Corruption en Algérie et nécessaire moralisation de la société



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Au moment  où l’on parle  d’ouverture de dossiers avec des surcoûts exorbitants touchant la majorité des ministères et les autorités locales,  et cela ne date pas d’aujourd’hui  si l’on se réfère aux nombreux projets depuis l’indépendance politique, interpellant plusieurs responsables  anciens premiers ministres, ministres qui veulent se faire une virginité,  vers les années 1970/1980  dont les surcouts de projets , le programme anti-pénurie des années 1980/1985,  - (mauvaise gestion ou  corruption ), et récemment  notamment le PNDA (programme national de développement agricole), Khalifa, la CNAN, Air Algérie, les différents barrages, le  projet de canalisation d’eau In Salah/ Tamanrasset, la Route Est-Ouest, Sonatrach, l’affaire de la drogue dite  du « Boucher », les différents programmes d’habitat et d’infrastructures  avec des malfaçons, certaines  surfacturations des différentes unités de montage de voitures  récentes et même avant avec les concessionnaires,  des montants faramineux  crédits octroyés  non remboursés, d’impôts non recouvrés,  et les enrichissements sans efforts de certaines personnes tant au niveau national qu’à l’étranger  n’ayant pas investi  mais propriétaire d’immenses fortunes, et l’immoralité pouvant aller qu’au simple citoyen , celui qui devait travailler 8h par jour ne travaillant que 3 heures, les économistes et les politiques, durant cette transition inévitable de la société algérienne , doivent repenser les liens entre l’éthique et le développement. En ce mois d‘avril 2019, l’économie algérienne est une économie  totalement rentière, les hydrocarbures irriguant  tout le corps social. Pour éviter tout malentendu, devant éviter tout règlement de comptes qui provoquerait une psychose généralisée,  tout citoyen est présumé honnête  jusqu’à preuve par la justice, dans la pratique l’Algérie ayant souvent les meilleures lois du monde rarement appliquées et supposant  des institutions crédibles et  un  véritable Etat de Droit afin que ces pratiques qui menacent la sécurité nationale ne se reproduisent plus
1.-Lors  d’une rencontre internationale qui s’est tenue de la première à Malte du 24 au 26 décembre 2011, animée par d’importantes personnalités internationales, et dont j’ai été l’un des participants, sur le thème de ce que l’on appelle « le printemps arabe », j’ai pu constater que la majorité des participants des deux rives de la Méditerranée ont mis en relief le fait que la mise en place de nouvelles institutions démocratiques occasionnent, à court terme, un ralentissement économique. Cela donne l’impression d’une anarchie, selon la propagande des tenants des acteurs de l’ancien système, oubliant que l’impasse systémique de leur politique a favorisé l’anémie de la société. En revanche, à moyen et à long terme, les nouvelles institutions réaliseront la symbiose citoyens/État dans le cadre d’une société plus participative et plus humanisée. Il  existe un lien dialectique entre les dictatures  et le terrorisme, menace planétaire qui se nourrit de la misère et du manque de morale des dirigeants. Les discours chauvinistes, soi-disant nationalistes de certains dirigeants  ne portent plus au sein d’une population à majorité jeune, parabolée et ouverte sur le monde. Et il semble bien que les bouleversements actuels dans le monde  sont la conséquence du fait que les dictatures et les autoritarismes sont devenus, dans un monde complexe, de très graves menaces à la souveraineté et à l’indépendance de ces pays et, d’une manière générale, à la sécurité mondiale, où  le slogan de ces dictatures : « nous sommes les remparts de la lutte contre le terrorisme et demandons à l’Occident de nous aider à garder le pouvoir »ne portent plus.  C’est dans ce contexte qu’Il y a lieu de repenser impérativement le fonctionnement du système économique et politique international, et notamment les politiques de complaisance de l’Occident vis-à-vis de ces dictatures qui menacent la sécurité mondiale. Cela implique plus de moralité de la part des dirigeants de l’Occident, car s’il y a des corrompus, il y a des corrupteurs – surtout pour l’octroi de marchés, lorsqu’on sait que, selon le rapport de la Banque mondiale, de 1970 à 2008, 850 milliards de dollars (trois fois la dette), ont été transférés par les dirigeants africains en dehors de leurs pays. Mais, il ne faut pas être utopique : la démocratisation ne se faisant pas par un coup de baguette magique, cela demandera du temps, comme cela a été le cas en Occident et en certains pays d’Asie et d’Amérique latine. La démocratisation avancera en fonction des rapports de force tant aux niveaux internes (conservateurs/réformateurs) qu’international, et en tenant compte des anthropologies socioculturelles.. La crise morale pose la problématique de l’indépendance de la Justice, de la corruption socialisée étant en plein syndrome hollandais, touchant  avec plus d’intensité la société algérienne. Comment ne pas rappeler, pour l’Algérie, les impacts négatifs d’une gouvernance mitigée et l’extension de la sphère informelle, produit de la bureaucratie où tout se réalise en cash, la fraude fiscale, la corruption qui freinent la mise en œuvre d’affaires saines, en fait le développement de l’Algérie.
 2.-L’ONG de lutte contre la corruption Transparency International (TI) a rendu public le 29 janvier 2019, son Indice de perception de la corruption dans le secteur public (IPC) pour l’année 2019, où l’Algérie connait un niveau de corruption élevé  de 2003 à 2018.  Or, ce cancer  social menace la sécurité nationale et par là contribue, en dehors du préjudicie moral, au blocage de l’investissement utile. Car avec la corruption combinée à la détérioration du climat des affaires, selon la majorité des rapports internationaux, il est utopique de parler d’une véritable relance économique.  Selon cette institution, internationale, pour l’Algérie,  la majorité des institutions administratives et économiques sont concernés par ce cancer de la corruption. L’on sait que les auteurs de l’IPC considèrent qu’une note inférieure à 3 signifie l’existence d’un « haut niveau de corruption, entre 3 et 4 un niveau de corruption élevé, et que des affaires saines à même d’induire un développement durable ne peuvent avoir lieu, Quel est le  classement sur la corruption de l’Algérie de 2003 à 2018 selon Transparency International ?
2003 : 2,6 sur 10 et 88e place sur 133 pays-  2004 : 2,7 sur 10 et 97e place sur 146 pays
2005 : 2,8 sur 10 et 97e place sur 159 pays-  2006 : 3,1 sur 10 et 84e place sur 163 pays
2007 : 3 sur 10 et la 99e place sur 179 pays-2008 : 3,2 sur 10 et 92e place sur 180 pays
2009 :2,8 sur 10 - 111e place sur 180 pays- 2010 : 2,9 sur 10 et 105ème place sur 178 pays
2011 : 2,9 sur 10 et 112ème place 183 pays-2012 : 3,4 sur 10 et 105e place sur 176 pays
2013 -3,6  sur 10  et 105 rangs sur 107 pays-2014 – note 3,6 et 100ème sur 115 pays
2015 –note, 3,6 et 88 ème sur 168 pays-       2016 –note 3,4 et 108ème sur 168 pays
2017 -note 3,3 et 112ème place  sur 168 pays
2018- note 3,5 et 105ème place sur 168 pays
3..-La société algérienne  traverse une très grave crise qui aura des répercussions sur négatives sur le développement futur du pays, n’oubliant pas  que nous sommes à l’ère de la mondialisation du fait de l’interdépendance des économies et des sociétés, et dans une maison de verre, du fait de la révolution dans le domaine des télécommunications et que toute Nation qui ne se développe pas régresse forcément. Aucun pays ne peut y échapper si l’on ne met pas en place de nouveaux mécanismes de régulation  afin de réhabiliter la sphère réelle, la monnaie étant au service de l’économie et non un instrument pour la dominer. Et ce bien entendu, dans le cadre d’une économie concurrentielle tenant compte des avantages comparatifs mondiaux, et devant lier l’efficacité économique avec une profonde justice sociale – les économistes parleront d’équité. Aujourd’hui, nous sommes à l’aube d’une nouvelle transition de la société mondiale, avec de profonds bouleversements géostratégiques, ce qui supposera des ajustements sociaux douloureux et donc une nouvelle régulation sociale afin d‘éviter les exclusions. Le chacun pour soi serait suicidaire et nous ramènerait à des  conséquences néfastes des effets avec des conflits désastreux.. Car il existe des liens inextricables entre un développement durable et la morale – en fait la récompense de l’effort – et une lutte contre la corruption sous ses différentes formes. Selon plusieurs rapports  tant des experts nationaux qu’internationaux , les résultats mitigés sont  révélateurs de l’aggravation de la situation qui prévaut en Algérie en matière de gouvernance , où les différents pouvoirs algériens de l’indépendance à ce jour ont été  pouvoir mus par l’unique dépense monétaire grâce aux recettes élevées du pétrole – et non du travail  et selon un rapport de l’OCDE aurait  dépensé durant ces deux dernières décennies  deux fois plus pour avoir deux fois moins de résultats en référence à des pays similaires. Pour le Forum euro-méditerranéen des instituts des sciences économiques (Femise) par exemple,   dans  plusieurs rapports  considère que « le gouvernement algérien a été incapable de trouver une stratégie à long terme pour l’emploi des jeunes et ce  malgré la création des dispositifs – Ansej, Angem et ANEM –, les emplois créés « étant  éphémères et sous-payés, le chômage touchant  particulièrement les jeunes et notant que si l’Algérie n’a pas été touchée par de violentes révoltes populaires, elle n’est pas pour autant immunisée contre un risque d’instabilité sociale persistant.  Le rapport précise également que si la politique monétaire de l’Algérie est relativement prudente, des risques pèsent sur la stabilité du dinar, évoquant  ainsi les poussées inflationnistes et l’instabilité sociale qui pourraient « signifier aux détenteurs de devises de voir l’euro comme une valeur sûre, apparaissant préférable au dinar », ce qui amplifiera la dévaluation du dinar sur le marché parallèle. Force est de reconnaitre que l’Algérie n’a pas encore trouvé de modèle de croissance susceptible de réduire les inégalités, le chômage et la pauvreté ayant  deux choix : faire des efforts pour réformer ses institutions et l’économie vers plus de démocratie et de transparence, ou régresser vers une attitude protectionniste dans un effort pour maintenir le statu quo politique. Et là… on en revient toujours à la morale, (la vertu du travail ), intimement liée à l’Etat de droit et à la démocratisation de la société, surtout des responsables qui doivent donner l’exemple s’ils veulent mobiliser leur population et éviter l’anémisation de la société, porteuse de décadence ; Un phénomène déjà analysé avec minutie par le grand sociologue maghrébin Ibn Khaldoun  dès le XIVe siècle .
En conclusion. je ne saurai trop insister que le contrôle efficace doit avant tout se fonder sur un Etat de Droit, avec l’implication des citoyens à travers la société civile, une véritable opposition sur le plan politique, une véritable indépendance de la justice, tout cela accompagné par une cohérence et visibilité dans la démarche de la politique socio-économique, un renouveau de la gouvernance au niveau global afin de délimiter clairement les responsabilités et pour plus de moralité des dirigeants aux plus hauts niveaux afin de faciliter la symbiose Etat/citoyens. Devant éviter à tout prix les règlements de comptes,  face aux nombreux dossiers, dont certains trainent dans les  tiroirs depuis des années il faudrait une armée de contrôleurs.  La situation  socioéconomique souvent oubliée est d’une extrême gravité avec le risque d‘un retour au FMI  horizon 2022  implique une solution politique rapide, car la crise actuelle est avant tout politique,  avec une nouvelle gouvernance et des personnes morales,  si  l’on veut  éviter la  récession économique et la déflagration sociale de l’Algérie dont les  impacts négatifs toucheront en premier lieu les couches les plus vulnérables. Et dans ce cas, quelque soit le pouvoir en place, il ne faudrait plus parler d’indépendance politique ou économique, les lois économiques étant insensibles aux slogans populistes.   

 


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