Tribune. Je vote ici et maintenant



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Nombreux sont les algériens qui s’accordent sur la faillite de tous les systèmes qui les ont gouvernés depuis l’indépendance à ce jour. Nous tous savons que seule une « révolution générale » peut tout transformer et les faire tous dégager. Par-delà le bien et le mal de cette méthode, l’algérien est fatigué individuellement et collectivement. Ses muscles sont devenus inactifs, sa volonté totalement déchargée et son énergie défaillante. Et pour l’achever, une trouvaille d’outre-tombe lui fut assénée : un Président-Fantôme.

 

Cette invitation aux abîmes doit faire sursauter n’importe quel algérien, de quelque obédience qu’il soit et le contraindre ne serait-ce qu’un instant, de sortir de sa torpeur, de cesser son errance et de vaincre sa faiblesse. Un instant seulement, le temps de voter, de s’interdire l’abstention, cette horrible irresponsabilité qui lui colle à la peau comme une sangsue.

Dans les pays rassasiés de démocratie et de liberté, l’abstention est un luxe. Au mi-mandat ou à son terme, il se trouve des hommes et des femmes qui vont marquer de leur vote la contestation de toute dérive et affirmer qu’abstention n’est pas absence ou errance.

Dans les pays totalitaires ou faussement démocratiques comme le nôtre, s’abstenir est une lâcheté doublée d’irresponsabilité. N’y aurait-il en Algérie que des hommelettes  et des  femmelettes ?  L’abandon à la fatalité et le consentement à ce qu’il est appelé « tout est joué d’avance » déboucheront sur cinq années supplémentaires de domestication et d’encanaillement. Il est vrai que la parole est interdite, que les manifestations sont prescrites, que les grèves sont réprimées, que la fraude perdure mais le vote est le seul acte citoyen qui nous est permis. Prenons-le, ne lâchons rien, c’est le seul arc que nous pouvons bondir et lancer. C’est notre véritable droit, un droit qui se trouve là pour être exercé et glissé dans l’urne. Le oui caché en nous est plus fort que toutes sortes de non et de peut-être…

 

Il est incontestablement vrai qu’une grande anomalie a surgi depuis bien longtemps. Je nomme la foule, le ghachi, la foultitude de gens en errance et en déshérence qui accourt et vote par servilité ; qui est transportée et payée pour son asservissement. Les oligarques en financent une bonne partie, les partis en soumettent quelques milliers, les syndicats de masse, les anciens et les fils de moudjahidines séduisent quelques grappes, les imams gonflent quelques gandouras et emballent des hidjabiates mais nous sommes la majorité. La démocratie, dans son élément du vote, ne nous vient pas des anciens grecs mais s’est installée en termes arithmétiques. Une arithmétique de tant d’algériens a voté pour tel candidat ou tel représentant. Ce tant est 1% de plus pour choisir l’élu, ne le voilà-t-il pas le pourcentage qui va tout changer. Un peuple de 42 millions d’habitants peut bien regrouper 25 millions d’électeurs quel que soit le chiffre officiel. Tous réunis, cette minorité vomitive et corrompue avec son ghachi, ne peut pas nous battre. Il suffit de voter. Moi, je vote ici et maintenant.

 

Il y a longtemps que j’ai désappris à écouter les chefs des partis de l’alliance. C’est une élémentaire précaution d’hygiène. Il y a longtemps que je me refuse de tendre l’oreille aux messages lus encore moins à les décoder. Il fut un temps où l’on avait coutume d’accorder une flatteuse appellation à l’Algérie « la Mecque de la Révolution » en même temps qu’une flatterie des algériens en révolutionnaires. Cette appellation surfaite a permis la régression de la majorité des algériens mais elle a profité à une minorité des plus rapaces et vomitives. Cette minorité vit toujours de notre « servitude volontaire » pour se revigorer en corrompue mais elle n’est plus propre à aucune tâche et la moins propre à la politique. Je suis dans l’incertitude quant à savoir si ce n’est pas elle la ruine première de l’Algérie même si mon inquiétude penche souvent sur notre propre soumission. En ces temps où tout est « chitta » et « chippa », il est bon de prendre contact avec des hommes qui ne se laissent pas corrompre.

 

Le vote de ce 18 Avril est la voix de la véritable rupture. Non pas les ruptures programmatiques d’un candidat même si elles en seront les conséquences mais la Rupture avec notre nonchalance, notre désintérêt de la chose publique, notre abandon et notre soumission par nous-mêmes. Ce vote est l’occasion suprême pour nous délivrer de notre servitude intérieure, d’éveiller en nous une certaine dignité et de reconquérir une conscience libre.

Tous les candidats ne se valent pas. Il y a un Président-Fantôme, d’autres qui se croient portés par des anges et des fidèles en religion, une Dame qui veut vieillir présidente ou un autre qui nous dit avoir retrouvé la liberté de parole. Nous avons donc le choix. Ce 18 Avril est acté par ce choix de celui qui a emporté notre enthousiasme et notre engouement. Mais notre espoir, nous le plaçons dans les actes qui naîtront après le 19 Avril. Ce n’est plus une fin en soi ni un blanc-seing à l’élu. Grâce à notre volonté retrouvée de nous choisir une vie digne, nous veillerons à ce que tout ce qui a été dit sera acté et imprimé dans notre quotidien : état de droit, liberté d’expression, économie entrepreneuriale et de connaissance, institutions incorruptibles et dédiées exclusivement au bien public.

Notre volonté ainsi conservée intacte nous permettra de nous réveiller chaque matin munis d’une fiche de contrôle de ce qui a été annoncé la veille et de ce qu’il est advenu aujourd’hui, ici et maintenant. Nous n’attendrons pas un an encore moins cinq ans. Un mandat parce que donné, peut être retiré à tout moment. C’est cela l’exercice responsable de la souveraineté populaire. L’acte de voter ce 18 Avril n’est que le premier pas d’une conscience collective et jalouse de sa souveraineté absolue sur ce qui impacte nos vies, l’avenir de nos enfants et la reconstruction de notre pays.

 Par DAHMANE Chadli


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