractéristiques des séismes qui se produisent en Algérie. C’est ainsi, que nous pouvons affirmer que les séismes qui se produisent dans notre région sont en général faibles à modérés atteignant parfois
la magnitude 6.0.

Dans certains cas, ils peuvent être violents comme ce fut le cas à El Asnam ; ce séisme est d’ailleurs considéré comme le plus important qu’ait connu la Méditerranée Occidentale. Toutefois, les séismes algériens sont d’autre part superficiels (P.C.A 2007)20 ne dépassant pas en profondeur les km, ce qui les rend plus perceptibles par la population et donc plus dangereux.

Tous les séismes récents ont souvent mis en relief des structures actives non connues
précédemment, indiquant la complexité de l’identification des structures actives profondes. Il est donc important de noter que des efforts importants doivent être réalisés pour localiser de nouvelles structures actives.

On peut conclure ainsi qu’à travers l’ensemble des informations recueillies jusqu’à présent, l’activité sismique en Algérie commence à être connue puisqu’aujourd’hui nous en connaissons la cause majeure, la localisation et la répartition sur le territoire national, ainsi que l’ampleur. Mais beaucoup d’efforts restent à déployer pour parvenir à comprendre l’ensemble des failles liées à cette sismicité, sa récurrence…

Aujourd’hui, il faut poursuivre les efforts qui ont été déployés jusqu’à présent en améliorant les performances de la surveillance sismique du territoire par la densification du réseau et l’utilisation des nouvelles technologies de communication, en multipliant les investigations de terrain (sismotectonique, paléosismologie), mais également en formant le maximum de chercheurs.

Toutes ces actions permettront ainsi de lever peu à peu le voile sur l’existence de zones à faible sismicité (Hauts Plateaux), sur l’occurrence des séismes violents dans la région Ouest et peu dans la région Est, la réorientation du champ de contrainte entre l’Est et l’Ouest.

Ces efforts doivent servir non seulement à améliorer nos connaissances scientifiques mais aussi et avant tout, à améliorer la prévention et de façon générale la réduction du risque sismique. Il faut espérer ainsi qu’un jour la conjugaison de tous les efforts déployés puissent permettre d’atténuer considérablement les effets désastreux de certains séismes et qu’enfin, le séisme puisse être considéré comme un phénomène naturel et non pas comme une catastrophe.

Quelles mesures concrètes pour limiter les dégâts et protéger les vies humaines ?

Reste à maintenant à mettre en place des mesures concrètes pour protéger l’Algérie des dégâts des séismes. Et pour cela, le CRAAG , en coordination avec l’université Saàd Dahlab de Blida , et en partenariat avec les universités de Porto ( Portugal) et de Pavia(Italie) , vient de lancer un projet de recherche dont la première étape a été clôturée cette semaine après deux années d’études et de recherches. Ce projet  vise « la mise en place de mécanismes susceptibles de prévenir les risques liés aux séismes, tout en réduisant les dégâts matériels occasionnés par cette catastrophe naturelle », explique-t-on.

Selon Hamoud Beldjoudi, chercheur au niveau du CRAAG, le projet en question aborde notamment le niveau de résistance des vieilles bâtisses aux séismes, en prenant pour modèle la wilaya de Blida. Il a fait part d’une recommandation émise, au titre des conclusions de ce projet, en vue du « recensement de l’ensemble des bâtisses précaires sujettes à un effondrement éventuel à Blida », et ce dans la perspective de leur réaménagement, ou leur démolition, dans le cas où elles constituent un danger pour leurs occupants, « dans l’attente de la généralisation graduelle de cette démarche à toutes les wilayas du pays » , a-t-il fait savoir.

Toutes les constructions érigées par l’Etat prennent désormais en compte le risque sismique, en adoptant des méthodes de construction parasismiques », a assuré, à l’occasion, M Yellés, précisant, également, l’obligation faite aux promoteurs immobiliers privés, ces dernières années, de respecter ce système parasismique. Quant au coordinateur de ce projet, Ricardo Monteniro de l’université de Porto, il a souligné la contribution de ce projet, dicté par l’importance du risque sismique partagé entre l’Algérie, l’Italie et le Portugal, à « un échange entre les experts des trois parties, parallèlement à l’actualisation et amélioration de leurs connaissances liées à ce sujet, au même titre que des moyens à mettre en £uvre pour en réduire les dommages ».

Les deux années consacrées à la réalisation de la première étape de ce projet « paraissent peu de chose, si l’on considère l’enjeu de son sujet, qui est la sauvegarde de la vie humaine » a estimé la même source.  Reste à enfin à espérer que ce projet soit concrétisé dans les plus brefs délais car l’Algérie est dangereusement exposée au risque d’un séisme destructeur.

Une enquête réalisée grâce aux données fournis par le travail de recherche menée par Boughazi Khadija, chercheur à l’université de Constantine, sur le risque sismique et l’urbanisation en Algérie


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