Le mouvement de contestation populaire, le fameux « Hirak » se transforme peut a peut en une véritable révolution d’un nouveau genre qui se cristallise paradoxalement dans un néo-concept qu’est la « révolution pacifique ».
Avant d’entrer dans le vif du sujet, il est fondamental de comprendre que le temps joue en faveur des jeunes marcheurs « de la semaine », c’est une évidence qui saute aux yeux, en toute état de cause, le temps importe peu en ce qui les concerne, ils le disent explicitement : « Vous les politicards, contrairement à nous qui avons 20 ans aujourd’hui vous en avaient 80 …. Qui a le plus de temps ! ».
Cette prise de conscience sensationnelle des jeunes algériens laisse le laboratoire d’idées (Think thank) des grandes capitales autour du globe, dans l’incompréhension totale.
Chez nous, le pouvoir voudrait implémenter « pianissimo », dans la légende urbaine, l’idée voulant que le chef d’état-major Ahmed Gaid Salah soit le sauveur de la nation, en vérité cette tâche ne sera pas commode pour ne pas dire impossible.
Il est vrai que comprendre et donner exposer son opinion vis-à-vis de la situation actuelle serait non seulement Handicapant mais aussi rabat-joie dans ce contexte d’euphorie populaire qui entoure le général de corps d’armée au fil de ses annonces.
Contredire l’état-major est risqué pour quelqu’un qui voudrait persévérer politiquement dans la nouvelle Algérie , la pluparts des acteurs politiques existants aujourd’hui ont bien saisi cet aspect et ne font qu’agréer , chacun a sa sauce , l’ingérence anticonstitutionnelle de l’ANP .
Accepter cet état de fait et le prendre comme argent comptant serait méconnaitre viscéralement le « système » ou le fonctionnement de la matrice algérienne.
Ceci dit, il faut reconnaitre que de toutes les « bulles » émanant de l’état-major ces derniers temps, celle du 16 avril restera dans les annales « éphémères » de l’Algérie post indépendance, l’allocution du Général major Gaid Salah à partir de Ouargla est nettement la plus « révolutionnaire » de toutes les autres annonces.
Un discours qui pointe du doigt clairement et sans ambages l’ancien patron des services de renseignements algériens (DRS), une première dans les us et coutumes du système depuis la création du MALG.
Dans cette allocution « martiale » le général Mohamed Mediene alias Toufik y est principalement visé, lui qui dans un passé récent, incarnait majestueusement le personnage du « parrain » de Scorsese aux yeux des algériens pour avoir cultivé le mystère autour de lui.
Ce dernier jouissait d’une grande admiration saupoudrée de beaucoup de craintes au sein des milieux populaires, en vérité, une véritable « déification » entourait le personnage Toufik.
Aujourd’hui à la lumière des déclarations du Chef d’état-major, nous apprenons ébahis, que ce même Toufik ourdissait un complot visant le sabotage des manifestations « légitimes » du peuple, pis encore, il serait en connivence avec plusieurs cercles occultes belliqueux et hostiles en vers la nation toute entière.
Néanmoins, les menaces du tribun à partir d’Ouargla en vers le général Mediene sont dénuées de sens pour tout spécialiste de la sécurité à travers le monde, en effet, l’action prédomine l’information c’est basique pour un militaire.
On menace lorsque on n’est pas certains d’emporter la victoire, lorsqu’on est à égalité en matière de forces et enfin lorsque l’on doute mais face à un nombre restreint et pleinement identifié, agir aurait était plus souhaitable, nettement plus glorieux.
Il aurait fallu arrêter le spectre de la « commination » si s’en est une. Les menaces proférées à l’encontre de l’ancien patron des renseignements ne font que le conforter dans son rôle de décideur et aussi, c’est important de le souligner, d’alimenter sa légende au sein du peuple.
Il faudrait s’attendre à lire dans les jours à venir dans certaine tribunes des titres tels que : La guerre de Gaid Salah contre le général Toufik est déclarée, c’est insensé de voir cela aujourd’hui.
Lorsque l’on est à la tête de l’armée algérienne, l’une des plus puissante sur le continent africain , menacer en interne n’est proportionné, ce que le peuple attend c’est des faits , des prises de décisions basiques pour voir ceux qui voudraient un tant soit peu mettre en péril l’avenir de la nation et son peuple êtres neutralisés une foi pour toute .
Donner un ultimatum c’est donner plus de crédit à certains acteurs de la décennie sanglante qu’a connue le pays, avec son lot de drame et d’horreur, le général Mediene en fait partie , il devrait profiter de sa retraite dorée, bien trop dorée et espérer que les vieux démons ne réapparaissent pas dans l’avenir si la boite de pandore est réouverte.
Quant à notre respectable chef d’état-major, il serait opportun de comprendre que les mots ont leurs poids et portées, le peuple n’est plus dans une optique de recul face à des épouvantails revenus d’outre-tombe, ils sont désormais obsolètes, la période des craintes est belle et bien loin, du moins, dans sa configuration « des années de braises ».
Une période où, les algériens furent contraints d’organiser leur défense dans les quartiers de peur de voir les « hordes de terroristes chauves » venir déferler et égorger les familles, cet époque hante toujours nos esprits, nous qui n’avions pas une zone d’état pour nous abriter.
Pendant ce temps de « self défense », certains citoyens improvisés en hommes d’affaires et ostensiblement appuyés par le système, constituaient leurs colossales fortunes sur le dos des acquis nationaux en matière d’infrastructures. Rappelez-vous des Souk El Fellah et les Galléries Algériennes qui furent brulées pour faire place à nos illustres « opérateurs » privés qui maintenant font la pluie et le beau temps dans l’Algérie d’aujourd’hui.
L’émergence outrancière de cette caste d’incultes richissimes, pour la pluparts, à mener le pays vers l’impasse dans laquelle on est aujourd’hui,
Il serait préférable pour certains de rester dans l’ombre pour ne pas finir à l’ombre , en vérité , le culot a ses limite, la mémoire des algériens, elle, n’en a pas, il est vrai que « perseverare diabolicum » mais pas sur le dos de la révolution …. Cette foi ci .
Par Nazim Maiza