Le « Hirak » décortiqué par les universitaires



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Noyau de l'élite, l'université connaît ces dernières semaines une dynamique inouïe en renouant avec les débats et le dialogue autour de la situation politique du pays et l'évolution du mouvement populaire déclenché le 22 février dernier.
C'est le cas de l'Ecole nationale supérieure du journalisme d'Alger, qui a vu ce lundi l'organisation d'une conférence-débat sur la thématique « l'Etat-Nation à l'épreuve du bio-politique : lecture de l'expérience algérienne ». A ce titre, le professeur et linguiste Mohamed Lakhdra Maougal a essayé d'expliquer, à travers une communication académique, le phénomène du « Hirak » dans sa dimension sociale, politique et historique.
Il estime qu'en fait, c'est ce mouvement populaire spectaculaire qui a réveillé l'université, qui vivait une situation d'inertie. « Nous, en tant qu'universitaires dotés d'outils nécessaires, il nous appartient de l'analyser et l'accompagner pour mieux le comprendre. » Selon Maougal, il est fondamental que l'entité universitaire participe à ce mouvement en descendant sur le terrain.
La société, ajoute le professeur, quand elle est bien animée et jouit de son droit à l'expression, dépasse « les nœuds conflictuels » pour s'installer dans une synergie qui unit toutes les catégories sociales. L'universitaire fait un saut dans les études antérieures et évoque la notion d'Antonio Negri qui est « la multitude », précisant qu'il s'agit d'un ensemble de gens qui, malgré leur diversité, acceptent tous d'aller vers le même but. Et de décortiquer : « Dans le cas Algérie, le peuple veut transformer la réalité algérienne, notamment la situation de dictature qu'il a subie pendant 20 ans en une situation ouverte sur l'avenir avec beaucoup d'espoir. » « Du fait d'avoir cette perspective d'ouverture, les gens se décontractent, ce qui se répercute positivement sur leur comportement », précise, le conférencier.
C'est cet argument, ajoute-t-il qui justifie que nombre de harraga renoncent à cela (la harga) et décident de rester dans leur pays pour imposer le changement souhaité et contribuer à sa construction.
Le conférencier tient aussi à signaler qu'en l'espace d'un mois, la culture algérienne a fait un « bond qualitatif », inimaginable auparavant. Ce qui est une preuve concrète de la possibilité du changement réclamé à tue-tête par le peuple via les diverses formes de contestation.
Il a, par ailleurs, estimé que ce n'est pas le moment opportun pour parler du modèle politique à adopter en Algérie, et qu'il faudrait laisser les débats mûrir encore autour de cette question. Toutefois, il a souligné que la démarche la plus urgente est de faire émerger une solution idoine à la crise que traverse le pays, et dont les contrecoups économiques sont très graves.
Le professeur Maougal suggère, sur ce point, le départ de toutes les têtes apparentées au régime contesté, tout en prenant en compte une date cruciale dans l'histoire de notre pays, qui est celle où la Constitution de 1996 a été « violée » de manière délibérée. Allusion faite aux amendements apportés à la Constitution en 2008 ayant conduit à une présidence à vie.
Cette initiative louable n'est qu'une action inaugurale d'autres séries de conférences-débats prévues en vue d'échanger des points de vue et de proposer des lectures sur les différentes questions en rapport avec l'avenir du pays. Chaque lundi, l'Ecole nationale supérieure du journalisme et des sciences de l'information donne rendez-vous à la corporation universitaire dans le but d'enrichir le débat et de le rendre fructueux.
Aziza Mehdid


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