Le ministère de l’Éducation refuse d’autoriser la tenue de leurs conseils nationaux

Les syndicats dénoncent des «restrictions»



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La relation ministère de l’Education nationale-syndicats autonomes s’aggrave. Après le retrait de six syndicats de la Charte d’éthique et de stabilité, il semblerait que le courant ne passe plus comme avant entre les deux parties, comme le prouvent ces demandes d’autorisation de tenue de conseils nationaux, restées lettre morte au niveau du secrétariat général du ministère. Les syndicats autonomes du secteur dénoncent ce qu’ils qualifient «d’entrave au libre exercice syndical», pourtant garanti par les lois de la République. En effet, pas moins de quatre syndicats, le Conseil des lycées d’Algérie (Cla), le Syndicat autonome des travailleurs de l’éducation et de la formation (Satef), le Syndicat national des travailleurs de l’éducation (Snte) et l’Union nationale des personnels de l’éducation et de la formation (Unpef), ont vu leurs demandes ignorées par la tutelle. Ce qu’a confirmé Boualem Amoura, secrétaire général du Satef. «Aucun des quatre syndicats Unpef, Cla, Snte et Satef n’a eu d’autorisation pour tenir son conseil national. Certains ont tout simplement reporté cette activité organique, pourtant importante dans la prise de décision et la consultation des instances», a déclaré Amoura, dénonçant «une entrave à l’activité syndicale». Notre interlocuteur rappelle, dans ce sens, que la loi 90-14 relative aux modalités d’exercice du droit syndical «impose à la tutelle de mettre à la disposition des syndicats tous les moyens pour tenir leurs activités». Les conseils nationaux des dits syndicats sont prévus au cours de la première semaine de cette période de vacances scolaires. Il y a même certains dont les dates ont été dépassées, sans qu’ils ne reçoivent l’aval de la tutelle, habilitée à autoriser l’organisation de ce genre d’activités dans un établissement scolaire. Le Satef a, par exemple, demandé une autorisation pour le lycée Benteftifa de Blida. Les syndicats choisissent généralement les lycées pour «les moyens d’hébergement et les cantines dont ils disposent, sachant que la nourriture et le service de restauration sont aux frais de l’organisateur», explique Boualem Amoura. Notre interlocuteur n’hésitera pas à lier cette attitude de la tutelle au retrait des 6 syndicats Unpef, Cnapeste, le Snapeste, Snte, Cla et Satef de la Charte dite d’éthique et de stabilité du secteur le 10 décembre dernier. «Cela ressemble à une vengeance après notre retrait de la Charte», dit-il, non sans critiquer «le silence» de la ministre, Nouria Benghabrit, qui «n’a pas réagi à ce retrait et n’a appelé à aucune séance de conciliation ou de dialogue».

Vers le pourrissement !

Joint par nos soins, le porte-parole du Cla, Idir Achour, a confirmé que son syndicat, au même titre que le Snte et l’Unpef aussi, ont été «victimes» de ce traitement. «Nous avons effectivement été contraints de reporter notre conseil national qui était prévu pour le week-end passé au lycée Ibn Rachek de Sétif, au 3 janvier prochain. Le ministère de l’Education ne nous a pas répondu. Ce que nous considérons comme un refus», explique-t-il. Pour lui, il ne faut pas se voiler la face, cette attitude «entre dans la nouvelle stratégie du ministère pour la restriction des libertés syndicales et le droit d’organisation». Par ce nouvel épisode de la relation Benghabrit-syndicat, les choses risquent de dégénérer dès le retour des classes pour le deuxième trimestre, le 6 janvier prochain. Les six syndicats devront se réunir le lendemain, soit le 7 janvier. «Ils sont en train d’allumer le feu», commente Idir Achour, pour qui «en dehors des revendications socioprofessionnelles pour lesquelles la tutelle n’a pas répondu», cette dernière «aggrave le cas» du secteur, en poussant au pourrissement. «Ils nous mettent dans des conditions qui participent au pourrissement», dénonce-t-il, appelant chacun «à assumer ses responsabilités». D’ailleurs, tous les éléments plaident pour un retour de la protesta dans le secteur de l’éducation. Le porte-parole du Cla ne le cache pas, lorsqu’il précise : «Il ne nous reste qu’à définir la nature de l’action de la protestation».

Aïssa Moussi


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