Cherif Chorfi . avocat

Nous avons des personnes intègres pour répondre aux aspirations du peuple



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Il explique les droits des manifestants dans la rue face à la violence, et surtout le rôle des avocats pour les protéger et faire appliquer la loi. Mais dans sa vision, il est plutôt «favorable» au maintien de la présidentielle pour le 4 juillet.

 

En votre qualité d’avocat, comment réagissez-vous face aux dépassements qui ont été signalés – femmes déshabillées au commissariat, militants arrêtés, étudiants violentés ? Vu que les gens connaissent très mal leurs droits, quelle démarche juridique faut-il entreprendre ?

Dans toute manifestation, il y a malheureusement bien souvent des abus. Pour la question des jeunes filles arrêtées et emmenées au commissariat de Baraki, visiblement ces dernières étaient particulièrement ciblées du fait de leur militantisme. Au vu de leurs déclarations, je dois dire que ce qu’elles ont subi est attentatoire à leur dignité et contraire au droit du citoyen.

Dans son communiqué, la DGSN n’a fait que nier les faits alors qu’elle aurait été mieux inspirée en indiquant qu’une enquête a été ordonnée pour apprécier la véracité des faits dénoncés par l’une des victimes via une vidéo. Dans le cadre des enquêtes, il y a lieu de respecter les formes. Ce qui est conseillé aux citoyens aujourd’hui s’ils considèrent qu’ils sont victimes d’abus, c’est de déposer plainte.

Il serait intéressant et même judicieux qu’une initiative de SOS avocat se crée afin que les manifestants puissent avoir une meilleure orientation juridique. Les avocats sont là pour veiller à une bonne application de la loi et au respect des droits du citoyen. La décision prise par les magistrats de refuser de juger les manifestants est louable.

Ils apportent ainsi la preuve que dans bien des cas des interpellations sont abusives, l’illustration de ce qu’ont vécu les filles au commissariat de Baraki est bien là.

Les magistrats et les avocats ont été les premiers à intégrer le mouvement populaire. A quoi faut-il s’attendre aujourd’hui s’ils maintiennent leur position de boycotter la présidentielle ? Le peuple dit aussi non à cette présidentielle qui sera gérée par de personnages qui incarnent la fraude…

Effectivement, aujourd’hui le Club des magistrats (composé d’environ 1000 ou 1500 sur 6000) a décidé de boycotter l’élection présidentielle. Certes, c’est une décision importante, mais le communiqué émanant du ministère de la Justice confirme bien que ces élections seront bien couvertes et assurées par les magistrats.

Avec le départ des 2 B restants après la démission de Belaïz, la revendication populaire étant satisfaite, je pense que les élections pourront se tenir dans les délais fixés, le peuple étant, par sa mobilisation et sa vigilance, le garant de la bonne tenue de ces élections. Si le peuple se mobilise à cette fin, il pourra présenter le candidat qu’il aura choisi.

A mon humble avis, la tenue de ces élections dans les délais fixés obéit également à des impératifs sécuritaires tout autant qu’économiques et d’ores et déjà on peut installer à titre transitoire une gouvernance collégiale composée de personnalités intègres et au-dessus de tout soupçon.

Si la situation reste statique comme aujourd’hui au regard de la situation géopolitique et économique, nous nous mettrons dans une situation vulnérable et critique pour la stabilité du notre pays.

Mécaniquement, nous pourrons être prêts car nous sommes rodés pour faire face aux élections du 4 juillet. Avec la mobilisation du peuple qui sera le garant d’une élection transparente et propre, nous pourrons mener celle-ci à terme.

Un candidat consensuel…

Nous avons des personnes intègres et compétentes dans notre pays pour répondre aux aspirations et attentes du peuple. Seulement, dans la situation actuelle, elles peinent à s’identifier, appréhendant un rejet systématique du peuple.

Le candidat consensuel ne doit avoir eu aucune accointance avec le système ni le pouvoir et n’avoir jamais bénéficié de quelque avantage ou privilège avec ces derniers.

Un nouveau président du Conseil constitutionnel a été installé, mais sans surprise, il est fortement contesté tant comme personne que pour la manière dont il a été désigné. Un commentaire ?

C’est une provocation. Car c’est un membre qui a cautionné, lors de la dernière campagne présidentielle, la mascarade de la candidature de Bouteflika, sachant pertinemment que la candidature de ce dernier était hors-la-loi. Le pouvoir a cru qu’en changeant la lettre de B par F, cela pouvait suffire à calmer la rue.

Alors que ce même pouvoir aurait été plus inspiré en signe d’apaisement de nommer des juristes et des constitutionnalistes hors membres de ce Conseil pouvant répondre avec compétence à cette charge. Il va sans dire que l’impact psychologique sur la rue par la désignation d’un président hors du Conseil constitutionnel aurait été considéré comme un pas vers le peuple afin de satisfaire une de ses exigences.

Des dossiers de corruption commencent à sortir et des enquêtes sont lancées. Peut-on espérer réellement une justice indépendante ?

Pour parler d’une justice indépendante, encore faut-il qu’il y ait une volonté politique, laquelle devra consacrer la séparation du pouvoir judiciaire de l’Exécutif. En ce sens, le Conseil supérieur de la magistrature devra voir ses statuts modifiés ; l’aberration actuelle est de voir qu’il est présidé par le président de la République ou par substitution le ministre de la Justice.

Alors que le bon sens commanderait à ce qu’il le soit par un de ses pairs, en l’occurrence par le premier président de la Cour suprême par exemple. La suspicion actuelle ancrée dans l’esprit du citoyen sera levée et ce dernier se réconciliera avec sa justice tant décriée jusqu’alors.

Le chef d’état-major de l’ANP, Gaïd Salah, a évoqué dans son discours la nécessité d’ouvrir les dossiers Sonatrach et Khalifa. Une ingérence dans les affaire de justice, ou avez-vous d’autres interprétations ?

Cela paraît antinomique et inapproprié. Mais ce n’est pas innocent. Il y a un message qu’il veut faire passer. Veut-il dire qu’il existe des personnes impliquées et qui ne sont pas poursuivies ? Juridiquement, c’est un moment inapproprié pour lancer cette demande.

Sur le plan technique, c’est une demande vaine, ces deux affaires sont instruites par la Cour suprême aux pourvois formulés. Sur le plan politique, il est à s’interroger sur l’opportunité d’une telle demande ponctuellement. Il y a des «non-dits» qui ouvrent lieu à spéculations. Si l’on ouvre la boîte de Pandore, il y a bien plus que ces deux dossiers…


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