Pour éviter le risque d’un vide institutionnel dès le 29 avril

Fatiha Benabbou et Smaïl Lalmas préconisent la démission de Bouteflika



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La juriste constitutionnaliste Fatiha Benabbou et l’économiste Smaïl Lalmas alertent sur le risque d’une impasse institutionnelle qui pourrait se profiler, au vu du manque de réactivité du pouvoir face aux revendications populaires portées par la rue, en effervescence depuis plusieurs semaines. Les deux personnalités, invitées hier au forum d’El Moudjahid, ont réitéré la proposition d’une application de «l’article 102 de la Constitution». Un article de loi qui permet au président de la République de démissionner, afin d’éviter la survenue d’une crise politique doublée d’une crise institutionnelle.

En effet, la Constitution algérienne ne prévoit aucun cas de figure – comme prévu dans d’autres pays – permettant au Président sortant, en cas de force majeure, de gérer une période de transition, jusqu’à l’élection du nouveau Président – ce qui risque de créer un vide institutionnel dès le 29 avril prochain, date de la fin du mandat présidentiel en cours. Une perspective qui serait, selon Mme Benabbou, «très dangereuse pour le pays et induirait un véritable séisme qui menacerait les fondements de l’Etat algérien».

La constitutionnaliste, qui estime que la crise actuelle est «surfaite», au vu des décisions qui ont été prises unilatéralement par le pouvoir, via le Conseil constitutionnel, depuis la mi- mars en vue d’annuler le processus électoral, préconise une démission de Abdelaziz Bouteflika pour laisser place à une gestion intérimaire des affaires courantes de l’Etat par le président du Sénat, Abdelkader Bensalah, et la préparation d’un agenda électoral ouvrant la voie au retour de la légitimité.

Un point de vue que partage M. Lalmas qui anticipe sur le refus par le peuple d’un passage de témoin à Abdelkader Bensalah, figure décriée du pouvoir, en proposant qu’«une personnalité du tiers présidentiel du Sénat soit choisie pour remplacer l’actuel chef du Conseil de la nation».

Une solution qui serait idoine, selon Smaïl Lalmas, pour «éviter l’impasse, de retourner rapidement à la légitimité» et d’assurer une transition sereine via «la nomination d’un gouvernement indépendant» chargé des affaires courantes et de la préparation de l’élection présidentielle, dans le laps de temps de 90 jours, prévu  par la Constitution.

Une approche approuvée par la constitutionnaliste Fatiha Benabbou, qui estime que le vide institutionnel qui risque de se créer, en cas de jusqu’au-boutisme du pouvoir, ne donnerait même pas la chance au pays de reproduire le scénario de 1992, lorsque le Haut Comité d’Etat (HCE) a été créé. A l’époque, rappelle-t-elle, l’Algérie en crise institutionnelle a pu faire appel à la figure historique de feu Mohamed Boudiaf. Aujourd’hui, soutient Mme Benabbou, la réédition d’un tel scénario n’est plus possible  car, selon elle, «la carte de la légitimité historique ne peut plus être jouée à nouveau, au vu de la conjoncture actuelle».

La constitutionnaliste insiste de ce fait sur un rapide retour au processus électoral loin de toute idée de «cooptation» utilisée depuis l’indépendance du pays. La cooptation qui, selon elle, ne doit absolument pas être envisagée également pour l’émergence d’une représentation de la population, qui exprime ses aspirations légitimes à travers des millions de manifestants. Mme Benabbou alerte également sur «le risque de la disparition de toutes les institutions de l’Etat». Elle préconise plutôt «une démarche graduelle», qui consiste à privilégier «le passage rapide à une élection démocratique qui permettrait par la suite de renouveler les institutions et d’éviter un ébranlement des fondements de l’Etat».

La rapidité d’une réponses aux revendications du peuple est imposée en outre, selon M. Lalmas, par la gravité de la crise économique qui nécessite des solutions urgentes afin de stopper les effets néfastes du replâtrage économique, dont le recours abusif à la planche à billets – 55 milliards de dollars à janvier 2019 –, qui gonfle démesurément la dette interne, induit une inflation en hausse et la baisse inquiétante du pouvoir d’achat.

Pour l’économiste, la dynamique actuellement en cours dans le pays, grâce au sursaut de dignité des Algériens, toutes catégories et obédiences confondues, «devrait permettre de construire une Algérie nouvelle», loin des scénarios catastrophes que laissent planer certains tenants du pouvoir, en mettant en avant les cas de l’Irak et de la Syrie. Pour les deux invités d’El Moudjahid, les jeunes Algériens, dont les milliers de supporters de stades, précurseurs dans la revendication politique, ont montré une maturité politique insoupçonnable et remis l’Algérie sur le chemin de la revendication légitime qui ne peut que déboucher sur un «miracle algérien».


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