L’intrigant cinquième paragraphe de la lettre de démission de Bouteflika



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Par Karim B. – Des observateurs avertis se sont attardés sur le cinquième paragraphe de la lettre de démission d’Abdelaziz Bouteflika. «J’ai pris les mesures appropriées dans l’exercice de mes prérogatives constitutionnelles pour les besoins de la continuité de l’Etat et du fonctionnement normal de ses institutions durant la période de transition devant mener à l’élection du nouveau président de la République», lit-on, en effet, dans le texte remis au président du Conseil constitutionnel hier en début de soirée.

Quelles mesures «appropriées» le désormais ex-Président a-t-il prises ? A-t-il démis des responsables de leurs fonctions avant de quitter définitivement le palais de Zéralda sans les en aviser ? Faudra-t-il attendre que des décisions inattendues et non révélées soient publiées dans le Journal officiel ?

L’image montrant un président démissionnaire en tenue débraillée prouve que la décision de Bouteflika a été prise dans la précipitation. Une hypothèse qui pourrait être confirmée par une des raisons invoquées par Bouteflika, toujours dans sa lettre remise à Tayeb Belaïz. «Cette décision procède de mon souci d’éviter que les excès verbaux qui marquent malheureusement l’actualité ne dégénèrent en dérapages potentiellement dangereux pour la protection des personnes et des biens qui relève des prérogatives essentielles de l’Etat», explique Bouteflika.

Si diverses sources avaient annoncé l’intention de l’ex-Président de quitter sa fonction dans le courant de la semaine, il n’en demeure pas moins que Bouteflika semble avoir hésité jusqu’au dernier moment, avant de constater que la confrontation ouverte entre le chef d’état-major de l’armée et son frère, accusé d’avoir accaparé les attributions du chef de l’Etat et d’avoir usurpé la fonction suprême, allait avoir des conséquences désastreuses s’il ne se résolvait pas à se retirer «avant qu’il ne soit trop tard», comme il le dit.

La dernière réunion présidée par Ahmed Gaïd-Salah, hier, résonnait comme l’ultime avertissement avant de passer à l’acte. Sur ces entrefaites, le frère du Président démissionnaire avait brandi la menace de destitution du chef d’état-major de l’ANP. Une menace qui semble avoir émané de l’ex-chef de l’Etat en personne, comme en témoigne le président du MSP, Abderrazak Mokri, qui a confirmé qu’Abdelaziz Bouteflika était le véritable auteur de tous les messages adressés à la nation depuis son retour de Genève.

Il semble bien que le pays ait échappé in extremis à un coup d’Etat, d’autant que le commandant de la Garde républicaine avait pris part à la réunion, signe qu’il avait rallié Ahmed Gaïd-Salah et lâché son chef hiérarchique direct.

K. B.


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