Secteur de la pêche à Tizi-Ouzou

Création d’une entreprise de gestion des ports de la wilaya



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Ce secteur, qui pourra assurer l’autosuffisance alimentaire locale en matière de ressources halieutiques, est malheureusement confronté à plusieurs contraintes.

«Aucun contrôle de la qualité du poisson n’est effectué à l’intérieur des ports de la wilaya de Tizi-Ouzou, en l’occurrence celui d’Azeffoun et de Tigzirt». Tel est le constat fait par la commission de l’APW chargée du secteur. Pis encore, le secteur de la pêche et des ressources halieutiques est à la traîne au niveau local.
Une situation qui se dégrade d’une année à l’autre, vu les conditions précaires dans lesquelles les pêcheurs exercent leur métier et l’insécurité qui ronge les infrastructures portuaires de la wilaya. C’est le bilan qui a été dressé par la Commission de l’agriculture, des forêts, de la pêche et du Tourisme de l’Assemblée populaire de wilaya (APW), lors de la deuxième journée de la session ordinaire qui a eu lieu en fin de semaine dernière.
Pour cela, le P/APW, Youcef Aouchiche a proposé aux élus la délibération portant la création d’une entreprise de gestion des ports de pêche pour la wilaya. Une décision qui a été félicitée par la majorité des élus en vue de mettre fin à l’anarchie qui règne au niveau des ports.
En effet, plusieurs anomalies et insuffisances pèsent sur la pêche dans la wilaya de Tizi-Ouzou. Ce secteur qui pourra assurer l’autosuffisance alimentaire locale en matière de ressources halieutiques, est malheureusement confronté à plusieurs contraintes qui se répercutent sur la réduction des quantités productives et bien sûr le prix.
Pour preuve : Le prix de la sardine qui fut naguère «le poisson du pauvre» est devenu ces dernières années inaccessible pour les ménages à faibles revenus. Ce week-end encore, le prix de la sardine a connu un pic au point de changer de nom. Désormais, elle s’appelle «désir». Une virée au marché renseigne sur les prix : 700 dinars le kilogramme de la sardine bleue. Quant au poisson, comme la daurade etc, son prix donne le tournis : 1400 dinars le kilogramme. Au-delà des prix exorbitants du poisson, les élus ont tiré la sonnette d’alarme quant au manque de contrôle du poisson destiné à la consommation à l’intérieur des infrastructures portuaires de la wilaya. Une doléance qui a suscité l’attention du premier magistrat de la wilaya et du président de l’Assemblée populaire de wilaya qui a décidé la délibération portant la création d’une entreprise chargée de la gestion locale des ports que recèle la wilaya.
Dans le même sillage, les élus ont soulevé la nécessité de la décentralisation de la gestion des ports pour y mettre fin aux contraintes liées à la gestion à distance et les lenteurs dans la prise de décision auxquelles font face les pêcheurs. A savoir que les deux ports (Tigzirt et Azeffoun) sont gérés actuellement par l’Entreprise de gestion des Ports de pêche de Béjaïa.
«Il est temps de créer une entreprise qui se chargera de la gestion locale de nos ports», dira le P/APW. Pour sa part, la présidente de la Commission de l’agriculture, des forêts, de la pêche et du Tourisme de l’APW, Samia Madi a dénoncé les conditions précaires dans lesquelles les professionnels de la pêche exercent leur métier. Elle a cité, le manque de sécurité, l’électricité, les réseaux d’assainissement d’eau potable, l’entretien des quais, le manque de cases pour pêcheurs, l’absence de pompe à essence et de pêcheries.

21 projets d’investissement aquacole en stand-by

En outre, Madi a indiqué qu’il n’existe aucun contrôle sanitaire sur les produits commercialisés, puisqu’il n’y a pas de vétérinaires qui certifient ces produits. C’est le même cri de détresse qui a été lancé par le président du groupe des élus du parti RCD au niveau de l’APW, Med Ameziane Acherfouche qui a mis au courant le wali que ce manque de contrôle marine est dû au règne des lobbies qui continuent à dicter leur lois sur ce secteur de la pêche. D’après lui, ce sont les mandataires qui sont à l’origine de la hausse des prix du poisson sur les étals des marchés. «Il est temps de contrôler ce secteur névralgique pour l’autosuffisance alimentaire aquacole».
«Il faut savoir que le poisson destiné à la consommation parvient de la localité de Zemmouri dans la wilaya de Boumerdès», enchaîne-t-il. Le même élu du RCD a saisi cette occasion pour demander «où en sont les 21 projets d’investissement retenus pour l’aquaculture ?», s’est-il interrogé. Tout en appelant le premier magistrat d’intervenir pour améliorer les conditions de travail des pêcheurs dont la quasi-totalité abandonnent leur activité à défaut de moyens adéquats pour pérenniser leur travail. «Il est temps de créer un fonds d’aide aux pêcheurs pour couvrir la période de d’arrêt biologique».

Que de désillusions

Depuis toujours le secteur de la pêche a constitué le souffre douleur de toute cette région de la Kabylie.  En effet, quoi de plus paradoxal pour une région qui dispose d’une façade maritime de 85 km, ce qui représente environ 7% de la côte algérienne, de deux ports, à savoir celui d’Azeffoun et de Tigzirt avec des respectives d’accostage de 5 chalutiers, 15 sardiniers et 30 petits métiers et 5 chalutiers, 3 sardiniers et 24 petits métiers pour le deuxième (Tigzirt) que de continuer à tourner le dos à la mer ?
Outre ces deux ports, cette wilaya a payé les frais de nombre de projets jamais réalisés. En plus de ceux cités en haut et qui sont toujours en stand-by, un autre projet enterré reste toujours au travers de la gorge. On n’oublie pas encore le projet mirobolant, à vous tourner la tête, dont l’annonce a été faite il y a quelques années et qui est resté un mort-né.
Il s’agissait non moins que d’un important projet algéro-espagnol dans le domaine de l’élevage de la daurade sur le littoral de la localité de Mizrana et qui devait être lancé début 2013.
Sa réalisation a été officiellement annoncée, tambour battant, et officiellement par la Direction de la pêche et des ressources halieutiques de la wilaya. Le projet devait consister à la pose en pleine mer de 18 cages flottantes de grand calibre qui devaient permettre aussi la création de pas moins de 50 postes d’emplois directs et de plus de 150 autres indirects. Cinq années plus tard, toujours rien. La wilaya de Tizi Ouzou avait bénéficié aussi de la réalisation de trois ports d’attache en 2007.
Un à Aït Chafaâ, un autre à Mizrana et un autre à Iflissen. Si celui d’Aït Chafaâ a été réalisé, ce n’est guère le cas pour les deux autres. A Iflissen, les restaurateurs de Zegzou, appelé communément «Tamda Ouguemoune», où le projet devait être réalisé, refusent toujours et de manière catégorique l’implantation de ce port à cet endroit.
Aujourd’hui encore, les jeunes pêcheurs de la région côtière continuent à défier les profondes écumes avec leurs petites barques pour leur «soutirer» quelques pièces de sar ou de mérou, ou encore quelques sardines, à revendre à des restaurateurs.

Des vœux et c’est tout

Les pêcheurs ballottés au gré des aléas de la mer qui ne nourrit plus son homme, et échaudés par les échecs passés, refusent de croire à un changement notable du secteur du moins à court terme. Ils refusent de croire, l’ombre d’un instant, à l’aboutissement d’un quelconque projet dans le domaine.
Ce qu’ils souhaitent en urgence, c’est surtout d’en finir avec la pêche anarchique. Pour eux, cela passerait inévitablement par la création d’une Aire Marine Protégée (AMP), afin d’assurer la reproduction de poissons.
Une Aire Marine Protégée est une zone marine où la pêche est contrôlée. L’ensemble des pêcheurs doivent s’entendre sur la période de pêche et de l’espèce de poisson à pêcher afin d’assurer une meilleure reproduction de poissons et d’assurer un meilleure équilibre entre la production et la pêche. Aussi, on souhaite des assises de la pêche.
Celles-ci devraient regrouper les professionnels, les techniciens, les scientifiques, qui se pencheront sur les perspectives du secteur sur la base de propositions qui seront formulées par les participants, en tenant compte des spécificités de chaque région avec la prise en compte de la relation de travail qui lie la pêche à d’autres secteurs comme les transports etc.
Le secteur de la pêche est assigné à long terme à une grande responsabilité, celle d’assurer les équilibres par le mécanisme de la réglementation et de la formation ainsi que de la professionnalisation du métier de pêcheur.
Il s’agira aussi d’asseoir une véritable politique du secteur afin d’éviter l’hypothèque de la ressource halieutique.

Z. C. H. et B. B.


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