«Un département de langue et culture amazighes pour le Grand Sud»



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En marge du colloque international sur Yennayer, qui s’est tenu à Tamanrasset les 12 et 13 janvier, sous l’égide du Centre national de recherches préhistoriques, anthropologiques et historiques (CNRPAH), un groupe d’enseignants de tamazight a saisi l’occasion pour tirer la sonnette d’alarme sur la situation de l’enseignement de cette langue dans le Grand Sud. Leur principale revendication porte sur la création d’un département de langue et culture amazighes à Tamanrasset, Adrar ou Illizi, ces trois wilayas du Grand Sud, qui s’estiment jusque-là lésées dans le programme national de développement de tamazight, langue et culture, par rapport aux autres régions berbérophones.

 

Quelle est la situation de l’enseignement de tamazight à Tamanrasset ?

La situation est catastrophique, car nous, enseignants, de tamazight, nous nous retrouvons sans moyens. Nous ne disposons pas de manuels scolaires, car ici à Tamanrasset nous enseignons en tifinagh et il n’existe pas de manuels dans cette graphie.

Il y a également des enseignants de tamazight qui viennent de Béjaïa ou de Tizi Ouzou et qui sont directement affectés dans des localités très éloignées, comme In Guezzam ou Tinzaouatine, à 500 km d’ici, avec un réseau téléphonique et une connexion internet très faibles. Nous manquons vraiment de moyens.

J’enseigne le tamazight au lycée de Tamanrasset depuis 4 ans, mais auparavant, j’enseignais au CEM. Je suis titulaire d’une licence, mais j’ai poursuivi mes études pour obtenir mon master en linguistique amazighe en 2017.

J’ai également exercé en tant qu’enseignant vacataire à l’université de Batna, mais depuis 2015 j’enseigne ici à Tamanrasset.

Il y a aussi l’article concernant la facultativité de l’enseignement de tamazight, qui est un point négatif, car ce n’est pas logique que l’on donne le choix aux élèves pour étudier leur langue maternelle, alors qu’on les oblige à étudier les autres langues.

Vous dénoncez aussi le manque de contacts et de coordination avec les enseignants au nord du pays et surtout le fait que le Grand Sud ne bénéficie pas d’un département de langue et culture amazighes comme les autres régions berbérophones…

Absolument.Nous sommes également marginalisés, car nous manquons aussi de contacts et de coordination avec les enseignants de Tizi Ouzou et de Béjaïa et des autres régions berbérophones qui, eux, sont bien avancés, car ils disposent, contrairement à nous dans le Grand Sud, d’un bagage linguistique, didactique et anthropologique.

C’est pour toutes ces raisons que nous demandons l’ouverture d’un département de langue et culture amazighes ici à Tamanrasset, avec bien entendu un renforcement de nos compatriotes des autres régions amazighophones.

C’est un combat perpétuel que d’enseigner le tamazight ici à Tamanrasset. Actuellement donc, il n’y a pas de département de langue et culture amazighes pour le Grand Sud, ni pour la région des Touareg, ni pour les régions du Zénète, ce qui est à mon sens une injustice.

Récemment, nous avons organisé avec le Haut-Conseil à l’Amazighité (HCA) une résidence de traduction à Adrar.

Nous avons insisté dans les recommandations sur l’urgence d’ouvrir un département de langue et culture amazighes à Adrar pour protéger les variantes amazighes du Sud. Taghit, dans la région d’Adrar, et Tazenatit, qui est maintenant restreinte à Timimoun, sont, par exemple, en voie de régression, voire de disparition.

Ces variantes régionales sont en danger critique d’extinction et la seule manière de les sauver est de créer un département avec les moyens adéquats pour les étudiants et les enseignants pour fixer la langue et la littérature orale.

C’est le même cas pour le targui, qui est en net recul. En tant qu’enseignants de la langue à Tamanrasset, nous constatons que la pratique du targui recule d’année en année dans les foyers, comme dans les lieux publics.

Tam devient plus arabophone que berbérophone. Et quand on demande aux parents d’élèves pourquoi leurs enfants refusent d’étudier le targui, ils répondent toujours qu’ils connaissent le targui et qu’il est donc inutile de l’enseigner.

Nous essayons de préserver la langue, mais nous avons un manque d’effectifs en enseignants de tamazight qui nous aideraient à intégrer cette langue un peu plus.

Tamazight a fait beaucoup d’avancées ces dernières années sur le plan officiel, mais il faut que les wilayas du Grand Sud, comme Illizi, Tamanrasset et Adrar aient leur part de ces avancées et dans un premier temps il faudrait absolument un département de langue et culture amazighes dans l’une de ces trois wilayas du Grand Sud.


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