Le clan du pouvoir applaudit la candidature de Bouteflika

L’opposition dénonce une «forfaiture aux conséquences néfastes»



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Si les partisans de la continuité ont salué la candidature du président sortant, Abdelaziz Bouteflika, les opposants au 5e mandat ont, quant à eux, dénoncé une forfaiture dont les conséquences seront dramatiques.

«L’annonce d’un autre mandat pour Bouteflika est, de l’avis de Soufiane Djilali, leader de Jil Jadid, extrêmement grave.»

Il n y’a plus, selon lui, aucun espoir pour celles et ceux qui en avaient pour un changement pacifique par les urnes. «Le pouvoir qui fait l’affront aux Algériens de leur imposer un homme ‘presque vivant’ ne permettra aucune compétition électorale.

L’Algérie vient de rentrer dans une phase qui annonce des troubles, des confrontations et des dérives sécuritaires à la hauteur de la folie du régime», a déclaré M. Djilali, qui envisage d’agir.

Pour lui, Bouteflika, sa famille, Gaïd Salah, Ahmed Ouyahia, Abdelmalek Sellal, Sidi Saïd et tous les autres, bien trop nombreux, dont la cupidité n’a d’égale que leur larbinisme, auront commis, encore une fois, une forfaiture dont les conséquences seront dramatiques.

«Leur responsabilité est entière. Les Algériens maudiront ces hommes, pendant plusieurs générations, pour leur malfaisance et pour la trahison qu’ils ont commis à l’égard de la nation», assène-t-il.

Après l’annonce de la candidature de Bouteflika, le FFS, fondé par feu Hocine Aït Ahmed, a réitéré son appel aux Algériens pour un boycotte actif et massif de ce qu’il qualifie une «mascarade électorale» et à se mobiliser pour l’instauration d’une deuxième République.

Il est là pour un mandat à vie

La candidature de Bouteflika n’est pas une surprise pour le FFS. «En 2006, nous avons dit clairement que le pouvoir était tout le temps dans l’alternance clanique. Bouteflika a été élu en 1999 et il est là pour un mandat à vie», tranche Ali Laskri, coordinateur de l’instance présidentielle du parti, pour qui le système algérien est «une dictature qui est là depuis 1962, un régime autoritaire qui fait tout pour se pérenniser».

Le FFS ne se fait aucune illusion quant à l’issue de l’élection présidentielle qui sera, insiste Laskri, «verrouillée, fermée et ne sera jamais libre, démocratique ou transparente et c’est le candidat du système qui en sortira».

De son côté, le parti de Ali Benflis, Talaie El Hourriyet, a qualifié l’annonce de la candidature du président Bouteflika de «décision irresponsable», susceptible d’enfoncer davantage notre pays dans la crise politique, économique et sociale qui le ronge et d’un «coup de force» dans la lignée de celui qui, en 2008, a permis de faire sauter le verrou de la limitation des mandats et qui avait déjà fait du 3e mandat «un mandat de trop, comme l’a été le 4e mandat et le sera le 5e».

Pour leur part, les partisans du 5e mandat ont salué «le sacrifice de Bouteflika», lequel a daigné répondre favorablement à leur appel «incessant et insistant». «Nous saluons sa détermination et le sacrifice imposé par cette courageuse décision, Bouteflika a répondu aux appels de la société et de l’Algérie profonde !» indique Seddik Chihab du RND.

Le Conseil de la nation s’implique dans la partie. Les trois groupes parlementaires du Sénat ont exprimé, hier, leur profonde satisfaction, «saluant la décision de Bouteflika de rempiler pour un 5e mandat et félicitent les Algériens» pour cette annonce qui vient,, selon eux, «répondre à une demande populaire et à la volonté d’une grande partie de la scène politique, des organisations de la société civile du pays».

Ces trois groupes annoncent également leur «soutien total» aux propositions faites par le candidat sortant dans son message de candidature. Le MPA de Amara Benyounès s’engage à se mobiliser et à mener une campagne pour Bouteflika à travers le territoire et au sein de l’émigration avec loyauté et dévouement.

«Notre soutien au projet et à la vision de Abdelaziz Bouteflika se retrouve conforté par l’esquisse des reformes annoncées et des chantiers à venir contenus dans sa déclaration de candidature», note le parti, qui affiche sa disposition à travailler avec ses partenaires de l’alliance présidentielle et l’ensemble des forces vives, démocratiques et patriotiques, afin de porter et de faire aboutir le programme de Bouteflika.

Le MSP estime que le 5e mandat est dans l’intérêt de ceux qui tirent profit de cette situation. «Ceux qui ont manœuvré pour un 5e mandat, s’ils utilisent les moyens de l’Etat pour faire passer leur projet, répondront de leur forfaiture devant l’histoire», menace le premier responsable du parti.


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